Sud de la bande de Gaza, le 22 novembre 2023. Source AFP
Enfin ! Après 45 jours, 1200 morts du côté israélien, plus de 17000 du côté palestinien dont 3700 enfants, 1,7 million de personnes déplacées et 33 000 blessés à Gaza, un accord a été conclu entre le Hamas et le gouvernement israélien. Benyamin Netanyahou a annoncé un échange de 50 femmes et enfants kidnappés sur les 240 otages israéliens encore retenus par le Hamas, contre des prisonniers palestiniens et « une accalmie dans les combats » durant quatre jours.
Sans surprise, toute la communauté internationale s’empresse de saluer le retour à la table des négociations des deux parties, ne serait-ce que pour une trêve. L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, la Commission européenne, Londres, Berlin, et même Pékin, appellent également à ce que l’aide humanitaire s’accélère pour répondre aux besoins vitaux en nourriture, médicaments, carburant dont manquent cruellement les populations civiles.
C’est une première victoire, mais pour qui ? D’aucuns diraient que le Hamas a obtenu gain de cause avec sa stratégie de prise d’otages, tandis que pour d’autres Israël a rempli ses objectifs militaires en réponse à l’attaque du 7 octobre. Le Qatar, sous la houlette duquel ces négociations ont eu lieu, en sort aussi gagnant, tout comme par ricochet tous les pays, des limitrophes aux plus lointains, qui craignent les conséquences d’une escalade et d’une expansion de la guerre.
Ces 45 jours ont été longs, mais cette lueur au bout du tunnel n’est pas seulement due à l’action diplomatique internationale. C’est une victoire franche pour tous ceux qui se sont mobilisés dans la rue ou ailleurs, à travers le monde. C’est parce que des juifs ET des musulmans, comme toutes les autres confessions, ont clamé haut et fort leur désaccord avec l’ampleur des représailles en Palestine et ont refusé d’en être les témoins silencieux.
C’est une victoire, il faut s’en féliciter certes mais pas s’en contenter. D’abord parce que la guerre n’est pas terminée, ensuite parce que le conflit israélo-palestinien en se ravivant, a provoqué des étincelles graves dans de nombreux pays.
La participation de l’extrême droite française à une marche contre l’antisémitisme est un exemple de la récupération politique rapide et populiste qui sévit dans ce contexte exacerbé. Exploiter les divisions, encourager les mauvais instincts, favoriser les amalgames, brandir tous les préjugés, amplifier les rumeurs, organiser des débats à charge, tout cela contribue à la déstabilisation de nos sociétés, au bénéfice de tout sauf de la situation en Palestine.
Nombreuses sont d’ailleurs les forces en présence qui cherchent à exporter la conflictualité pour l’avancement de leurs propres intérêts. Au Maroc, le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Meshaal, invité par le Mouvement pour l’Unicité et la Réforme (MUR), a appelé les Marocains à faire pression dans la rue pour rompre la normalisation avec Israël « par souci de ses intérêts et de sa sécurité ». C’est non seulement un appel à l’insurrection des Marocains mais c’est aussi une menace à demi-mots lorsqu’il sous-entend que le Maroc pourrait subir des conséquences sur sa sécurité. La levée de boucliers et les dénonciations n’ont fort heureusement pas tardé, de tous bords, contre cette ingérence qui ne vise que la division au sein du peuple marocain. De même, les larmes de crocodile de Abdelilah Benkirane, comme ses logorrhées moyenâgeuses, ne servent en aucun cas les intérêts de la nation marocaine (ni d’ailleurs ceux de la Palestine), lui qui a eu le destin de nos concitoyens entre les mains pendant une décennie entière.
Le temps de la négociation pour le règlement de la question palestinienne sera inexorablement long. Il s’agit d’ici là, pour tous ceux qui œuvrent pour la Paix, de ne pas baisser la garde, de rester vigilants.
Zouhair Yata