
4ème édition du salon Halieutis d'Agadir
A Agadir, dans le cadre de la 4ème édition du salon Halieutis, l’ombre de l’Accord de Pêche Maroc/UE a été omniprésente. Tenu dans un contexte marqué par des relations tendues entre les deux parties, ce rendez-vous intervient également à une année de la révision de cet accord aux enjeux de taille pour toutes les parties prenantes. A l’approche de cette date, l’inquiétude regagne les esprits, en particulier du côté espagnol, ce pays qui reste le premier concerné, attiré par les eaux maritimes du Royaume. Certes, l’accord autorise aux pays de l’UE de pêcher au large du Maroc, mais dans la pratique, ce sont les armateurs espagnols qui sont de loin les plus concernés. Rappelons dans ce cadre, que plusieurs dizaines de navires espagnols interdits d’eaux marocaines ont été affectés par les 18 mois de suspension des accords de pêche. C’est dire que la crainte de revivre le scénario de 2013 où les tractations ont duré plus 24 mois inquiète l’Espagne. La crainte aussi de voir imposer de nouvelles conditions encore plus draconiennes par le Maroc pour la reconduction de l’accord existe aussi. Là aussi, rappelons à juste titre que l’accord a revu à la baisse le nombre de navires européens autorisés à pêcher au Maroc, soit 126 au lieu de 137 lors du précédent accord. Le nombre des espèces, ainsi que les quantités, ont été également revus à la baisse. Par la même occasion, le Maroc a imposé à son partenaire européen un certain nombre de mesures qu’une bonne partie des parlementaires européennes ont qualifiés de draconiennes, mais qui ont fini par parapher malgré eux. Sans réserve, le gouvernement espagnol s’est dit « satisfait » de cet accord. Il en va de même pour la principale fédération espagnole des armateurs de pêche (Cepesca), bien que celle-ci avait regretté l’exclusion de certains navires comme les thoniers senneurs congélateurs. L’enveloppe financière consacrée au Maroc s’est chiffré à 40 millions d’euros, dont 30 financés directement par l’Union et 10 par la contribution des propriétaires de navires européens en fonction des captures.
4 ans après, le contexte n’est plus le même. L’accord agricole entre le Maroc et l’UE, n’avance plus comme prévu. Les manoeuvres tentant à porter atteinte aux intérêts du pays s’accentuent. Face à pareille situation, Rabat ne cesse de rappeler à qui veut bien l’entendre que le Maroc se réserve le droit de revoir tous les partenariats avec l’UE, y compris l’accord d’association.
A Agadir, le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch n’a pas manqué de préciser que le Maroc a signé des accords de partenariat avec l’UE et non pas avec des opérateurs ou des corporatifs : « Il est inadmissible que quand on veut vendre un kilo de tomate ou un kilo de sardine, on nous mène la vie dure, alors que de notre part, nous veillons à respecter les clauses de l’accord à la lettre ». Pour Akhannouch, et dans le cadre de ses partenariats avec l’UE, le Maroc est dans la légalité internationale. A l’issue de ses entretiens avec le commissaire européen à l’Environnement, aux Affaires maritimes et à la Pêche, Karmenu Vella, Akhannouch a indiqué que « cette rencontre est synonyme de construction », tout en soulignant que cette approche « mérite d’être partagée pour faciliter la compréhension des positions pour un avenir meilleur ». Pour sa part, le Commissaire européen a réaffirmé la nécessité de renforcer la coopération entre l’UE et le Maroc « sur la base de la confiance et des intérêts mutuels ».
En attendant, l’UE devrait certainement s’attendre à des rounds des plus ardus dans l’espoir de convaincre un partenaire marocain de plus en plus exigeant…et veillant davantage sur ses intérêts aussi bien économiques, géostratégiques que politiques.