Matteo Salvini, leader de l'extrême droite italienne, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, le 7 mai 2019 à Milan © AFP/Archives Miguel MEDINA
Le chef de la Ligue italienne Matteo Salvini réunit samedi dans son fief de Milan (nord) le camp nationaliste à une semaine des élections européennes, une grand messe entachée par un scandale touchant son allié autrichien.
Premier couac avant même le début de ce grand rassemblement des souverainistes, Heinz-Christian Strache, le chef du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême-droite), a démissionné de son poste de vice-chancelier samedi après avoir été mis en cause pour tentative de collusion avec la pseudo-nièce d’un oligarque russe.
L’eurodéputé Harald Vilimsky, tête de liste du FPÖ pour les européennes, qui a du coup annulé sa venue, sera remplacé par l’eurodéputé Georg Mayer.
A une semaine du scrutin européen, ce scandale tombe mal pour M. Salvini et sa principale alliée Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) en France. Celle-ci n’a pas commenté directement les malheurs du FPÖ, « une affaire intérieure autrichienne », a-t-elle dit samedi matin lors d’une conférence de presse, préférant se féliciter de cette « rencontre fraternelle » des « patriotes et des nations d’Europe ».
Les deux ténors de la droite souverainiste entendent souder l’alliance de douze partis nationalistes et identitaires, dont les positions divergent pourtant sur de nombreux points, comme la discipline budgétaire ou la répartition des migrants déjà présents dans l’UE.
Leur objectif est de faire du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), où siègent déjà la Ligue, le RN, le FPÖ autrichien ou le Vlaams Belang flamand, la troisième force du Parlement européen, une place que convoitent aussi les libéraux de l’ALDE, où pourraient siéger les élus français rangés derrière le président Emmanuel Macron.
Mme Le Pen a profité d’une conférence de presse pour éreinter à nouveau le président français, qualifié d' »enfant roi », et le camp libéral de l’ALDE responsable, selon elle, d’avoir encouragé l' »immigration massive ».
Matteo Salvini, qui est aussi vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, a de son côté multiplié ces dernières semaines les réunions électorales, appelant sans relâche ses électeurs à la mobilisation.
« Donnez-nous un coup de main pour devenir le premier parti en Europe, pour reprendre les clés de notre maison. Les élections européennes sont un référendum entre la vie et la mort, entre le passé et l’avenir, entre une Europe libre et un Etat islamique basé sur la peur », a-t-il lancé, qualifiant par avance les abstentionnistes de « complices des Merkel, Macron et Soros ».
« L’Union européenne est un système carcéral profondément anti-démocratique, dont le bilan est terrifiant », a martelé samedi Mme Le Pen.
– « Irréalisable » –
Des milliers de partisans de la Ligue sont attendus samedi pour un cortège devant rallier la place du Duomo, la célèbre cathédrale de Milan, devant laquelle les leaders souverainistes européens, M. Salvini, Mme Le Pen mais aussi Geert Wilders, chef du PVV néerlandais, prendront la parole à partir de 14H30 GMT.
Mais, les divergences restent nombreuses comme, par exemple, sur le rapport à entretenir avec la Russie, Mme Le Pen et M. Salvini étant proches de Moscou alors que les partis nationalistes des anciens pays communistes y sont allergiques.
Pour Sven Giegold, une des deux têtes de liste des Verts allemands, une alliance entre Matteo Salvini et George Meuthen, un dirigeant de l’AfD allemande également présent à Milan, est « totalement impossible ».
« Salvini veut, par exemple, une redistribution des réfugiés en Europe, Meuthen ne veut accueillir aucun réfugié. En outre, Meuthen ne veut pas donner un seul centime à l’Europe du Sud », a expliqué M. Giegold à l’agence AGI.
– Deux grands absents –
Des divergences que M. Salvini reconnaît mezza voce, tout en les minimisant. « Je pense que les nouveaux chiffres du Parlement européen et les nouveaux équilibres dans la Commission permettront de changer les règles qui étranglent l’économie », a-t-il dit vendredi, en plaidant pour davantage de flexibilité budgétaire.
La Ligue est créditée, selon les récents sondages, de 26 eurodéputés, soit 20 de plus qu’actuellement, le RN passant à 20 élus (+5) et l’AfD à 11 (+10).
D’autres partis, plus petits et dont certains ne sont pas sûrs d’obtenir des sièges, comme le bulgare Volya ou le slovaque Sme Rodina crédité d’un élu, feront aussi le déplacement dans la capitale lombarde, qui accueillera le même jour une manifestation antifasciste.
Mais brilleront par leur absence le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban, qui a promis à M. Salvini d’engager une « coopération » après les élections mais refuse toute alliance avec Mme Le Pen, ainsi que le PiS polonais, en dépit d’un déplacement de M. Salvini à Varsovie en janvier.
LNT avec AFP