En cette circonstance de présentation du projet de Loi de Finances 2019 aux deux chambres du Parlement, il est très important de rappeler que son élaboration et sa mise en application ont fait l’objet d’une grande réforme en 2016.
Il s’agit de la Loi organique n° 130.13, relative à la Loi de Finances, LOF, qui a instauré une dynamique globale de la transparence budgétaire. Avec comme objectif la définition des priorités du gouvernement de façon stratégique pour une année budgétaire et les deux années suivantes.
A ce titre, il faut rappeler que les trois premières années de la LOF ont porté sur 2016,2017 et 2018.
Aujourd’hui donc, l’arrivée au ministère de l’Économie et des Finances de M. Benchaaboun coïncide avec la seconde LOF triennale, 2019-2020-2021.
La seconde LOF qui commencera avec la Loi de Finances 2019, est cadrée par de nouvelles hautes orientations royales que sont la priorité à l’appui des secteurs sociaux, la poursuite des grands chantiers liés à l’industrialisation et l’incitation à l’investissement privé et la concrétisation de la régionalisation.
En chiffres, les objectifs sur les trois années en question sont :
– Un taux de croissance situé entre 4,5 et 5,5%,
– Un déficit budgétaire de moins de 3% du PIB,
– Une dette du Trésor de moins de 60% du PIB,
– Un taux d’inflation inférieur à 2%,
– Un taux de chômage inférieur à 8,5%,
– Et pour l’année 2019, un taux de croissance de 3,2% seulement, mais un déficit budgétaire ramené déjà à 3%.
Les hypothèses de réalisations de cet objectif sont une production céréalière de 70 millions de quintaux, un cours moyen du pétrole à 68 dollars et du gaz butane à 544 dollars la tonne, et un cours du dirham contre le dollar américain de 9,5 et contre l’euro de 11,20.
2018 est donc la 3ème et dernière année de la première LOF et l’occasion d’un bilan au bénéfice de premiers constats.
En effet, après une croissance de 1,1% en 2016, le taux de croissance s’est amélioré 4,1% en 2017.
La consommation intérieure a été reconnue comme le premier moteur de la croissance économique, à hauteur de 3,6 points du taux de croissance du PIB en 2017. Et l’investissement, autre argument de croissance économique, a lui connu une forte correction.
Car, après avoir augmenté de 8,7% en 2016, il a baissé à 0,8% en 2O17, soit une dégringolade de 9,5%, ne contribuant que pour -0,2 points à la croissance du PIB.
L’autre constat a été que les exportations, qui ont progressé de 10,9% en 2017, ont contribué à la croissance du PIB pour 3,8 points, permettant de contrebalancer l’importance des importations et de contribuer au maintien d’un solde des échanges extérieurs acceptable.
2018, dernière année du cycle, devrait connaître une croissance du PIB de 3,6% avec une amélioration du PIB non agricole à 3,3% contre 2,7% en 2017.
Alors que celle du secteur agricole a été de 15,4% en 2017, elle se réduira à 5,3% en 2018.
La dynamique des exportations, les transferts des MRE et les ressources en devises du tourisme devraient contribuer à résorber le déficit de la balance des opérations courantes à 3,6% du PIB .
2018 serait aussi celle de l’aggravation du déficit budgétaire à 43 milliards de dirhams, soit 3,8% du PIB contre une prévision de 33,4 MMDHS ou 3% du PIB seulement.
C’est sur la base de ce bilan-conclusion que la LOF triennale 2019-2021 va commencer en mettant en priorité l’accent sur la réduction du déficit budgétaire à 3% du PIB et par la même occasion, celle de l’endettement de l’État en recourant à de nouvelles possibilités de financements des projets publics, y compris sur les marchés de capitaux.
En instituant une programmation budgétaire triennale, la nouvelle loi organique relative à la loi de finances se place dans l’optique de la pérennité des politiques publiques ou, du moins, de leur continuation dans le temps par des business-plans interposés pour leur parachèvement.
Plus encore, la LOF 2019-2021 propose une programmation triennale glissante sur 3 ans, actualisable chaque année pour tenir compte des écarts entre les prévisions et les réalisations et introduire les réajustements qui s’imposent.
Pour 2019, et à ce titre, tous les départements ministériels ont été appelés à présenter leurs projets détaillés sur 3 ans, 2019-2021, afin de mieux maîtriser le déficit budgétaire et assurer la soutenabilité budgétaire à moyen terme dans l’objectif de réduire le déficit budgétaire à 3% du PIB.
Ce fut l’engagement pris par M. Boussaid dans la LOF triennale précédente 2016-18, qu’il n’a malheureusement pas pu tenir pour une raison au moins, celle de la baisse de la collecte d’IS faute de croissance économique dans plusieurs secteurs de l’économie dont l’immobilier en particulier ou même celui de l’assurance, pourtant l’un des fleurons de l’économie marocaine.
Et il fallait rappeler la conception triennale de la loi organique des finances basée sur un plan glissant sur 3 ans pour noter, d’une part, que l’année 2018 constituera une fin de cycle où un bilan s’impose.
Mais constater également que le nouveau Ministre de l’Économie et des Finances, M. Mohamed Benchaaboun, est non seulement arrivé au bon moment pour mettre en place un nouveau programme pour trois nouvelles années, mais surtout, en tant que grand banquier, devrait mettre un véritable point d’honneur à le réaliser, pour en faire profiter tout le pays comme il s’y est employé à la direction du Groupe Banque Populaire, dont la configuration d’aujourd’hui n’a rien avoir avec celle d’il y a dix ans…
Afifa Dassouli