À la veille de la COP30, moins de la moitié des pays ont actualisé leurs engagements climatiques
À quelques heures de l’ouverture de la 30ᵉ Conférence des Parties sur le climat (COP30), prévue à Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne, moins de la moitié des pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ont actualisé leurs engagements nationaux. Cette situation intervient alors que la communauté internationale s’apprête à entamer un nouveau cycle de négociations présenté comme déterminant pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris.
À ce jour, seuls 79 pays sur les 197 parties à la Convention ont soumis leurs nouvelles Contributions déterminées au niveau national (CDN), représentant environ 64 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les 118 autres États doivent encore déposer leurs engagements révisés, alors que la date butoir fixée par le Secrétariat de la Convention approche. Cette lenteur met en évidence les difficultés rencontrées par de nombreux pays pour concilier objectifs climatiques, contraintes économiques et équilibres sociaux.
Le Maroc figure parmi les États ayant actualisé leur contribution. Sa CDN 3.0 prévoit une réduction de 53 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035, dont 22 % de manière inconditionnelle. Le Royaume met en avant une approche intégrée reposant sur la diversification énergétique, la décarbonation industrielle et la consolidation de la finance climatique, en cohérence avec ses engagements pris lors des précédentes conférences.
Dans une lettre adressée aux pays membres, le président désigné de la COP30, André Corrêa do Lago, a lancé un appel à un sursaut collectif. Il a exhorté les délégations à dépasser les clivages traditionnels pour faire de cette conférence « le début d’un nouveau cycle d’action » et un « laboratoire de solutions », plutôt qu’un simple forum de négociations. « La COP30 peut marquer le moment où l’humanité se réconcilie avec la planète et entre générations », a-t-il écrit, invitant les participants à considérer « la responsabilité collective comme un privilège à assumer pour les générations passées, présentes et futures ».
Le diplomate brésilien a également résumé les priorités de la présidence : renforcer le multilatéralisme, rapprocher les politiques climatiques des réalités sociales et économiques des populations, et accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Il a insisté sur la nécessité de restaurer la confiance entre pays développés et pays en développement, notamment à travers des engagements concrets en matière de financement, de transfert de technologies et de soutien à la résilience.
Les travaux de Belém s’ouvriront lundi autour de trois axes principaux : la révision des CDNs, les mécanismes de financement climatique, et les dispositifs d’appui aux transitions énergétiques des pays les plus vulnérables. Ces discussions interviennent dans un contexte de pressions croissantes liées à l’augmentation des événements climatiques extrêmes et à la nécessité d’atteindre un pic mondial des émissions avant 2030.
« Ou nous choisissons de changer ensemble, ou nous serons contraints de le faire par la tragédie », a averti Corrêa do Lago, soulignant que la COP30 devra être « la COP de la vérité », celle où les engagements devront se traduire en actions tangibles. Pour le Brésil, pays hôte, cette conférence représente également un moment symbolique, dix ans après la signature de l’Accord de Paris, et une opportunité de replacer l’Amazonie au cœur des solutions climatiques mondiales.
LNT
