La Direction du Trésor et des Finances Extérieures. Crédits : La Nouvelle Tribune
Le fonctionnement du marché des capitaux marocain est-il efficient ? Cette interrogation ne concerne que deux de ses trois compartiments, le marché financier et l’obligataire, sachant que le monétaire est réservé au refinancement bancaire. Cette précision faite, la question s’impose après la brusque augmentation des cours boursiers à la fin de 2016 et la remontée des taux obligataires du début de l’année 2017.
Un marché étriqué
Y-a-t-il une vérité des cours le marché boursier ? Ceux-ci sont-ils en adéquation avec les fondamentaux des sociétés cotées? La réponse serait certainement négative s’il fallait la généraliser à l’ensemble des valeurs cotées. De même, le niveau du MASI est-il égal aux anticipations des résultats des sociétés cotées comme il le devrait? On constate, là encore, que ce n’est pas le cas !
On peut donc faire le constat que le marché casablancais n’est pas efficient, ce qui met en cause sa liquidité.
Rappelons toutefois que le marché, essentiellement domestique, n’est pas concurrentiel. Et pour cause ! Ses acteurs ne peuvent pas arbitrer entre plusieurs bourses pour imposer à la place casablancaise d’être compétitive, ce qui la rendrait certainement plus efficiente!
Une réalité que connaissent parfaitement les investisseurs étrangers, jugeant nos valeurs chères, illiquides, et en inadéquation avec leurs fondamentaux.
En un mot comme en mille, une bourse renfermée sur elle-même, ne saurait être un marché ouvert comme cela s’impose dans toute économie de marché !
Le Trésor, en maître incontesté !
L’autre compartiment du marché des capitaux est celui des taux. Selon diverses études, le comportement des taux sur ce marché montre qu’il dépend fortement du Trésor public.
En effet, le marché obligataire est très largement réservé au financement de la dette publique, une situation qu’aggravent les difficultés de recouvrement connues par les dettes privées, ce qui impose d’ailleurs le renforcement de sa réglementation, prélude obligatoire au développement de ce marché de la dette privée.
Ainsi, le Trésor est le principal acteur sur le marché de la dette, primaire comme secondaire, du fait qu’il y orchestre le comportement des taux. En effet, au-delà de l’impact de l’inflation et l’influence du comportement du taux directeur, c’est le Trésor qui, compte tenu du déficit budgétaire et du compte courant, jongle avec les taux.
C’est ainsi que l’on se souvient qu’en 2012, avec l’aggravation du déficit budgétaire, les taux obligataires étaient montés à 12%, et s’étaient maintenus à 10% l’année suivante, compte tenu du déficit de la balance des paiements.
Depuis, cependant, le Trésor gère mieux le financement de ses besoins, en assurant une meilleure maîtrise des taux.
En effet, en communiquant par avance ses besoins, il arrive de plus en plus à maintenir les taux à un niveau bas, diminuant ainsi le coût de sa dette. Et ce, malgré un déficit jumeau, budgétaire et du compte courant du pays.
Et, selon les professionnels du métier, le Trésor se concentre plus sur la gestion de la dette elle-même que sur celle du déficit budgétaire!
Il place sur le marché des capitaux à chaque fois que les taux proposés l’intéressent, arrivant ainsi à s’endetter beaucoup moins cher.
Ce faisant, le Trésor donne des signaux au marché, lui exprimant qu’il serait prêt, compte tenu de l’importance de ses besoins, à accepter tel ou tel taux, de telle ou telle échéance, à un niveau plus haut.
Car il faut avoir à l’esprit que le Trésor émet chaque année pour une centaine de milliards de dirhams et très nombreux sont les investisseurs qui investissent principalement dans ces outils.
Mais, en comparant les volumes traités,
on ne peut que reconnaître que le marché boursier ne concurrence pas réellement les bons du Trésor, restant une alternative marginale d’amélioration des rendements de ces bons. Preuve en est que «l’explosion» du marché boursier, intervenue à la fin 2016, s’est faite avec 3 milliards de dirhams uniquement, ce qui ne représente pas grand chose en comparaison des volumes du marché obligataire!
Donc, pour l’heure, Il reste à savoir si l’augmentation des taux de ce début 2017 présage de besoins croissants du Trésor alors que nous sommes dans la première année budgétaire qui devrait connaître une baisse des charges de la dette publique dans le Budget de l’Etat.