WhatsApp Image 2025-12-24 at 11.10.49

Entretien avec Salma Ammor, Taager : « Le Maroc est une étape logique dans la stratégie régionale de Taager »

Entretien avec Salma Ammor, Taager : « Le Maroc est une étape logique dans la stratégie régionale de Taager »

WhatsApp Image 2025-12-24 at 11.10.49

À la tête de la filiale marocaine de Taager depuis quelques semaines, Salma Ammor pilote le déploiement local d’un modèle déjà éprouvé dans plusieurs marchés du Golfe, fondé sur l’accompagnement de vendeurs indépendants dans le e-commerce sans stock ni investissement initial. Dans cet entretien, elle revient sur ses priorités pour structurer l’implantation de la plateforme au Maroc, les profils ciblés, la maturité de l’écosystème national du social commerce et la manière dont Taager entend se différencier dans un environnement concurrentiel. Elle expose également la place stratégique du Maroc dans la feuille de route régionale du groupe et l’ambition de faire de Casablanca un véritable hub de développement pour l’Afrique du Nord.

 

La Nouvelle Tribune : Vous venez de prendre la direction de la filiale marocaine de Taager. Quelles sont vos premières priorités pour structurer le lancement et poser les bases du développement de la plateforme au Maroc ?

Salma Ammor : Ma première priorité est de poser un cadre clair et solide pour l’implantation de Taager au Maroc, en définissant précisément le rôle de la filiale marocaine : celui d’un hub marché et développement, adossé à un modèle économique déjà éprouvé dans la région.

Concrètement, cela se traduit par trois chantiers immédiats. D’abord, la structuration d’une équipe locale capable d’accompagner les vendeurs et de faire le lien avec les équipes opérationnelles du groupe. Ensuite, l’activation de partenariats clés au sein de l’écosystème e-commerce marocain, notamment avec des acteurs de la formation et de l’entrepreneuriat digital. Enfin, l’accélération de l’onboarding des vendeurs, avec un accompagnement de proximité, aussi bien pour les profils déjà actifs que pour les nouveaux entrants.

L’ambition est claire : permettre à des Marocains – étudiants, indépendants, créateurs de contenu ou entrepreneurs – de lancer une activité de vente en ligne sans stock, sans capital de départ et sans complexité logistique, grâce à un modèle intégré qui opère déjà avec succès dans plusieurs pays du Golfe. Il est important de souligner que les opérations de Taager sont aujourd’hui concentrées dans ces marchés, et que les vendeurs marocains figurent déjà parmi les profils les plus performants de la région.

 Taager s’adresse à des vendeurs indépendants aux profils variés. Quels segments ciblez-vous en priorité au Maroc dans cette première phase ?

Nous ne raisonnons pas en catégories sociologiques figées, mais plutôt en capacité d’apprentissage et d’exécution dans le e-commerce orienté réseaux sociaux. Les profils que nous accompagnons sont avant tout ceux qui savent créer une audience, tester des produits, produire du contenu et itérer rapidement sur des marchés arabophones.

Dans cette première phase, nous attirons naturellement des profils issus du marketing digital, des media buyers, des étudiants, des créateurs de contenu et des micro-entrepreneurs. Cette diversité reflète ce que nous observons déjà sur les marchés où Taager est implanté. À ce jour, la plateforme a accompagné plus de 65 000 vendeurs et donne accès à un catalogue de plus de 5 000 produits.

Au Maroc, notre base de vendeurs est déjà très hétérogène : certains ont structuré de véritables équipes et vivent exclusivement du e-commerce, d’autres découvrent l’activité en parallèle de leurs études ou de leur emploi. Un objectif qui me tient particulièrement à cœur est également d’élargir cette audience aux femmes au foyer, en leur permettant, via la formation et l’accompagnement, d’accéder à une source de revenus et à une forme d’indépendance économique sans investissement initial.

 Le rôle des media buyers et du social commerce est central dans votre modèle. Comment évaluez-vous la maturité de l’écosystème marocain dans ce domaine ?

Le Maroc présente des fondamentaux très solides : une population jeune et connectée, un usage massif du mobile et des réseaux sociaux, et une vraie culture du commerce digital.

La période du Covid a joué un rôle d’accélérateur. De nombreux jeunes, contraints de rester chez eux, ont découvert les opportunités offertes par le e-commerce et le social commerce. Des tendances fortes ont émergé sur les réseaux sociaux, démocratisant l’accès à la vente en ligne sans capital initial. C’est à ce moment-là qu’est née une nouvelle génération d’e-commerçants marocains, souvent basés dans des villes comme Casablanca, Marrakech ou Agadir, mais opérant sans réelle limite géographique.

Aujourd’hui, certains de ces profils vivent entre le Maroc et l’Asie du Sud-Est, et utilisent le e-commerce comme un levier de liberté et de flexibilité. Pour beaucoup, il s’agit d’un complément de revenu, pour d’autres d’une activité principale. Cet écosystème existe déjà ; notre rôle est de le structurer, professionnaliser et accompagner dans la durée.

 Dans un environnement concurrentiel marqué par les marketplaces et les ventes via les réseaux sociaux, comment Taager se différencie-t-il ?

La différenciation de Taager est très claire. Nous ne sommes pas une marketplace B2C destinée aux consommateurs finaux, mais un modèle B2B2C, au service de commerçants indépendants qui vendent via leurs propres sites et les réseaux sociaux.

Taager n’est pas une simple vitrine. C’est un modèle intégré d’« e-commerce empowerment » qui supprime les barrières classiques : pas de stock à importer, pas de logistique à organiser, pas de complexité opérationnelle à gérer. Les vendeurs peuvent ainsi se concentrer sur leur véritable cœur de métier : le marketing, le media buying et la création de contenu.

Nous nous différencions également par la curation produit, avec un catalogue sélectionné pour son potentiel de vente, par notre capacité à accompagner la montée en volume grâce à des process éprouvés, et par l’investissement dans des équipes locales. Au Maroc, nous recrutons d’ailleurs sur des postes clés pour renforcer l’accompagnement des vendeurs et soutenir une croissance structurée.

 Au-delà du marché marocain, comment cette implantation s’inscrit-elle dans la stratégie régionale de Taager, notamment en Afrique du Nord et sur le continent africain ?

Le Maroc est une étape logique dans la stratégie régionale de Taager. C’est un marché dynamique, très connecté, et situé à l’interface entre l’Afrique et la région MENA.

L’objectif est de déployer un modèle qui a déjà fait ses preuves au Moyen-Orient, tout en construisant une expansion progressive vers d’autres marchés d’Afrique du Nord, où les habitudes de consommation et de paiement sont proches de celles du Maroc. La réussite de l’implantation marocaine en 2025 constituera un socle important pour envisager, dès 2026, des partenariats stratégiques avec des acteurs du e-commerce dans la région.

La filiale marocaine a vocation à devenir un point d’ancrage régional : compréhension fine des marchés, animation d’une communauté de vendeurs, et contribution à une feuille de route de développement plus large. Nous avons également l’ambition d’aller à la rencontre des e-commerçants dans toutes les régions du Royaume, y compris les zones rurales, à travers des événements, des formations et des programmes d’accompagnement gratuits pour les profils débutants.

 

 

Consultez librement toutes nos parutions hebdomadaires, nos hors-série et toutes les communications financières