Les Philippines évaluent les dégâts après le passage du super typhon Fung-wong, en route vers Taïwan
Les Philippines tentaient lundi d’évaluer l’ampleur des destructions causées par le super typhon Fung-wong, qui a frappé la côte est du pays dans la nuit de dimanche à lundi, provoquant la mort d’au moins deux personnes et le déplacement forcé de plus d’un million d’habitants. Le phénomène, désormais en route vers Taïwan, poursuit sa trajectoire tout en perdant en intensité.
Selon le bureau philippin de la protection civile, Fung-wong a balayé une grande partie du territoire avec des vents violents et des pluies diluviennes, provoquant des glissements de terrain et des crues soudaines dans plusieurs provinces. À Dipaculao, dans le nord-est du pays, de nombreuses routes demeuraient coupées lundi matin. « De nombreuses maisons ont été endommagées et certaines de nos routes principales sont impraticables », a expliqué à l’AFP Geofry Parrocha, secouriste sur place, précisant que l’électricité n’avait toujours pas été rétablie. « Nous n’avons pas pu intervenir hier soir, les pluies étaient trop fortes et le niveau de l’eau trop haut », a-t-il ajouté.
Dans la province de Cagayan, le chef des secours, Rueli Rapsing, a fait état d’inondations importantes dues au débordement de la rivière Chico après une crue soudaine survenue dans la province voisine d’Apayao. « Nous avons reçu des informations vers six heures du matin indiquant que certaines personnes se trouvaient déjà sur le toit de leur maison », a-t-il déclaré. La plupart ont pu être secourues, mais des images authentifiées par l’AFP montrent des habitants encore bloqués par les eaux.
Un autre secouriste, Alvin Jimenez, membre d’une unité de la Croix-Rouge déployée à Tuguegarao, a confié que « des habitants ont passé la nuit entière sur les hauteurs, réfugiés dans des écoles ou des églises, sans nourriture ni électricité ». Selon lui, « le plus difficile commence maintenant : rétablir les communications et apporter de l’aide dans les zones isolées ».
Les autorités ont confirmé deux décès : une femme de 64 ans tuée dans la province de Samar après l’effondrement d’un arbre lors de son évacuation, et une autre victime noyée sur l’île de Catanduanes. Dans cette même province, la ville de Virac a été particulièrement touchée. « Les vagues ont commencé à rugir vers sept heures du matin. Quand elles ont frappé la digue, c’était comme si le sol tremblait », a raconté Edson Casarino, 33 ans. L’église principale de la ville a été encerclée par les eaux, montant jusqu’à la mi-hauteur de son entrée.
À Tuguegarao, environ 30 kilomètres plus au nord, plus de 5.000 personnes ont dû être évacuées avant que la rivière Cagayan ne sorte de son lit et submerge la ville. Des images aériennes montrent des quartiers entiers immergés, avec des toitures à peine visibles sous les eaux brunâtres. Au total, quelque 1,4 million de personnes ont été déplacées dans l’ensemble du pays.
Les écoles, administrations et services publics sont restés fermés lundi sur l’île de Luçon, y compris dans la capitale Manille, alors que de fortes précipitations étaient encore attendues. Le service météorologique philippin prévoit des cumuls atteignant 350 millimètres de pluie sur certaines zones du nord dans les prochaines 24 heures. Les autorités locales craignent de nouveaux glissements de terrain dans les régions montagneuses déjà fragilisées.
Le président Ferdinand Marcos a annoncé la prolongation d’un an de l’« état d’urgence national » instauré après le passage du typhon Kalmaegi, survenu quelques jours plus tôt et ayant causé la mort d’au moins 224 personnes. « Nos priorités immédiates sont la protection des vies, la restauration de l’électricité et l’assistance aux communautés sinistrées », a-t-il déclaré depuis le palais présidentiel, en saluant « la résilience et le courage du peuple philippin face à ces épreuves répétées ».
Fung-wong, désormais en direction du nord, devrait atteindre Taïwan dans les prochaines heures. Les autorités taïwanaises ont ordonné l’évacuation préventive d’environ 5.000 habitants dans trois communes du comté de Hualien, situé à l’est de l’île, près d’un barrage affaibli lors du super typhon Ragasa en septembre. « Nous attendons entre 300 et 400 millimètres de pluie sur la côte est », a indiqué à l’AFP le prévisionniste Stan Chang.
Le gouvernement local a suspendu les cours et mis en alerte les services de secours, tandis que les compagnies aériennes et maritimes ont annulé plusieurs liaisons.
Pour les scientifiques, la multiplication et l’intensification des typhons en Asie sont directement liées au réchauffement climatique. Des océans plus chauds favorisent la formation rapide de tempêtes plus puissantes, tandis qu’une atmosphère plus humide amplifie les précipitations extrêmes.
LNT avec AFP
