Fondation Phosboucraa

Le Sud marocain, terre d’avenir : La vision durable de la Fondation Phosboucraa

Le Sud marocain, terre d’avenir : La vision durable de la Fondation Phosboucraa

Par LNT
Fondation Phosboucraa

En dix ans, la Fondation Phosboucraa a accompagné plus de 200 000 bénéficiaires à travers ses programmes en éducation, entrepreneuriat et recherche appliquée. De Laâyoune à Dakhla, elle a su structurer un écosystème d’innovation territoriale, fidèle à l’esprit pionnier de la Marche Verte et à la vision d’un Maroc unifié, durable et tourné vers l’avenir. 

Plus de dix ans après sa création, comment la Fondation Phosboucraa évalue-t-elle son impact concret sur le développement humain et territorial des régions du Sud ?

Depuis sa création en 2014, la Fondation Phosboucraa contribue activement au développement humain et territorial des trois régions du Sud du Maroc, Laâyoune-Sakia El Hamra, Dakhla-Oued Eddahab et Guelmim-Oued Noun. Son action s’inscrit dans une vision intégrée et de long terme, visant à accompagner la transformation durable des territoires à travers les leviers de l’éducation d’excellence, de l’entrepreneuriat innovant et de la recherche appliquée.

En dix ans, plus de 200 000 bénéficiaires ont été accompagnés à travers des programmes structurants. Je citerai d’abord le programme “Éducation d’Excellence” qui constitue l’un des axes fondamentaux de la Fondation Phosboucraa. Il repose sur une approche systémique articulée autour des deux maillons principaux acteurs de la réussite : l’élève et l’enseignant.

Sur le plan des apprenants, la Fondation a accompagné les élèves des régions du Sud à travers des dispositifs d’orientation scolaire, de parrainage et de préparation aux concours d’accès aux grandes écoles, notamment à l’UM6P et aux établissements d’excellence nationaux. Cette dynamique s’est traduite par une évolution profonde de l’état d’esprit des jeunes, qui passent progressivement d’une logique de réussite scolaire à une culture d’ambition et de leadership.

Concernant les enseignants, la Fondation Phosboucraa déploie un vaste programme de formation et de perfectionnement pédagogique en mobilisant des experts afin de renforcer leurs compétences. A travers une série de Master Class, la Fondation promeut une pédagogie innovante, centrée sur l’élève et sur son expérience ainsi que sur l’apprentissage par projet, à l’image du cas « Petit Prince », qui incarne la pédagogie de la créativité, de la narration et de la découverte.

Les Master Class sur l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’éducation ont permis aux enseignants de s’approprier de nouveaux outils numériques pour enrichir leurs pratiques, individualiser les parcours d’apprentissage et mieux préparer les élèves aux compétences du XXIᵉ siècle.

Parallèlement, des Master Class en mathématiques appliquées ont été organisées pour accompagner les enseignants dans la préparation des élèves aux Olympiades scientifiques, favorisant ainsi l’excellence académique et la rigueur intellectuelle.

En articulant ces différents volets, innovation pédagogique, intégration du numérique et excellence scientifique, la Fondation contribue à faire émerger un corps enseignant catalyseur de changement, capable de transformer les classes en véritables laboratoires d’apprentissage et d’émulation scientifique au service du développement humain.

Cette démarche est complétée par un réseau d’initiatives territoriales telles que la Maison des Sciences, espace de vulgarisation scientifique et d’orientation précoce ou encore à travers les Olympiades scientifiques, les clubs des sciences, les caravanes et festivals de sciences où la Fondation encourage les jeunes à expérimenter, découvrir et rêver autrement. Cette approche expérientielle fait de l’éducation un moteur de transformation territoriale fondé sur la connaissance et l’excellence.

Notre programme « Entrepreneuriat & Innovation » est également fondamental. Il a permis de structurer un véritable écosystème entrepreneurial local au service de la création d’opportunités économiques durables dans les régions du Sud. À travers une approche progressive, la Fondation a accompagné l’émergence de centaines de TPE, de coopératives et de startups locales, tout en renforçant leurs capacités techniques, industrielles et managériales.

Ce programme englobe notamment les actions de renforcement des capacités industrielles des TPE, qui ont favorisé la montée en compétence de jeunes entrepreneurs dans les métiers de la maintenance, de la soudure, de la fabrication textile et de la restauration collective, contribuant ainsi à ancrer une culture de la qualité, de la productivité et de l’innovation locale.

La Fondation agit également pour la valorisation du patrimoine artisanal en soutenant des coopératives féminines et artisanales dans leur structuration, leur design produit, leur accès au marché et leur transition vers des modèles économiques plus durables.

Par ailleurs, les Learning Centers de Laâyoune (LLC) et de Dakhla (DLC) constituent de véritables catalyseurs de changement de mentalité auprès des jeunes, en favorisant l’esprit d’initiative, la culture de l’apprentissage continu et la confiance en soi. Ces espaces d’expérimentation et d’accompagnement ont contribué à transformer durablement le mindset entrepreneurial des bénéficiaires vers une logique d’action et d’autonomisation.

L’ensemble de ces dispositifs participe à structurer un tissu économique résilient, fondé sur les valeurs de créativité et innovation, en parfaite cohérence avec la vision territoriale durable de la Fondation Phosboucraa.

Sans vouloir être exhaustive, je citerai enfin le programme ‘’Recherche & Développement appliquée’’, qui s’appuie sur une approche partenariale, visant à travailler avec les acteurs locaux plutôt que pour eux, en les impliquant à toutes les étapes, de la conception à la diffusion des résultats. Cette démarche place la vulgarisation scientifique et le transfert de connaissances au cœur du processus, afin d’assurer une appropriation réelle des innovations par les territoires.

Concrètement, la Fondation, en partenariat avec l’UM6P, a initié et accompagné la création de fermes expérimentales et prototypes technologiques répondant aux défis des zones arides : la ferme Blue Panicum pour le fourrage alternatif, les systèmes de production biosaline, la valorisation de la filière caméline, le développement des Plantes Aromatiques et Médicinales (PAM), la recherche sur les algues, ainsi qu’un prototype de dessalement par absorption de vapeur d’eau de mer à faible empreinte énergétique.

L’évaluation de l’impact repose sur un dispositif rigoureux de suivi et d’évaluation combinant des indicateurs quantitatifs (nombre de bénéficiaires, taux d’emploi, création d’entreprises, taux de réussite scolaire, surfaces cultivées, productivité, etc.) et qualitatifs (autonomisation, durabilité). Ce dispositif de suivi révèle que la Fondation a contribué à renforcer le capital humain local, en particulier celui des jeunes et des femmes, dynamiser le tissu entrepreneurial à travers des chaînes de valeur locales et ancrer l’innovation et la recherche dans les spécificités sahariennes ;

Aujourd’hui, la Fondation Phosboucraa aborde une nouvelle phase stratégique, centrée sur la mesure d’impact à long terme, la valorisation des résultats scientifiques, et la mise à l’échelle des modèles réussis dans les trois régions du Sud.

La Fondation articule son action autour de trois axes clés : éducation, transfert de savoirs, innovation. En quoi cette approche triptyque répond-elle aux enjeux spécifiques du Sud marocain ?

Notre première décennie nous a permis de mesurer un impact réel sur le terrain : des milliers de jeunes accompagnés, des coopératives structurées, des programmes de recherche appliquée portés localement. Ces résultats nous ont confortés dans l’idée qu’il fallait aller plus loin, en consolidant notre modèle autour de trois leviers indissociables : l’éducation, le transfert de savoirs et l’innovation.

Ce triptyque n’est pas théorique ; il découle directement de l’expérience de la Fondation sur le terrain. Les régions du Sud possèdent une jeunesse dynamique, mais elles font face à des défis de distance, de diversification économique et d’adaptation aux transitions technologiques.

L’éducation est le point de départ. Former, éveiller, orienter : c’est ainsi qu’on bâtit le capital humain du futur.

Avec des réalisations comme les Master Class sur les pédagogies innovantes, les caravanes d’orientation ou la Maison des Sciences du Sud, la Fondation s’attache à changer le rapport des jeunes au savoir, à stimuler la curiosité scientifique et à ouvrir la voie vers les grandes écoles et les carrières d’avenir.

C’est tout l’enjeu du transfert de savoirs : rapprocher la recherche de la société et de l’économie locale. La Fondation a fait le choix d’une démarche participative, travailler avec les acteurs et non pour eux, en associant chercheurs, coopératives et institutions dans des projets concrets : agriculture biosaline, Blue Panicum, dessalement à faible empreinte énergétique, valorisation caméline ou PAM du désert. Cette approche favorise la vulgarisation scientifique, la formation par la pratique et la durabilité des impacts.

Enfin, l’innovation est ce qui relie les deux : elle transforme la connaissance en opportunité et en emploi. »

Les programmes Digital Boost, les Learning Centers de Laâyoune et Dakhla, la valorisation du patrimoine local…, encouragent les jeunes à expérimenter, entreprendre et innover

Au fond, notre modèle repose sur une conviction : le développement du Sud marocain, admirablement soutenu par l’effort continu de l’État en matière d’infrastructures, se renforcera avec un investissement dans l’intelligence collective, la transmission du savoir et la capacité d’innover localement. C’est précisément dans cette complémentarité entre les grands chantiers publics et la construction du capital humain que la Fondation Phosboucraa inscrit son action.

La Marche Verte est un symbole de réintégration et de développement. Comment la Fondation inscrit-elle son action dans cet héritage historique et national ?

La Marche Verte demeure bien plus qu’un événement historique ; elle incarne un projet de société porteur d’unité, de solidarité et de vision, à travers lequel le Maroc a choisi de construire son avenir sur la cohésion nationale et la confiance dans ses territoires.

Dans cet esprit, la Fondation Phosboucraa s’inscrit pleinement dans la continuité de cet héritage. Elle en traduit les valeurs, volonté, inclusion, et développement au service du citoyen, à travers une action concrète centrée sur le savoir, l’autonomisation et l’innovation territoriale.

Là où la Marche Verte a permis la réintégration territoriale, la Fondation Phosboucraa contribue, aux côtés des acteurs publics et privés, à soutenir les initiatives qui valorisent le potentiel humain et scientifique local.

A travers ses trois axes, éducation, transfert de savoirs et innovation, la Fondation contribue à donner corps à cette ambition nationale.

En investissant dans le capital humain, nous perpétuons l’idée fondatrice de la Marche Verte : celle d’un Maroc tourné vers l’avenir, confiant dans ses jeunes et attaché à ses territoires. Nous sommes fiers de contribuer à la réalisation du potentiel des habitants du Sud

Le Farming Innovation Program ou l’Agritech Hub visent à faire émerger une nouvelle génération d’innovateurs agricoles. Quels premiers résultats concrets avez-vous observés sur le terrain ?

Lancé en partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique et l’ASARI, le Farming Innovation Program accompagne la montée en puissance d’une nouvelle génération d’agri-innovateurs sahariens. Son objectif est de faire du Sud un laboratoire d’agriculture durable et intelligente.

En moins d’un an, plus de 150 jeunes et techniciens ont été accompagnés, formés aux pratiques d’agriculture biosaline, irrigation intelligente, et gestion des ressources en zones arides.

Cette initiative conjugue sensibilisation, formation, expérimentation et entrepreneuriat, traduisant la vision de la Fondation : passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture de connaissance et d’impact, portée par la jeunesse et connectée à la recherche appliquée. Le Sud a des idées, il faut en profiter…

Comment voyez-vous l’évolution du rôle de la Fondation dans les dix prochaines années, à l’heure où les défis climatiques, sociaux et économiques s’intensifient dans les régions du Sud ?

Les dix premières années ont permis de semer, d’expérimenter et de bâtir des modèles. Les dix prochaines seront celles du changement d’échelle et de la viabilisation.

La Fondation Phosboucraa aborde cette nouvelle décennie avec une ambition claire : consolider les acquis, amplifier l’impact et assurer la pérennité des écosystèmes qu’elle a contribué à faire émerger. Son rôle évoluera de catalyseur de projets en accélérateur de modèles viables, capables de fonctionner de manière autonome et durable dans les régions du Sud.

Sur le plan environnemental, la priorité sera donnée à la consolidation et à la mise à l’échelle des programmes déjà engagés en matière de résilience climatique et territoriale.

La Fondation poursuivra le développement des initiatives phares liées à l’agriculture biosaline, au Blue Panicum, à la valorisation des plantes halophytes et aromatiques du désert, ainsi qu’à la gestion durable de l’eau et des sols, tout en approfondissant leur ancrage scientifique et leur intégration dans les chaînes de valeur régionales.

Les programmes en cours autour de la valorisation des déchets avicoles et organiques pour la production de biogaz et de biofertilisants seront renforcés, dans une logique d’économie circulaire bas carbone et de transition énergétique appliquée à l’agriculture.

La recherche génétique sur la conservation et l’amélioration des races caprines locales se poursuivra également, contribuant à la préservation de la biodiversité saharienne et à la durabilité des systèmes d’élevage dans les zones arides.

En parallèle, la filière caméline fera l’objet d’un approfondissement spécifique, notamment à travers la valorisation intégrale de ses sous-produits (deroua, lait, cuir, etc.) dans des approches combinant recherche scientifique, valorisation biochimique et innovation en économie verte.

Cette orientation vise à positionner la filière comme un modèle d’économie circulaire saharienne, où chaque ressource issue de l’animal devient un levier de durabilité, de santé et de valorisation territoriale.

La modélisation des conditions optimales de culture sous serre, appuyée par des outils numériques et climatiques, complètera cet ensemble en permettant une gestion intelligente des ressources (climat, énergie, eau) et une optimisation des performances agronomiques à faible empreinte environnementale.

L’ensemble de ces programmes illustre la volonté de la Fondation de faire des régions du Sud un pôle de référence en innovation verte, où la science, la nature et la technologie se conjuguent pour construire un avenir durable.

Sur le plan humain et social, la Fondation renforcera les dispositifs de formation, d’orientation et d’entrepreneuriat pour les jeunes et les femmes, tout en accompagnant le scale-up des coopératives et des TPE déjà soutenues. L’objectif est de transformer les initiatives pilotes en modèles économiques autonomes, intégrés dans les chaînes de valeur régionales.

Notre vision est de passer d’une logique de projet à une logique d’écosystème : contribuer à faire du Sud marocain un territoire apprenant et innovant, où la connaissance devient un levier de souveraineté et de durabilité.

En somme, notre mission reste la même : contribuer au développement des régions Sud par l’humain, la connaissance et l’innovation, avec une exigence accrue de durabilité, d’autonomie et de création de valeur.

Nous croyons à l’avenir du Sud du Maroc !

Entretien réalisé par Zouhair Yata

 

 

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