Le fonds souverain de Norvège, l’un des plus puissants investisseurs au monde, a annoncé qu’il voterait contre le plan de rémunération colossal envisagé pour Elon Musk, le fondateur et dirigeant de Tesla. Le constructeur américain de voitures électriques prévoit d’accorder à son patron une enveloppe pouvant dépasser les 1 000 milliards de dollars, un projet jugé excessif par le fonds norvégien, pourtant l’un des dix principaux actionnaires du groupe.
« Bien que nous reconnaissions la valeur considérable créée sous la direction visionnaire de M. Musk, nous sommes préoccupés par le montant total de la rémunération, la dilution et l’absence de mesures pour atténuer le risque lié à une personne clé », a expliqué le fonds mardi sur son site officiel.
D’une valeur de plus de 21 000 milliards de couronnes (soit environ 1 800 milliards d’euros), le fonds norvégien détenait 1,14 % du capital de Tesla au 30 juin 2025. Son influence sur les marchés mondiaux est considérable : il détient en moyenne 1,5 % des actions cotées dans le monde et s’impose comme un acteur majeur des débats de gouvernance d’entreprise.
Les actionnaires de Tesla doivent se réunir jeudi à Austin, au Texas, pour une assemblée générale décisive. Ils seront appelés à se prononcer sur le plan de rémunération proposé par le conseil d’administration du constructeur. Ce plan, qui s’étalerait sur dix ans, prévoit l’attribution d’actions à Elon Musk en fonction d’une série d’objectifs de performance, dont certains jugés extrêmement ambitieux. S’ils étaient atteints, le dirigeant pourrait obtenir jusqu’à 12 % supplémentaires du capital actuel de l’entreprise, consolidant encore davantage sa position de contrôle.
Le fonds norvégien a précisé vouloir « poursuivre un dialogue constructif avec Tesla sur ce sujet et sur d’autres thèmes », laissant entendre qu’il ne remet pas en cause le leadership de Musk, mais la taille du bonus envisagé.
Ce n’est pas la première fois que le géant norvégien s’oppose à une rémunération jugée disproportionnée du patron de Tesla. L’an dernier déjà, il avait voté contre un précédent plan de récompense, finalement validé par les actionnaires avant d’être invalidé par la justice du Delaware en décembre. Tesla a depuis fait appel de cette décision.
Les relations entre Elon Musk et Nicolai Tangen, le directeur du fonds norvégien, s’étaient alors tendues, illustrant la difficulté croissante de concilier les ambitions d’un entrepreneur hors norme avec les exigences de gouvernance et de transparence d’investisseurs institutionnels.
À l’approche de ce nouveau vote, la position du fonds norvégien pourrait influencer d’autres investisseurs, dans un contexte où la question des rémunérations excessives des dirigeants suscite un débat grandissant à Wall Street comme en Europe.
