Les Etats-Unis réduisent leur présence militaire en Europe, mais sans « retrait »
Les États-Unis ont annoncé mercredi une réduction de leur présence militaire sur le flanc oriental de l’Europe, principalement en Roumanie, tout en affirmant qu’il ne s’agit pas d’un retrait du continent ni d’un signe d’un engagement moindre envers l’Otan.
Selon l’armée américaine, cette décision constitue un simple « ajustement » qui ne remet pas en cause le niveau global des forces américaines, resté supérieur à celui d’avant 2022. Le repli concerne une brigade qui va rentrer aux États-Unis sans être remplacée, mais environ 900 à 1.000 soldats resteront en Roumanie pour « dissuader toute menace » et garantir l’engagement américain envers la sécurité régionale, selon Bucarest. Actuellement, 1.700 militaires américains sont déployés dans le pays, avec des capacités stratégiques inchangées, notamment le système de défense antimissile à Deveselu et la base aérienne de Campia Turzii.
L’Otan a été informée au préalable de ce reploiement, qui n’est « pas inhabituel », a rappelé un responsable de l’organisation. L’Allemagne, où se trouve le plus important contingent américain en Europe, n’est pas concernée, tandis que la France, chef de file des forces de l’Otan en Roumanie, assure que la défense du flanc Est de l’Europe restera « robuste ». La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, doit se rendre à Bucarest dans les prochains jours pour évaluer la situation.
Pour certains observateurs, cette décision pourrait envoyer un « mauvais signal » à la Russie. George Scutaru, ancien conseiller à la sécurité nationale roumaine, estime que Moscou pourrait y voir un désintérêt américain pour la mer Noire. L’historien américain Phillips Payson O’Brien a également souligné que cela « affaiblit la sécurité » de la Roumanie et qu’il revient désormais aux alliés européens de renforcer leur propre défense.
Cette réorientation s’inscrit dans une tendance américaine de réallocation de ses priorités stratégiques vers l’Asie, accentuée depuis le retour de Donald Trump au pouvoir. Quelque 85.000 soldats américains sont actuellement stationnés en Europe, un chiffre qui a fluctué depuis le renforcement des forces en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, avait déjà appelé les alliés européens à « prendre la responsabilité de leur propre sécurité conventionnelle ».
Le ministre roumain de la Défense, Ionut Mosteanu, a rappelé que l’Europe avait commencé à investir davantage dans ses propres armées et qu’elle avait « décidé de prendre sa défense en main », soulignant que la réduction américaine était un développement « prévisible et anticipé ».
LNT avec AFP
