UE Union européenne

Les leaders de l’UE à Bruxelles pour un moment de clarification sur le climat

Les leaders de l’UE à Bruxelles pour un moment de clarification sur le climat

UE Union européenne

Les dirigeants des vingt-sept États membres de l’Union européenne se réunissent ce jeudi à Bruxelles pour tenter de clarifier leur position sur la politique climatique du bloc. Entre ambitions environnementales et impératifs économiques, le sommet s’annonce comme un moment charnière dans la définition de la trajectoire verte du continent.

Au centre des discussions, deux dossiers illustrent la tension croissante entre la volonté de maintenir des objectifs ambitieux et la nécessité de préserver la compétitivité industrielle face à la concurrence mondiale.

La première question porte sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. La Commission européenne propose une baisse de 90 % par rapport à 1990, un objectif soutenu notamment par le Danemark, la Suède et l’Espagne. Mais plusieurs pays, comme la Hongrie et la République tchèque, s’y opposent, invoquant la protection de leur industrie. La France, de son côté, reste prudente.

« Les dirigeants disposent d’une petite fenêtre de tir pour sortir de l’impasse et envoyer un signal clair avant la COP30 au Brésil », estime Elisa Giannelli, du think tank E3G. La Commission avait tenté d’assouplir sa position en juillet, en ouvrant la possibilité d’utiliser jusqu’à 3 % de crédits carbone internationaux pour financer des projets hors d’Europe. Une concession jugée insuffisante par plusieurs États membres.

Aucune décision n’est attendue à l’issue du sommet, présenté comme une étape de clarification avant la réunion cruciale du 4 novembre, où des arbitrages devront être rendus.

L’autre sujet de discorde concerne l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035, mesure emblématique du Pacte vert européen. Si elle vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, cette interdiction fait l’objet de fortes pressions de la part des constructeurs automobiles, soutenus par le chancelier allemand Friedrich Merz. Ce dernier s’est engagé à « tout faire » pour revenir sur cette décision, suscitant les réticences de pays comme la France et l’Espagne, favorables à une simple flexibilité pour le secteur plutôt qu’à un recul pur et simple.

Depuis les élections européennes de 2024, marquées par une poussée de l’extrême droite, l’Union semble moins encline à afficher des ambitions écologiques fortes. « Il y a un changement de mentalité, c’est assez évident. Personne ne conteste la lutte contre le changement climatique, mais la manière d’y parvenir évolue », confie un diplomate européen.

Face à cette inflexion, plusieurs scientifiques alertent sur les risques d’un ralentissement des politiques vertes. Dans une lettre adressée aux dirigeants européens, plus de 2 000 chercheurs affirment qu’un objectif ambitieux pour 2040 reste compatible avec la prospérité économique.

Sous la pression des industriels et de certains gouvernements, l’Union a déjà entamé la révision de plusieurs textes majeurs adoptés ces dernières années, notamment ceux sur la déforestation ou le devoir de vigilance des entreprises. Une évolution qui interroge sur la capacité de l’Europe à maintenir le cap de sa transition écologique tout en protégeant son tissu productif.

LNT avec AFP

Les articles Premium et les archives LNT en accès illimité
 et sans publicité