
À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes célébrée le 8 mars, l’Association de Lutte Contre le Sida (ALCS) a tenu à souligner que l’égalité des droits et la lutte contre les inégalités liées au genre sont une condition essentielle pour en finir avec le sida à l’horizon 2030.
Par la même occasion, l’ALCS rappelle que la violence basée sur le genre reste l’une des pires violations des droits de l’homme et entrave également les efforts visant à mettre fin à l’épidémie du sida en tant que menace pour la santé publique. En effet, la violence conjugale est associée à un risque accru d’infection par le VIH chez les femmes et compromet l’accès au dépistage et au traitement : « Cette année, alors que le débat national sur la réforme de la Moudawana est au cœur des discussions, il est crucial de rappeler que l’égalité juridique et sociale est un levier indispensable pour protéger les femmes et accélérer l’élimination du VIH/sida en tant que problème de santé à l’horizon 2030. »
L’association souligne qu’en 2024, les femmes, en particulier les jeunes filles et celles en situation de précarité, restent disproportionnellement touchées par l’épidémie. À cet effet, les violences basées sur le genre, le mariage forcé des jeunes filles et le manque d’accès à des services de santé adaptés sont autant de réalités qui entravent la prévention et la prise en charge du VIH.
Le Président de l’ALCS, Pr Mehdi Karkouri, insiste sur le fait que la violence envers les femmes, qu’elle soit physique, psychologique, économique ou sociale, augmente leur vulnérabilité aux infections, notamment aux infections sexuellement transmissibles (IST), aux hépatites virales et au VIH/sida.
Ainsi, les réformes de la Moudawana doivent être l’occasion de renforcer les droits des femmes en abolissant les pratiques discriminatoires qui limitent leur autonomie et en garantissant un accès équitable aux soins de santé, dans le respect de leurs droits et de leurs choix.
L’ALCS souligne que le projet de généralisation de la couverture sociale universelle, mis en place par l’État selon les principes de solidarité et de contribution des personnes économiquement capables, vise à assurer l’accès aux soins pour tous.
Cependant, les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes en situation de précarité, rencontrent des obstacles importants pour accéder à cette couverture : « Elles sont souvent sans domicile fixe et n’ont pas d’adresse permanente, ce qui complique leur inscription au registre national de la population et/ou au registre social unifié. D’autres ne peuvent pas s’inscrire car elles ne possèdent pas de pièces d’identité. La majorité d’entre elles refuse de les renouveler par crainte de poursuites judiciaires. »
L’association rappelle que l’élimination du sida en tant que problème de santé d’ici 2030 ne sera possible qu’en agissant sur les déterminants sociaux qui favorisent la propagation des infections sexuellement transmissibles, des hépatites virales et du VIH/sida. Cela passe par :
- La révision des lois discriminatoires et la mise en place d’un cadre juridique protecteur pour les femmes et les filles ;
- L’accès universel aux services de prévention et de dépistage, notamment pour les populations les plus vulnérables ;
- Le renforcement des campagnes de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation et promouvoir l’égalité des sexes ;
- Une action renforcée contre les violences basées sur le genre, incluant une prise en charge adaptée aux besoins des survivantes.
L’ALCS appelle les pouvoirs publics, la société civile et les partenaires nationaux à redoubler d’efforts pour garantir aux femmes marocaines des droits égaux et un accès sans entrave à la couverture sociale universelle ainsi qu’à des services de santé adaptés et de qualité : « La fin du sida passe par la fin des inégalités. C’est ensemble, dans un Maroc où chaque femme peut vivre librement et en sécurité, que nous atteindrons cet objectif. »
H.Z