
La ville de Marrakech vient d’abriter les travaux de la 49ème édition de l’Assemblée Générale de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF). Organisée en partenariat avec la Fédération Marocaine de l’Assurance (FMA), cette messe de l’assurance africaine a réuni les professionnels du secteur venus de tout le continent pour débattre et échanger autour de cette thématique : « Quels leviers pour un développement inclusif et durable de l’assurance en Afrique ? ». M. Mehdi Arifi, Directeur du Pôle Business Développement de la SCR (Société Centrale de Réassurance), nous en dit plus sur cette édition, ainsi que les ambitions, le rôle et la propre vision de la SCR pour une assurance africaine résiliente et innovante.
La Nouvelle Tribune : Que pouvez-vous nous dire d’abord sur la participation de la SCR à cette 49ème édition de la FANAF ?
M. Mehdi Arifi : Cette édition s’inscrit dans le cadre de l’Assemblée Générale de la FANAF. La SCR est un acteur engagé auprès de la FANAF depuis un certain nombre d’années et c’est l’occasion pour nous lors de cette édition de mettre en lumière un certain nombre d’enjeux stratégiques et d’opportunités pour le secteur de la réassurance et l’assurance en Afrique.
Justement, comment se présente aujourd’hui le secteur africain de l’assurance ?
Il faut savoir globalement que le continent africain reste le continent qui présente le plus de besoins en matière d’assurance et en terme de développement, mais malheureusement, c’est le continent qui manque de pénétration, soit globalement un taux de pénétration d’assurance de 1% contrairement à des économies matures où ce taux avoisine les 10%. En fait, cette Assemblée Générale va nous permettre d’échanger avec un certain nombre d’acteurs de l’écosystème -assurance et réassurance- panafricain pour mobiliser plus de synergie et de capacité à travers des solutions d’assurance-microfinance et autres ou créer des solutions adaptées pour des secteurs qui manquent de couverture notamment le secteur agricole. Aussi, cette Assemblée Générale reste une occasion pour mutualiser nos capacités afin de faire face à des risques de pointe, notamment les risques catastrophiques.
Qu’entend-on exactement quand on parle d’un système d’assurance résilient ?
En fait, cette thématique de la FANAF autour l’inclusivité et la résilience de l’assurance en Afrique découle d’un constat qui dresse deux sujets majeurs. D’abord, on observe que sur le continent africain, il existe très peu de pénétration surtout au niveau des couches sociales pour l’accès aux couvertures de base. Un système d’assurance inclusif permettra globalement d’avoir des solutions adaptées pour que cette population puisse avoir accès aux soins. Et en terme de résilience, c’est créer plus de capacité commune à même d’absorber les ondes de choc face notamment aux catastrophes séismiques, les inondations et autres catastrophes naturelles. C’est à ce niveau là où les capacités et les fonds des assureurs locaux peuvent être mis à contribution. Seulement, leurs fonds propres ne suffisent pas. Le rôle des réassurances consiste par la suite à stabiliser ces ondes de chocs et leur permettre d’avoir une résilience à moyen et long terme, car ce sont des événements qui sont couteux.
Dans le même sens, est-ce le cas par exemple des événements d’Al Haouz ?
Au Maroc, nous avons expérimenté le régime d’assurance en matière des catastrophes naturelles avec notamment le séisme d’Al Haouz il y a 18 mois. A cet événement, nous avons eu la chance d’avoir un mécanisme d’assurance qui a été prêt et c’est parfaitement ce système qu’on souhaite dupliquer davantage et faire bénéficier l’expertise commune des opérateurs africains.
Quel rôle peut-il jouer aujourd’hui la SCR pour un écosystème assurance-réassurance à jour des véritables besoins des africains en la matière ?
La Société Centrale de Réassurance, filiale du groupe CDG, repose sur des fondamentaux solides et fait preuve d’une grande résilience. Forte de plus de 60 ans d’existence, nous avons développé une expertise approfondie et un solide historique en gestion des sinistres et des différentes affaires que nous avons en portefeuille, nous permettant de répondre de manière innovante aux besoins de nos clients. En tant qu’acteur majeur du secteur, nous avons l’opportunité de collaborer avec les meilleurs partenaires régionaux et mondiaux, favorisant ainsi l’échange et l’adaptation de solutions de couverture, notamment pour les risques émergents tels que le cyber-risque entre autres, encore insuffisamment couvert sur le continent africain. Grâce à son expertise dans les risques pointus, la SCR joue un rôle clé dans le développement de solutions adaptées aux besoins africains.
Peut-on avoir quelques chiffres sur la SCR ?
Aujourd’hui, la SCR est leader incontesté du marché marocain de l’assurance. On est également leader du marché maghrébin et deuxième opérateur de la réassurance en Afrique. On jouit d’une solidité financière stable et reconnue avec une notation « B++ » confirmée par l’agence AM Best et la SCR bénéficie d’une confiance de nos partenaires historiques qui nous accompagne depuis 60 ans.
Un mot pour conclure ?
Malgré les défis évoqués, notamment le manque de capacité et les risques émergents, je reste quand même optimiste. L’un de nos atouts majeurs réside dans le potentiel de croissance de la matière assurable en Afrique. En parvenant à homogénéiser nos capacités, nous pourrons concrétiser une ambition prometteuse, portée par notre volonté et par la dynamique de croissance du continent africain.
Propos recueillis
par Hassan Zaatit