Lors de la rencontre réunissant les présidents des conseils d’affaires de la CGEM, M. Tawfik Hammoud, Chief Client Officer et Chairman du cabinet BCG, a présenté une réflexion structurée autour de trois axes majeurs face aux bouleversements mondiaux : la géopolitique et la souveraineté, l’intelligence artificielle, et le climat et l’énergie.
M. Hammoud a souligné l’importance croissante de la souveraineté dans le contexte des crises géopolitiques actuelles. Il a expliqué que les pays réévaluent leurs priorités en matière de sécurité économique, énergétique, numérique et alimentaire, favorisant ainsi un repositionnement stratégique. Selon lui, la mondialisation se redéfinit avec des intérêts nationaux qui prennent le pas sur les alliances historiques, illustrant la citation de Bismarck selon laquelle « les nations n’ont pas d’amis, seulement des intérêts ». Il a également attiré l’attention sur les conflits souvent sous-estimés, notamment en Afrique et dans le Caucase, qui influencent la stabilité mondiale.
Tawfik Hammoud a ensuite abordé l’impact de l’intelligence artificielle, soulignant son potentiel exponentiel pour transformer les secteurs de la santé et de la sécurité nationale, tout en évoquant les risques associés.
L’IA, selon M. Hammoud, est un catalyseur exponentiel de progrès, mais elle représente aussi des risques majeurs, notamment en matière de cybersécurité et de bioterrorisme. Il a mis en avant la course à la domination technologique entre les États-Unis et la Chine, tout en soulignant que des nations émergentes comme les Émirats arabes unis investissent massivement dans ce domaine. « L’IA devient un enjeu de souveraineté nationale, avec un impact direct sur la sécurité et la productivité ».
Tawfik Hammoud a souligné l’urgence climatique en insistant sur le lien essentiel entre énergie et souveraineté. Il a averti que le coût de l’inaction face au changement climatique est désormais critique, entraînant des catastrophes naturelles qui touchent des régions autrefois épargnées. Il a également mis en lumière l’impact spécifique du changement climatique en Afrique, où des millions de personnes continuent de vivre sans accès à l’électricité ou à la nourriture. Malgré ces défis, il a exprimé son optimisme quant à la transition énergétique, en évoquant la croissance des énergies renouvelables et le rôle déterminant du nucléaire dans cette dynamique. Le Maroc, déjà engagé dans le développement du solaire et de l’éolien, est bien positionné pour jouer un rôle clé dans cette transition, a-t-il affirmé.
M. Hammoud a conclu en appelant à une réflexion sur le rôle du Maroc dans ce nouvel ordre mondial, en tant que pont entre l’Afrique et l’Europe, tout en encourageant une dynamique proactive dans le contexte global actuel.
A. Loudni