La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a tenu mercredi 2 octobre, dans ses locaux à Casablanca, une réunion regroupant les présidents de ses conseils d’affaires, en présence de M. Chakib ALJ, président de la CGEM, et de M. Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l’Investissement.
Cet événement, organisé par la Commission Internationale, présidée par Mme Ghita Lahlou et M. Anas Guennoun, et la Commission Afrique, dirigée par M. Abdou Diop et M. Ali Zerouali, vise à renforcer l’efficacité des conseils d’affaires de la CGEM. Il s’inscrit dans une démarche de réflexion stratégique sur les enjeux géopolitiques mondiaux et leur impact sur la compétitivité des entreprises marocaines, tout en explorant les moyens de convertir les défis actuels en opportunités.
A cette occasion, Chakib Alj a réaffirmé l’importance des conseils d’affaires comme vecteurs de la diplomatie économique marocaine, les qualifiant « d’ambassadeurs du secteur privé ». Avec des partenariats dans 65 pays, ces conseils créent des ponts entre les entreprises marocaines et internationales, favorisant l’attractivité du Maroc et l’internationalisation de ses entreprises. M. Alj a souligné les défis et opportunités mondiaux, notamment dans les domaines de l’énergie, du climat et des chaînes d’approvisionnement, rappelant le rôle du Maroc comme hub stratégique, notamment pour l’Afrique et les énergies renouvelables.
Pour sa part, M. Jazouli a déclaré que, « dans un monde où les rivalités géopolitiques s’exacerbent et où les chaînes de valeur industrielles se réorganisent, le Maroc confirme jour après jour son positionnement en tant que « pays connecteur » et de « safe place » et ce, grâce aux réformes et aux stratégies déployées sous la conduite éclairée de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI Que Dieu L’assiste ». Il a également insisté sur le rôle crucial des conseils d’affaires dans la promotion de ce nouveau Maroc auprès des investisseurs et des partenaires commerciaux internationaux.
Analyse des enjeux internationaux
Lors de cette rencontre, M. Tawfik Hammoud, Chief Client Officer et Chairman du Cabinet Boston Consulting Group (BCG), d’origine marocaine et basé à New York, a également partagé son analyse sur le positionnement de l’économie marocaine face aux évolutions constantes du contexte mondial.
Lors de son intervention, il a souligné les changements majeurs survenus dans le monde au cours des 1000 derniers jours. Il a décrit une « ère de réajustement » où les certitudes géopolitiques, économiques et climatiques s’effondrent, exigeant de nouvelles stratégies d’adaptation.
M. Hammoud a évoqué trois grands axes : la souveraineté renforcée des États dans un monde instable, l’importance croissante de l’intelligence artificielle pour la compétitivité, et les défis liés au climat, à l’énergie et à la démographie. Il invite les entreprises et pays, comme le Maroc, à repenser leur positionnement face à ces enjeux, en s’appuyant sur la souveraineté, les partenariats et l’innovation.
Et d’ajouter : « Je crois que le Maroc, ainsi que quelques autres pays, sont extrêmement bien placés pour tirer parti de ce contexte mondial et accélérer leur trajectoire ».
En parallèle, il a pointé les tensions géopolitiques globales, notamment le découplage entre les États-Unis et la Chine, ainsi que l’accélération de l’intégration des énergies renouvelables. Enfin, M. Hammoud a mis en lumière le rôle crucial des femmes et du potentiel démographique de l’Afrique dans la redéfinition de l’économie mondiale.
Cet événement a été l’occasion d’aborder les enjeux internationaux de la CGEM et le rôle des Conseils d’affaires dans l’attraction et la pérennisation des investissements, ainsi que dans l’internationalisation des entreprises marocaines. Mme Ghita Lahlou et M. Abdou Diop ont présenté leurs points de vue sur ces questions.
M. Diop a souligné l’importance du rôle des chefs d’entreprise dans la promotion du Maroc à l’international, en complément des actions gouvernementales. Il a insisté sur la valeur ajoutée des témoignages d’investisseurs marocains qui réussissent à l’étranger, en particulier en Afrique. Selon lui, la CGEM joue un rôle clé en facilitant les partenariats internationaux et en promouvant les entreprises marocaines. Il a également mis l’accent sur la diplomatie économique, qui permet de renforcer les liens avec les pays africains et d’explorer des opportunités de co-développement.
Ghita Lahlou, quant à elle, a exprimé sa volonté de dynamiser les conseils d’affaires en les rendant plus intégrés et efficaces. Elle a insisté sur la nécessité d’améliorer les interactions entre ces conseils et les commissions internes, ainsi qu’avec les institutions publiques et internationales. Elle a également plaidé pour des outils plus ciblés afin d’attirer les investisseurs étrangers, en adaptant l’offre marocaine aux besoins spécifiques des partenaires, citant comme exemple les récentes initiatives avec l’Arabie Saoudite et le Japon.
Invité à cette occasion, Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa bank et président du club des chefs d’entreprise Maroc-France, a souligné l’importance de la coopération internationale pour renforcer la position du Maroc comme un hub d’investissement, notamment en Afrique. Il a insisté sur le rôle déterminant des conseils d’affaires pour promouvoir le pays et attirer des investissements, tout en facilitant l’internationalisation des entreprises marocaines.
M. El Kettani a expliqué que le club, créé il y a vingt ans, vise à améliorer la collaboration entre opérateurs économiques marocains et français à travers un comité d’orientation stratégique et des groupes de travail sectoriels. Il a mis en avant les domaines prioritaires tels que le développement durable, l’agro-industrie, les technologies de l’information et la santé, soulignant la nécessité d’une gouvernance paritaire et d’une forte synergie entre les conseils d’affaires et les fédérations sectorielles.
Il a également abordé la nécessité d’un outil stratégique pour promouvoir les investissements marocains en Afrique, notamment par la création d’un dispositif de garantie contre le risque politique. M. El Kettani a conclu en affirmant que le Maroc doit continuer à renforcer sa crédibilité en tant que destination d’investissement, ce qui pourrait attirer des multinationales et créer des opportunités pour les entreprises locales.
Perspectives des Conseils d’Affaires
Lors du panel des Présidents des conseils d’affaires, M. Khalid Benjelloun (Conseil d’Affaires Maroc-Arabie Saoudite), M. Mehdi Laraki (Conseil d’Affaires Maroc-Chine), M. Rafik Lahlou (Conseil d’Affaires Maroc-Canada) et M. Abdelaziz Taarji (Conseil d’Affaires Maroc-Mauritanie) ont partagé leurs expériences, leurs plans d’action et leurs ambitions futures.
Khalid Benjelloun, a souligné l’importance des relations établies avec la Fédération des chambres de commerce saoudiennes. Il a évoqué les missions économiques organisées, comme celle de janvier à Riyad, qui ont favorisé les échanges et ouvert des opportunités d’investissement pour les entreprises marocaines dans un marché saoudien prometteur, malgré un faible investissement actuel.
Pour sa part, M. Laraki a partagé son expérience lors du forum des entrepreneurs chinois et africains, indiquant que l’organisation tardive a posé des défis, mais a également permis des rencontres fructueuses avec des investisseurs chinois intéressés par le Maroc.
Rafik Lahlou a expliqué comment il a revitalisé ce conseil en identifiant les acteurs clés et en collaborant avec des Marocains vivant au Canada. Il a noté que, bien que le Maroc soit souvent perçu comme une destination touristique, les efforts déployés ont permis de modifier cette image et d’encourager des investissements marocains dans divers secteurs au Canada.
M. Taeriji, Président du Conseil d’affaires Maroc-Mauritanie, a conclu en soulignant le succès d’une mission récente en Mauritanie, où le conseil a identifié les besoins locaux et engagé des discussions avec des ministres pour développer des secteurs clés tels que l’agriculture et l’énergie renouvelable.
Asmaa Loudni