Des personnes brandissent le drapeau palestinien et un portrait du chef assassiné du Hamas, Ismaïl Haniyeh, lors d'un rassemblement à l'Université de Téhéran, dans la capitale iranienne, le 31 juillet 2024
Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a été tué mercredi à Téhéran dans une frappe imputée à Israël par le mouvement palestinien et l’Iran, qui ont promis de venger sa mort, faisant craindre un embrasement de la région en pleine guerre à Gaza.
Chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, 61 ans, avait participé mardi à Téhéran à la cérémonie d’investiture du président réformateur Massoud Pezeshkian, dont le pays est l’ennemi juré d’Israël et un allié du Hamas et du Hezbollah libanais.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a affirmé que les Etats-Unis, principal allié d’Israël, n’avaient été ni « mis au courant » ni « impliqués » dans sa mort.
Quelques heures avant l’attaque à Téhéran, l’armée israélienne a annoncé avoir « éliminé » près de Beyrouth le commandant du Hezbollah responsable selon elle de l’attaque meurtrière de samedi à Majdal Shams sur le Golan occupé.
Elle n’a pas commenté dans l’immédiat l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, qui avait été élu chef du bureau politique du Hamas en 2017 et vivait en exil au Qatar.
« Ismaïl Haniyeh est mort dans une frappe sioniste contre sa résidence à Téhéran », a indiqué le Hamas.
Selon des médias iraniens, il « se trouvait dans l’une des résidences spéciales pour les vétérans de guerre dans le nord de Téhéran, lorsqu’il a été tué par un projectile aérien » vers 02H00 locales (22H30 GMT mardi).
– « Notre devoir » –
Cet assassinat « aura d’énormes conséquences pour toute la région », a averti la branche armée du Hamas.
L’attaque « ne restera pas sans réponse », a menacé Moussa Abou Marzouk, un responsable du mouvement palestinien.
« Avec cet acte, le régime sioniste criminel et terroriste a préparé le terrain pour un châtiment sévère pour lui-même, et nous considérons qu’il est de notre devoir de venger le sang (de Haniyeh) versé sur le territoire de la République islamique », a déclaré le guide suprême iranien, Ali Khamenei.
Ismaïl Haniyeh sera enterré vendredi à Doha après des funérailles officielles jeudi à Téhéran. L’Iran a décrété trois jours de deuil.
Principal médiateur dans les négociations sur une trêve à Gaza, le Qatar s’est interrogé sur l’opportunité de poursuivre la médiation. « Comment une médiation peut réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie », a dit le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
L’Autorité palestinienne, la Chine, la Russie, la Turquie, la Jordanie, la Syrie et l’Irak ont condamné l’assassinat de Haniyeh, de même que les rebelles yéménites houthis et le Hezbollah.
Ces deux derniers forment avec le Hamas ce que l’Iran appelle « l’axe de résistance » contre Israël.
– « Coup de tonnerre » –
« Un coup de tonnerre, quelque chose d’incroyable », a lâché Waël Qoudayh, un habitant de Gaza, en commentant l’assassinat de Haniyeh.
Dans son offensive à Gaza, l’armée israélienne a tué plusieurs membres de la famille du chef du Hamas, dont trois de ses fils et quatre petits-enfants.
Début juillet, elle avait dit que « de plus en plus de signes » laissaient présager que le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, avait été tué dans une frappe qu’elle avait menée dans la bande de Gaza. Mais aucune confirmation de sa mort n’a été annoncée.
Des Israéliens se sont dits inquiets pour les otages à Gaza après l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh.
« (…) Cela met en péril la possibilité d’un accord » pour leur libération, estime Anat Noy, une habitante de Haïfa (nord).
– « La réaction du Hamas et du Hezbollah » –
Sur le front nord d’Israël, au Liban, l’armée israélienne a affirmé avoir « éliminé le plus haut responsable militaire de l’organisation terroriste Hezbollah Fouad Chokr » dans une frappe dans la banlieue sud de Beyrouth.
Deux femmes et deux enfants ont péri dans la frappe israélienne, selon les autorités libanaises.
Le Hezbollah n’a pas confirmé la mort de Fouad Chokr, mais affirmé qu’il se trouvait dans l’immeuble visé.
« Ce qui me stresse maintenant, c’est la réaction du Hamas et du Hezbollah. Mon compagnon est réserviste et mobilisé dans le nord (d’Israël), et on lui a dit d’être en alerte », a dit Shahar Binyamini, une habitante de Haïfa.
LNT avec Afp