Au Maroc, la commande publique occupe une place de plus en plus importante dans l’économie nationale : évaluée à plus de 300 milliards de DH en 2023. L’État injecte chaque année en moyenne 200 milliards de dirhams dans l’économie nationale au titre de la commande publique.
Le tissu économique local ne disposant pas toujours des technologies nécessaires pour répondre à la demande, plusieurs marchés publics passent auprès d’entreprises étrangères.
La compensation industrielle, qui consiste à exiger, pour la vente de biens ou de services à travers des marchés publics, qu’une contrepartie économique soit transférée du vendeur à l’Etat acheteur, constitue un véritable gisement de développement économique pour le Maroc.
Ses retombées sont indéniables : attractivité des investissements, transferts de technologie, création d’emplois, amélioration des compétences et savoir-faire national, et montée en valeur dans les filières industrielles.
Cette démarche permet également d’introduire au niveau des entreprises locales une culture de l’innovation, de créativité et d’amélioration de la qualité, en leur offrant un accès aux investisseurs, au financement et aux grands marchés.
De très nombreux pays optent pour ce mécanisme afin de dynamiser leur économie nationale et les impacts économiques ont été non négligeables et parfois même spectaculaires.
Cette pratique a été formalisée dans le cadre du Plan d’accélération industrielle. Cette approche permet de démultiplier l’investissement, monter en valeur dans les filières, et améliorer la balance des paiements, en favorisant les achats de produits ou services auprès du tissu local.
Le Ministère a initié une approche collaborative avec les grands acheteurs publics pour ancrer la pratique de la compensation industrielle comme réflexe spontané dans les businessmodels des projets d’envergure nationaux.
Il s’agit de mettre en œuvre diverses formes de compensation, directes et indirectes, modulables selon le secteur d’activité pour booster l’investissement dans l’industrie locale, favoriser le transfert de technologie et former les compétences nationales.
Depuis longtemps, le Maroc s’est contenté d’importer ce que le tissu national ne pouvait pas produire. Un réel changement de paradigme s’opère aujourd’hui à travers la compensation industrielle. Cette vision découle de la nécessité d’utiliser la commande publique en tant qu’instrument incontournable pour appuyer le tissu industriel. Plusieurs investissements industriels ont été réalisés en recourant à la compensation industrielle dans des marchés publics, notamment dans les secteurs du transport ferroviaire, des énergies renouvelables et de la défense.
Le recours à ce mécanisme a été profitable et a contribué à la densification du tissu industriel, à une montée en gamme dans les filières, une intégration en profondeur à travers le développement de nouvelles spécialisations et un positionnement sur des métiers de pointe, avec à la clé des créations d’emplois et de la valeur ajoutée.
Les pas franchis à ce jour renforcent la confiance des donneurs d’ordres publics dans la destination Maroc pour recourir davantage à la compensation industrielle et incitent les candidats également à s’inscrire dans cette démarche qui est profitable à l’ensemble des acteurs.
Un exemple de compensation industrielle qui est le plus récent est celui de la signature en février 2023 d’un Contrat de compensation industrielle entre le Maroc (Administration de la Défense Nationale) et le géant mondial de l’aéronautique Boeing dans le prolongement du programme d’acquisition des hélicoptères Apache.
Ce contrat illustre davantage la Vision Royale visant la modernisation et le renforcement des capacités opérationnelles des FAR ainsi que l’émergence d’un secteur d’industrie de défense au Maroc.
Ce partenariat témoigne de la volonté des parties de renforcer le partenariat existant entre le Maroc et la société américaine Boeing à travers la mise en œuvre de projets stratégiques communs tout en favorisant l’émergence d’une Base Industrielle et Technologique de Défense au Royaume.
L’accord renforce également, la coopération dans le domaine de la recherche et développement et le transfert de technologies à travers la qualification de bureaux d’ingénierie marocains aux normes internationales du secteur de l’aéronautique ainsi que la réalisation, en partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique de Ben Guerir, d’un centre de recherche pour la fabrication d’additive avancée 4.0.
Cet accord de compensation, prévoit la réalisation par la société Boeing auprès de fabricants locaux qualifiés d’un volume de sourcing de pièces de rechange de 150 M$US, contribuant ainsi à la création d’emploi au Maroc et le développement du secteur de l’aéronautique national en offrant aux opérateurs locaux de nouvelles opportunités de Marchés.
A.D