Ilan Benhaim, Président de MFounders et co-fondateur de Veepee (ex vente-privee.com)
Le financement de l’entreprenariat, et notamment des startups, est une question qui revient avec une grande régularité dans les débats au Maroc ces dernières années. Et la question que tout le monde se pose est : pourquoi le Royaume n’arrive-t-il pas à développer un écosystème entrepreneurial digne de ses ambitions et de sa place sur le continent africain ?
C’est pour apporter des réponses, et surtout des solutions, à cette problématique que MFounders, un club d’investissement composé de business angels issus de la diaspora marocaine, dirigée par Ilan Benhaim, Président de MFounders et co-fondateur de Veepee (ex vente-privee.com), a vu le jour, avec pour ambition de projeter les startups marocaines sur la scène internationale.
C’est pour présenter cette initiative que M. Benhaim, accompagné de M. Karim Amor (Founder et CEO de Synergeon.com), Mme Dounia Boumehdi (Directrice générale de MITC capital, société gestionnaire de Maroc Numeric Fund) et M. Youssef Agoumi (Managing Partner Formind Africa & Middle-East), a réuni la presse jeudi 11 juillet.
Le Maroc est reconnu pour ses atouts dans la course mondiale à l’innovation, notamment technologique, avec un fort contingent d’étudiants dans les plus grandes universités mondiales. Pourtant, dans la liste des « licornes » (startup, non cotée en bourse, valorisée à plus d’un milliard de dollars) du continent africain, l’absence du Royaume fait tache. « Pour construire une licorne », explique M. Amor, « il faut une chaîne de valeur. Et dans cette chaîne de valeur, le pilier de départ, ça reste le business angel ». Et de préciser qu’il s’agit avant tout d’une question de « mindset », de se dire : « Je fais confiance à cette entreprise, je comprends son business, je suis capable aussi de l’accompagner et de la conseiller ».
L’écosystème des startups marocaines est dynamique et diversifié, soutenu par des structures d’incubation, d’accélération et des options de financement public et privé. Cette croissance est également renforcée par l’impulsion de l’État marocain, illustrée par des initiatives telles que le FM6I, CDG Invest, UM6P, et la tenue régulière du GITEX Africa à Marrakech. Mais si des petits financements de la part des incubateurs et autres existe, de même que les gros financements des fonds d’investissement, il manque au Maroc, selon les fondateurs de MFounders, une solution intermédiaire permettant aux startups de pouvoir grandir pour après accéder au financement des fonds. « Il manquait le créneau d’investissement entre 20 000 $ et 500 000 $. Et c’est précisément ce créneau que M Founders est venu occuper », confirme M. Amor.
Fondée avec une mission claire, MFounders se consacre ainsi à identifier, accompagner et investir dans des startups marocaines à fort potentiel international. Le club regroupe 14 entrepreneurs marocains de la diaspora, déterminés à offrir capital, expertise et réseau pour soutenir la croissance des startups marocaines, avec l’ambition de les accompagner dans leur parcours de financement entre la phase d’incubation et les grands fonds d’investissement. « Il faut avoir les réseaux pour vendre. C’est vraiment ça qui nous fait défaut au Maroc », affirme M. Benhaim.
Le club vise à fournir un soutien financier crucial, allant de 50 000 à 500 000 dollars, et à aider les startups à obtenir des financements substantiels dans les deux ans suivant leur sélection. En s’appuyant sur l’expertise et les connexions internationales des investisseurs, MFounders ambitionne de propulser les startups marocaines sur la scène mondiale, renforçant ainsi le rayonnement du Maroc à l’international. « Je trouve qu’il y a énormément d’opportunités du fait d’être au Maroc, dans ce qu’on appelle un petit marché. Il n’y a pas beaucoup de concurrence par rapport à ailleurs et les gens ne sont pas très bien financés. Donc, si est épaulé par un investisseur qui s’y connaît un peu, avec des moyens, tu vas pouvoir énormément apprendre sur ta solution, parce que les problèmes sont les mêmes dans tous les pays », soutient M. Benhaim. Et d’ajouter : « L’idée, c’est d’utiliser le Maroc comme notre plateforme, comme notre start-up nation. Et après, on va utiliser la diaspora pour s’exporter ».
La gouvernance de MFounders repose sur un modèle innovant de « Lead Investor ». Ce dernier joue le rôle de tiers de confiance entre la startup et les investisseurs, garantissant un accompagnement efficace et maximisant l’impact des investissements grâce à une syndication des ressources.
Un catalyseur d’opportunités
MFounders veut se positionner comme un élément clé de l’écosystème entrepreneurial marocain, offrant une solution de financement entre les incubateurs et les grands fonds d’investissement. La structure non-profit de l’association, financée par les cotisations des membres, vise à garantir un modèle transparent et durable.
Lorsqu’une startup choisit de soumettre son projet à MFounders, elle bénéficie non seulement d’une source de financement mais aussi d’un réseau de business angels et de mentors expérimentés. En outre, les startups reçoivent des conseils stratégiques personnalisés et un accompagnement vers des levées de fonds plus importantes, avec un lead investor dédié à chaque projet. Cette approche collaborative permet de mettre en place des stratégies de croissance optimisées. Les startups peuvent également compter sur un vaste réseau de la diaspora marocaine à travers le monde, leur offrant des opportunités d’échanges et de développement international.
Pour les investisseurs, rejoindre MFounders représente une opportunité unique d’accéder à un flux constant d’opportunités d’investissement dans des startups soigneusement sélectionnées, présentant un fort potentiel de croissance et d’innovation, assurent les fondateurs. Et de préciser que les investisseurs bénéficient également de la participation à une communauté dynamique, de possibilités de co-investissement, et de conseils d’experts du secteur. L’accès au réseau de la diaspora marocaine permet des échanges réguliers et des événements dédiés, favorisant le partage des bonnes pratiques et la diversification des portefeuilles d’investissement. « Les étapes sont clairement définies, nous avons un process totalement transparent et il y a plusieurs étapes avant d’arriver au ministère de l’investissement où le dossier est ouvert à l’ensemble des investisseurs », explique Ilan Benhaim.
Et pour le Royaume et les jeunes marocains, les fondateurs de MFounders expliquent que les startups, par leur impératif de développement rapide, donc de grands pourvoyeurs d’emplois, dans de très courts délais : « Les start-ups sont le plus gros pourvoyeur d’emploi parce qu’en un an, ils veulent recruter ce qu’une PME recrute en 5 ans. Et donc, quand on doit recruter 20 personnes par mois, on est très inclusif, [on ne peut pas être] sélectif comme les grands groupes qui vont faire passer 14 entretiens », relève M. Benhaim.
MFounders est dirigé par un conseil d’administration de 14 membres et un comité d’investissement de 20 experts, tous issus de la diaspora marocaine et reconnus dans leurs domaines respectifs. Chaque membre apporte une expertise unique et un réseau international précieux à MFounders, contribuant à la mission de l’association de propulser les startups marocaines sur la scène internationale.
Leurs parcours diversifiés dans l’entrepreneuriat, la finance, la technologie et le management international permettent à MFounders d’offrir un accompagnement complet et sur mesure aux startups sélectionnées. Le lancement de MFounders se veut donc marquer une étape majeure dans le développement de l’écosystème entrepreneurial marocain. En unissant les forces de la diaspora marocaine, MFounders ambitionne de propulser les startups locales sur la scène internationale, et imposer le Maroc sur l’échiquier entrepreneurial mondial. Et pour les projets qui seront choisis, sachant qu’à cette heure, six startups ont déjà été sélectionnées, M. Benhaim est clair : « Il faut que ça soit quelque chose qui [se différentie de] ce que l’on fait », notant l’importance de « l’accès à l’international et la scalabilité ». « Il faut qu’il y ait un potentiel de croissance intéressant et une ouverture vers les marchés globaux. Et ça, c’est possible aussi grâce aux membres de ce club qui ont un réseau international qui est très solide et qui permet d’avoir cet accès au marché », conclut-il.
Selim Benabdelkhalek