Le programme national « Villes sans bidonvilles » a bénéficié à 347 277 familles marocaines à fin juin 2024, avec une enveloppe globale de 45,7 milliards de dirhams, a annoncé Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville. Présentant ces chiffres devant la Commission de l’intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants, la ministre a détaillé les avancées et les défis du programme.
Le programme « Villes sans bidonvilles » a permis de reloger 75% des 465 000 familles recensées jusqu’à fin juin 2024, laissant 117 505 familles en attente de relogement. Parmi ces dernières, 24 804 familles bénéficieront d’unités prêtes ou en cours de réalisation. Cependant, 92 701 familles ne sont pas encore programmées au niveau des villes et centres prévus par le programme, et 11 938 familles ne sont pas prises en compte dans les villes et centres exclus. Ainsi, le nombre total de familles non programmées atteint environ 120 000, selon les dernières mises à jour.
La ministre a souligné le défi que représente l’augmentation du taux de familles concernées par le programme, qui devrait atteindre 72% d’ici la fin de l’année 2024. Un obstacle majeur reste le faible engagement des familles bénéficiaires concernant les opérations de logement réalisées, ce qui retarde le processus de relogement.
Mme El Mansouri a identifié plusieurs lacunes entravant le bon déroulement du programme, telles que la problématique de l’identification des bénéficiaires, l’absence de critères d’éligibilité unifiés, et les difficultés liées à la régularisation du foncier. Elle a également pointé l’absence d’approches intégrées incluant infrastructures publiques et services essentiels, qui sont indispensables pour une mise à niveau efficace des bidonvilles.
Néanmoins, le rythme d’amélioration des conditions de logement a considérablement augmenté sous l’actuel mandat gouvernemental, passant de 6 200 familles par an entre 2018 et 2021 à 18 000 familles au cours des deux dernières années et demie, soit un taux de traitement annuel de 290%. Le ministère s’efforce également de réduire la prolifération des bidonvilles, avec une baisse de 48% du taux d’augmentation des nouvelles familles vivant dans des bidonvilles entre 2012 et 2021 par rapport à la période actuelle.
Pour aborder ces défis, le ministère a développé un nouveau plan d’action quinquennal pour 2024-2028, visant à éliminer les bidonvilles restants et à permettre à leurs habitants d’accéder à un logement décent. Environ 120 000 familles seront concernées par ce plan, qui privilégie le logement au relogement en raison de la rareté du foncier et des difficultés liées à l’auto-construction. Les familles seront relogées dans des appartements dont le coût maximal est fixé à 300 000 dirhams par unité, avec une contribution de 100 000 dirhams du ministère dans le cadre de l’aide directe au logement.
Habitat menaçant ruine, un autre défi
En parallèle, le ministère a également traité 18 324 logements menaçant ruine à fin 2023. Ce bilan comprend l’amélioration des conditions de logement de plus de 46 900 foyers sur un total de 75 600, soit un taux d’environ 62%. L’intervention, initiée depuis la signature de plusieurs conventions en 2012, a coûté 8,11 milliards de dirhams, dont 2,275 milliards en contribution du ministère.
Mme El Mansouri a précisé que l’Agence nationale pour la rénovation urbaine et la réhabilitation des bâtiments menaçant ruine a inventorié 57 100 habitations prioritaires dans les villes séculaires et a réalisé des expertises sur 47 360 bâtiments. L’Agence œuvre à mettre en œuvre les dispositions de la loi N° 94-12, visant à organiser les opérations de rénovation urbaine avec une approche participative et proactive.
Le ministère se concentre également sur la mise en place d’une nouvelle génération de programmes contractuels au niveau régional pour traiter les cas urgents. Cela inclut l’activation du rôle des comités régionaux concernés par la question des bâtiments menaçant ruine, conformément à la loi 94-12. L’Agence est chargée de préparer et superviser les programmes de rénovation urbaine et de réhabilitation des bâtiments en danger, avec une approche intégrant des dimensions juridique, institutionnelle, financière et préventive.