La Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), en partenariat avec la Chambre de Commerce Internationale (CCI) Maroc et l’Initiative des Normes Digitales de la CCI (DSI), a organisé le 25 juin à Casablanca, une conférence majeure sur la « Digitalisation du Commerce International au Maroc ».
Cette rencontre avait pour objectif de faciliter les discussions entre décideurs politiques, banques partenaires de la BERD, et acteurs du secteur privé sur les bénéfices de la digitalisation du commerce international et son financement. En s’inspirant des expériences internationales, notamment celles de la France, qui a récemment adopté une loi reconnaissant les documents commerciaux numériques, et de la Turquie, où la BERD collabore avec le Ministère du Commerce et des Finances, les participants ont exploré les réformes nécessaires à mettre en œuvre au Maroc.
Shona Tatchell, Directrice du Programme d’Aide aux Échanges Commerciaux (PFE) de la BERD, a ouvert la conférence en soulignant l’importance de soutenir le financement des transactions commerciales par les banques partenaires dans les économies de la BERD. Elle a rappelé que le PFE a soutenu 1 916 transactions en 2023, atteignant un volume annuel record de plus de 2 milliards d’euros. Depuis sa création en 1999, le programme a traité plus de 33 000 transactions, totalisant plus de 33 milliards d’euros.
Tatchell a également mis en avant les réalisations du PFE au Maroc, où il est actif depuis 2013. En collaboration avec sept banques partenaires, le PFE a soutenu 801 transactions commerciales, pour un volume total de 2 milliards d’euros, couvrant divers secteurs tels que les produits alimentaires, les biens agricoles, les équipements industriels, et bien d’autres.
Elle a également évoqué l’importance de la digitalisation du financement du commerce, soulignant que cette transformation nécessite des évolutions législatives pour soutenir le déploiement technologique et créer un environnement commercial harmonisé et numérisé. Le cadre juridique fourni par la loi modèle de la CNUDCI sur les documents transférables électroniques (MLETR) est crucial dans cette démarche, permettant une transition efficace des documents papier aux documents électroniques.
De son côté, Said Maghraoui Hassani, Directeur de la Défense et de la Réglementation Commerciale, a insisté sur les bénéfices de la digitalisation pour augmenter la transparence et réduire la corruption. Il a noté que la réduction des coûts et l’amélioration de la transparence sont des avantages significatifs de la digitalisation. Toutefois, il a aussi reconnu les défis, notamment ceux liés à la reconnaissance des documents digitalisés par toutes les parties prenantes.
Maghraoui Hassani a souligné que, bien que le Maroc ait digitalisé une grande partie de ses procédures administratives, certaines restent encore dépendantes de l’échange papier. Il a appelé à une adoption générale des documents digitalisés, leur donnant le même statut juridique que les documents papier. Cette reconnaissance faciliterait non seulement le commerce, mais aussi l’approvisionnement en documents digitalisés dans d’autres domaines.
La conférence a été structurée autour de deux panels principaux. Le premier, consacré à la digitalisation au Maroc, a permis aux acteurs locaux de partager leurs expériences et initiatives concrètes dans ce domaine. Le second panel a exploré les enjeux et les bénéfices de la digitalisation, en mettant en lumière les initiatives internationales et les efforts de standardisation. Les échanges ont souligné la nécessité de cadres juridiques adaptés pour soutenir cette transition numérique. En collaborant étroitement avec des partenaires internationaux et en adoptant des cadres juridiques soutenant la digitalisation, comme la MLETR, le Maroc pourrait tirer pleinement parti des avantages de la digitalisation, renforçant ainsi sa compétitivité dans un environnement commercial global en constante évolution.
Asmaa Loudni