AFPUne femme passe devant un écran montrant une vidéo d'archive de tir d'artillerie nord-coréenne dans la gare de Séoul, le 5 janvier 2024
Séoul a ordonné vendredi l’évacuation des habitants des îles de Yeonpyeong et de Baengnyeong situées près de la Corée du Nord, après que Pyongyang a tiré environ 200 obus d’artillerie au large de sa côte ouest.
« L’armée nord-coréenne a effectué plus de 200 tirs aujourd’hui entre 09H00 et 11H00 (12H00 et 02H00 GMT) dans les zones de Jangsan-got dans le nord de l’île de Baengnyeong et dans le nord (…) de l’île de Yeonpyeong », a déclaré un responsable du ministère de la Défense.
Les habitants de ces deux îles frontalières sud-coréennes, situées en mer Jaune, ont été priés d’évacuer, selon des responsables locaux. Les autorités de l’île de Yeonpyeong ont ainsi déclaré à l’AFP que l’ordre d’évacuation avait été émis à titre de « mesure préventive ».
« Nous faisons des annonces d’évacuation en ce moment », a pour sa part affirmé un responsable de district de l’île de Baengnyeong (nord-ouest), ajoutant être au courant de la conduite à venir d’un exercice naval par l’armée sud-coréenne.
Dans la foulée du barrage d’artillerie de Pyongyang, la Corée du Sud a dénoncé un « acte de provocation », pressant son voisin d’y mettre un terme et prévenant qu’il répondra par des mesures « appropriées ».
« Nous avertissons sérieusement que la Corée du Nord porte l’entière responsabilité de cette escalade de la crise et nous l’exhortons à cesser immédiatement ces actions », a écrit le ministère sud-coréen de la Défense dans un communiqué. « Notre armée suit et surveille de près la situation en étroite coordination avec les États-Unis », a-t-il ajouté.
En 2010, Pyongyang avait déjà tiré 170 obus d’artillerie sur l’île de Yeonpyeong, faisant quatre morts dont deux civils lors de la première attaque nord-coréenne contre des civils depuis la guerre de Corée (1950-1953).
– « Crise persistante et incontrôlable » –
Les deux Corée ont entamé en 2018 un processus de rapprochement, caractérisé par trois rencontres entre Kim Jong Un et le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in.
Mais les relations entre les deux Corée se sont détériorées jusqu’à atteindre un point bas cette année après le lancement d’un satellite espion par Pyongyang, qui a poussé Séoul à suspendre partiellement un accord militaire de 2018 visant à désamorcer les tensions.
Au terme d’une réunion du comité central du Parti des travailleurs de Corée, fin décembre, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avait ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une « guerre » qui pouvait « être déclenchée à tout moment » sur la péninsule.
Il avait également accusé les Etats-Unis, dans un long discours, de « divers types de menaces militaires » et a ordonné à ses forces armées de maintenir « une capacité de réponse écrasante à la guerre ».
Lors de la réunion du parti, le dirigeant a affirmé ne plus rechercher la réconciliation et la réunification avec la Corée du Sud, soulignant la « situation de crise persistante et incontrôlable » qui, selon lui, a été déclenchée par Séoul et Washington.
En 2023, la Corée du Nord a procédé à un nombre record d’essais de missiles balistiques, en violation de nombreuses résolutions de l’ONU le lui interdisant.
Le pays a également gravé dans sa Constitution son statut de puissance nucléaire, et a testé avec succès le Hwasong-18, le missile balistique intercontinental (ICBM) le plus puissant de son arsenal, capable d’atteindre les Etats-Unis.
LNT avec AFP