Par Afifa Dassouli
L’amélioration des performances du Maroc dans l’ensemble des domaines de qualification lui ont permis d’accéder en avril 2023, à une ligne de crédit modulable, LCM de 2 ans, pour un montant équivalant à 3,7 milliards de DTS (environ 5 milliards de dollars). Il s’agit d’un réel saut qualitatif pour notre pays qui intègre ainsi le club fermé des pays accédant à la LCM, les autres pays étant à ce jour le Mexique, la Colombie, la Pologne, et plus récemment le Chili et le Pérou.
L’approbation de la LCM pour le Maroc témoigne de la confiance du FMI dans les politiques économiques du Maroc, la solidité de son cadre institutionnel et l’élan de ses réformes d’envergure. Le Maroc devient ainsi le premier pays de la région MENA et de l’Afrique à bénéficier de la LCM. L’accès à cette ligne envoie un signal très positif aux marchés mondiaux et aux investisseurs étrangers. La LCM devrait aider le Maroc à relever le défi de la reconstruction de la marge de manœuvre de politique économique, tout en accélérant la mise en œuvre de son programme de réformes structurelles dans un environnement extérieur de plus en plus risqué.
Comme l’a clairement exprimé Antoinette Sayeh, Directrice Adjointe générale du FMI dans la déclaration suivante : « Les politiques macroéconomiques et le cadre institutionnel très solides du Maroc ont permis à son économie de rester résiliente face aux multiples chocs négatifs qui se sont produits au cours des trois dernières années, notamment la pandémie, les deux sécheresses et les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine. À l’avenir, les autorités marocaines restent déterminées à reconstituer des marges de manœuvre de politique économique, à apporter une réponse globale aux nouveaux chocs et à poursuivre la mise en œuvre de vastes réformes structurelles nécessaires pour rendre la croissance économique plus forte, plus résiliente et plus inclusive.
Malgré cette résilience, l’économie marocaine reste vulnérable à une détérioration de l’environnement économique et financier mondial, à une volatilité accrue des prix des matières premières et à des sécheresses récurrentes. Dans ce contexte, l’accord de la LCM renforcera les coussins extérieurs du Maroc et fournira au pays une assurance supplémentaire contre les risques extrêmes. Les autorités ont l’intention de considérer le dispositif de la LCM comme une mesure de précaution et d’y mettre fin dès que la période de 24 mois sera écoulée, en fonction de l’évolution des risques. »
Un nouveau Fonds pour la Résilience et la Durabilité
Par ailleurs, le 13 avril 2022, le Conseil d’administration du FMI a approuvé la création du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RD) qui a pour vocation de fournir un appui stratégique et un financement abordable et à plus long terme (avec une échéance de 20 ans et un délai de grâce de 10 ans) pour aider à accroître la résilience des pays face aux risques à long terme qui pèsent sur la stabilité de la balance des paiements. Il s’agit du premier mécanisme de prêt à long terme du FMI, complétant ainsi le Compte des ressources générales et le Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance.
Les prêts financés au titre de ce fonds fiduciaire servent en premier lieu à soutenir des mesures visant à lutter contre le changement climatique et à améliorer la préparation aux pandémies, compte tenu de l’intérêt de ces mesures pour le bien public mondial. Une coordination étroite avec la Banque mondiale et les autres banques multilatérales de développement et institutions financières internationales concernées est prévue pour tirer parti de compétences comparatives et de connaissances institutionnelles.
Le Fonds RD repose sur des contributions volontaires des pays membres dont la position extérieure est solide. A fin juin 2023, les engagements de contributions s’élèvent à 31,2 milliards de DTS (soit 41,5 milliards de dollars US). Les prêts au titre du Fonds RD s’inscrivent plus largement dans la stratégie de financement des pays membres prévoyant de canaliser des financements officiels multilatéraux et bilatéraux et des financements privés. A ce jour, le FMI a approuvé cinq accords au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité pour lutter contre le changement climatique, en faveur du Costa Rica, du Rwanda, du Bangladesh, de la Barbade, et de Haïti. Durant les récentes Réunions de Printemps du FMI et de la Banque mondiale, la Directrice Générale du FMI a d’ailleurs déclaré que l’institution a opté pour un nombre réduit d’accords dans un premier temps, en prévoyant un examen intermédiaire environ 18 mois après la mise en œuvre du Fonds RD pour tirer les leçons de ces accords pilotes. Et, le Maroc pourrait bien être le prochain pays à en bénéficier, une opportunité unique…