Dans quelques jours, comme le veut la tradition, le Roi Mohammed VI donnera un discours à la nation à l’occasion des célébrations de la Fête du Trône, laissant place certainement par la suite à un mois d’août de repos bien mérité pour tout un chacun en mesure de prendre des vacances.
Ce discours, dans la lignée des précédents, sera sans nul doute porteur de sens, de directives pour l’avancée du pays, de même qu’il pourrait être l’occasion de bilans d’étapes de certaines réformes en cours. Quoi qu’il en soit, au plus haut niveau de l’État il y a un devoir d’exemplarité manifeste qui doit se refléter sur les concitoyens que nous-sommes.
Le Maroc a changé depuis plus de 20 ans et continue de changer pour le mieux, qu’on se le dise. Du développement économique dont les progrès et les succès sont multiples, à la dimension sociale, pour réduire les inégalités et protéger les plus démunis, il y a un chemin parcouru qui est indéniable, au-delà de la politique politicienne qui voudrait que les uns et les autres s’approprient les avancées réalisées.
C’est une véritable feuille de route que le Maroc suit sous impulsion royale, dont le cadre est bien formel et composé notamment de la nouvelle Constitution de 2011, des recommandations du nouveau modèle de développement ou encore des engagements internationaux du pays.
Il ne s’agit pas ici de faire du béni-oui-ouisme ou de céder à la flagornerie, il est simplement indispensable de prendre du recul sur ce qu’on vit pour en évaluer notre contribution.
Certes, de manière presque compulsive, nous avons tendance à critiquer, à atténuer, à nous plaindre, de ce qui se passe chez nous. Certes, l’actualité est pleine de faits divers qui témoignent des déviances encore trop souvent de mise dans notre pays, comme lorsqu’on apprend que même le concours d’avocat comporte de la fraude. Certes, selon les « études » et « sondages », la quasi-totalité des jeunes Marocains rêvent d’ailleurs.
Pourtant, lorsque les Lions de l’Atlas portent haut les couleurs et les valeurs du Maroc, tous les Marocains sans exception, d’ici et d’ailleurs, bombent le torse et sont fiers de leurs origines.
Pourtant, malgré tout l’autodénigrement, il n’y a pas un article négatif ou un contenu portant atteinte de près ou de loin au Maroc, qui circule sur la toile, sans que les boucliers rouges et verts ne se dressent contre.
Ce paradoxe n’est pas si marocain que cela, d’autres peuples ont le patriotisme chevillé au corps également. En revanche, ce qui nous est propre, c’est cette capacité à se défausser de la responsabilité de ce qui se passe dans notre pays, individuellement. Chacun d’entre nous estimant à un moment donné qu’il a le droit de contourner le système parce qu’il a une bonne raison. En économie, c’est ce qu’on appelle la stratégie du passager clandestin, qui profite des avancées collectives mais qui lui, rame dans l’autre sens pour son propre intérêt.
Alors bien sûr, il y a déjà des citoyens marocains vertueux, et d’autres qui considèrent ne pas avoir de leçons à recevoir. Mais, pour tous les autres, il y a un effort à faire, chacun en son âme et conscience, pour contribuer à tirer le Maroc vers le haut, ne pas se contenter de la médiocrité ou le poids du passé.
La considération d’autrui, en particulier, nous fait souvent défaut, lorsqu’on estime qu’on peut doubler à droite, s’arrêter en double file ou se mettre devant le feu comme si notre nuque avait des yeux. Idem, tendre un billet pour accéder plus rapidement que notre voisin à un service quelconque, ne pas s’arrêter au passage piéton, jeter nos ordures juste à côté de la poubelle commune qui est déjà pleine, ne pas payer nos impôts, frauder à tout type d’échéance, accélérer sans payer le gardien, la liste est longue… Alors bien sûr, on peut imputer tout cela aux carences de l’État, à l’échec de l’éducation nationale, ou dire que c’était bien mieux avant.
En réalité, le Maroc est à l’image des Marocains et tout s’accumule, le bon comme le mauvais. C’est le fameux effet papillon, qui un peu comme le Karma, fait que chaque effort peut être annulé par une action contraire. Le Maroc a autant besoin des Marocains pour avancer que les Marocains ont besoin de lui pour exister. A bon entendeur, bonnes vacances !
Zouhair Yata