Rabat : La valorisation des ressources humaines au centre de la 7ème édition du Forum parlementaire international sur la justice sociale
La qualification et la valorisation du capital humain sont une condition indispensable pour passer à la vitesse supérieure sur la voie du développement au Maroc et aussi exploiter de manière durable, inclusive et responsable les potentialités du pays, a affirmé mardi le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Rida Chami.
Dans son intervention à l’ouverture des travaux de la 7ème édition du Forum parlementaire international sur la justice sociale organisée par la Chambre des conseillers sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, il a souligné que le CESE considère que la sauvegarde et le transfert des compétences doivent être placés au cœur de toutes les politiques et stratégies de gestion du capital humain, indiquant que le Conseil propose sur ce registre une panoplie d’orientations stratégiques et de mesures pratiques.
Parmi lesquelles, il a cité la mise en place d’un système intégré de développement des compétences et d’apprentissage à vie, la modernisation de la gestion des ressources humaines dans tous les milieux professionnels (public et privé) reposant sur l’évaluation, la motivation, le mérite et l’accompagnement, outre l’évaluation objective du rendement, des conditions de travail aux normes des législations nationales et des conventions internationales, une cartographie des compétences transférable aux générations futures ou encore la sauvegarde des métiers menacés de disparition.
Des orientations et des mesures auxquelles s’ajoutent l’élargissement du champ du système de validation des acquis professionnels pour englober les compétences et les aptitudes acquises à la fois sur les plans personnel et professionnel en dehors des programmes formelles de formation, l’adoption de labels sociaux décernés aux entreprises soucieuses des conditions convenables de travail et de la valorisation des ressources humaines ainsi que l’ouverture à l’initiative des pouvoirs publics concernés d’un dialogue avec l’ensemble des partenaires socio-économiques sur les meilleurs moyens de permettre au pays d’être en phase avec les évolutions incessantes dans le monde du travail et aussi de consolider sa résilience.
M. Chami a fait savoir, à ce propos, que les différents rapports et avis issus du CESE ont porté sur des politiques et programmes publics soucieux de la valorisation du capital humain, s’attardant aussi sur les réalisations durant les deux dernières décennies dans les domaines de l’éducation, la santé, la lutte contre la pauvreté et les disparités sociales, la valorisation du revenu personnel, l’inclusion socio-économique ou encore la consolidation des compétences et de l’employabilité.
Il a aussi noté que malgré tous les efforts déployés et les résultats positifs obtenus, il n’en reste pas moins que certains déficits subsistent, freinant une réelle et meilleure exploitation du capital humain ainsi que les potentialités démographiques à même de booster le développement socio-économique du Royaume et sa compétitivité sur le plan international.
Le président du CESE a également pointé des dysfonctionnements notamment sur le plan de la qualification et la formation du capital humain en raison des faiblesses du système de l’éducation et de la formation, le décrochage scolaire, l’inadéquation des formations avec les besoins du marché de l’emploi ainsi que les difficultés posées sur le plan de l’accès à des soins de santé disponibles et de qualité surtout dans le monde rural et les zones montagneuses, outre le fait que 4,3 millions de jeunes âgés de 15 à 34 ans se trouvent hors du circuit scolaire, de la formation et du marché de l’emploi, la faiblesse de la participation de la femme dans l’activité économique située ces dernières années à seulement 20 % ou encore la fuite des cerveaux et la faiblesse du rendement au niveau national.
Toujours sur ce registre, M. Chami a fait état du lancement de deux avis consultatifs au sujet des deux derniers rapports du CESE sur la valorisation du capital humain, ainsi que la promotion du transfert des compétences dans le milieu professionnel, se félicitant du grand intérêt accordé à la question par les citoyens dans leur réactivité par rapport à ces deux avis consultatifs et leur plaidoyer pour une refondation du système de transfert des compétences.
Chiffres à l’appui, il a fait savoir que le nombre des réactions enregistrées au sujet de ces deux avis consultatifs s’élève à environ 102.000 suggestions, soulignant que la formation continue et l’apprentissage à vie représentent la préoccupation majeure des participants à cette consultation dont plus de 68 % considèrent que cela est un facteur déterminant dans la valorisation du capital humain et plus de 56 % estimant que la formation continue et l’apprentissage à vie est une protection contre les évolutions incessantes dans le domaine du travail.
Quant aux craintes suscitées par les défis posés devant le capital humain, les résultats font ressortir que plus de 60 % des participants placent les transformations numériques et techniques en haut du tableau, suivies par le la fuite des cerveaux (59,34 %), l’émergence de nouveaux métiers (39,42 %), les risques de l’intelligence artificielle sur les opportunités d’emploi (34,02 %) et enfin la compétitivité internationale (30,29 %).
Face aux défis posés, les participants ont préconisé un renforcement des systèmes de gestion des changements à travers la consolidation des mécanismes de la protection sociale, l’organisation des nouveaux modes de travail ou encore la facilitation de la transition professionnelle, insistant tout particulièrement sur quatre mesures prioritaires à savoir des outils incitatifs en faveur du transfert des compétences, un programme national de sauvegarde des métiers en voie de disparition surtout dans le domaine de l’artisanat et enfin l’accélération de la cadence de transfert des compétences et aptitudes des services centraux vers les régions.
LNT avec MAP