AFPDes civils évacués de Kherson, ville ulkrainienne occupée par les troupes russes, le 26 octobre 2022
Confrontée à l’avancée des forces ukrainiennes, la Russie a annoncé vendredi avoir terminé l’évacuation des résidents de la région ukrainienne de Kherson que Moscou occupe, un transfert de population qualifié de « déportations » par Kiev.
L’armée ukrainienne s’apprête à livrer une féroce bataille pour reprendre la ville de Kherson et les districts environnants sur une rive du fleuve Dniepr.
La cité de quelque 288.000 habitants avant-guerre est occupée depuis les premiers jours de l’invasion russe. Et l’occupation a juré d’en faire une « forteresse » pour résister à l’offensive ukrainienne dans toute cette région dont le Kremlin revendique l’annexion.
Les autorités installées par Moscou à Kherson avaient réclamé le 13 octobre l’évacuation des habitants de la rive exposée du Dniepr vers l’autre rive puis vers des régions de Russie face à l’avancée des forces ukrainiennes.
Ce transfert de civils serait donc désormais achevé.
« Le travail organisant le départ des habitants (…) vers des régions sûres en Russie est achevé », a déclaré jeudi soir Sergueï Aksionov, le dirigeant de la Crimée, péninsule avoisinante de Kherson annexée en 2014 par Moscou.
« Je suis heureux que ceux qui voulaient quitter rapidement et en tout sécurité le territoire bombardé par les forces armées ukrainiennes ont pu le faire », a-t-il dit sur Telegram après un déplacement dans la région avec le directeur adjoint de l’administration présidentielle russe Sergueï Kirienko.
Mercredi, le chef de l’occupation russe à Kherson, Vladimir Saldo, a affirmé qu’au moins 70.000 résidents avaient quitté leurs domiciles en moins d’une semaine.
Le commandement militaire ukrainien a lui relevé dans son rapport quotidien sur les dernières 24 heures publié vendredi que « la prétendue +évacuation+ du territoire temporairement occupé de la région de Kherson se poursuit ».
Il a noté un « renforcement du groupe ennemi sur la partie de la rive droite » de la région de Kherson, tout en assurant infliger de lourdes pertes à Moscou.
– Pertes tchétchènes –
Signe de l’intensité des combats près de Kherson, le dirigeant de la république russe de Tchétchénie Ramzan Kadyrov, dont les forces combattent en Ukraine, a annoncé la mort de 23 de ses soldats dans un bombardement ukrainien qui a fait aussi 58 blessés.
M. Kadyrov est un partisan de la ligne « dure » face à Kiev, ayant appelé à des frappes nucléaires et assurant que ses troupes y menaient une guerre sainte contre des « satanistes ».
Ailleurs sur le front, les autorités ukrainiennes ont rapporté des bombardements russes ayant endommagé deux immeubles résidentiels et une boulangerie à Mykolaïv, dans le Sud, faisant un blessé.
Dans la région de Donetsk, dans l’Est, cinq personnes ont été tuées et 9 autres blessées ces dernières 24 heures, notamment à Bakhmout, autre point chaud du front que les forces russes tentent de prendre depuis l’été, selon le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko.
Les responsables russes Sergueï Aksionov et Sergueï Kirienko ont eux annoncé jeudi soir avoir visité la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe sous occupation russe depuis mars.
Moscou et Kiev s’accusent depuis des mois de dangereux bombardements de cette centrale dont Moscou a revendiqué l’annexion plus tôt en octobre, tout comme celle de quatre régions ukrainiennes partiellement occupées en septembre.
La Russie a multiplié ces dernières semaines les bombardements visant les infrastructures électriques ukrainiennes, si bien que le courant est rationné dans l’essentiel du pays.
Vladimir Poutine a aussi accusé l’Ukraine de préparer l’explosion d’une « bombe sale », des allégations que Kiev et les Occidentaux ont dénoncé comme « absurdes » et pouvant servir à Moscou de prétexte pour une escalade.
S’exprimant lors d’un forum politique jeudi, le président russe a appelé à envoyer « au plus vite » une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en Ukraine. Celle-ci compte mener cette semaine une « vérification indépendante ».
Enfin, Vladimir Poutine a estimé jeudi que le monde entrait dans sa décennie « la plus dangereuse » depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, inscrivant le conflit qu’il a lancé en Ukraine dans une lutte globale contre l’hégémonisme occidental.
LNT avec AFP