Un papillon butine une fleur de lavande à Correns dans le Vars, le 1er juillet 2018
La Commission européenne a démenti catégoriquement vouloir interdire les huiles essentielles dans sa révision d’une loi restreignant les substances chimiques nocives, après la publication dimanche d’une tribune de cent sénateurs français s’alarmant d’une « menace » pour la culture de la lavande.
Dans un texte intitulé « La lavande provençale est en danger », publié dans le JDD, les parlementaires estiment que la révision, en cours d’élaboration à Bruxelles, de la réglementation européenne sur les produits chimiques représente « un danger immédiat » pour « toute la filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales », soit en France 25.000 emplois directs ou indirects.
« Pour l’UE, la lavande est un produit chimique dont la toxicité doit être évaluée, notamment les effets perturbateurs endocriniens (…) L’obligation de tester chacune des 600 molécules d’une huile essentielle est inapplicable et inopportune » alors que « les huiles testées dans leur globalité n’induisent pas d’effets délétères », font-ils valoir, accusant Bruxelles d' »inciter à remplacer les molécules naturelles par des molécules de synthèse provenant du pétrole ».
Pour l’exécutif européen, qui démonte cet argumentaire depuis plusieurs années, ces inquiétudes n’ont pas lieu d’être.
« Les huiles essentielles sont déjà définies comme des substances chimiques et réglementées comme telles (…) Dans les révisions prévues, la Commission n’envisage absolument pas de modifier cette définition, ni de commencer à exiger l’analyse de chaque molécule des huiles essentielles », a réagi une porte-parole de l’institution auprès de l’AFP.
« La révision du règlement REACH (sur les substances chimiques) n’inclut aucun plan visant à interdire les huiles essentielles », a-t-elle souligné.
En revanche, en parallèle, « certains États membres évaluent actuellement la possibilité de développer un dossier pour restreindre les +sensibilisants cutanés+ (composants provoquant une réaction allergique, NDLR) dans les produits de consommation » en se basant sur la réglementation révisée, et une telle restriction, du ressort des autorités nationales, « pourrait affecter l’utilisation de l’huile essentielle dans les produits de consommation », reconnaît la Commission.
La révision des textes européens devrait définir de nouvelles catégories pour les perturbateurs endocriniens et substances « persistantes, accumulables (dans le corps) et toxiques », mais « dans tous les cas, cela ne signifiera pas une interdiction des huiles essentielles », insiste la porte-parole, précisant que les détails de la révision ne sont pas encore fixés.
Les propositions de révision élaborées par la Commission devront être approuvées par le Parlement européen et les Etats membres, mais ne nécessiteront pas de transposition dans le droit national par les Parlements nationaux des Vingt-Sept pour être applicables -ce que dénoncent également dans leur tribune les sénateurs français.
LNT avec Afp