Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
À l’occasion de son passage au Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde, nous avons croisé Ibrahim Maalouf qui a parlé de ses inspirations et du caractère sacré de la musique.
La Nouvelle Tribune : Selon vous, quelle est la nature du lien entre la musique et le sacré ?
Ibrahim Maalouf : De mon point de vue, la musique est sacrée. Et même lorsqu’elle ne l’est pas forcément, elle reste liée à la liturgie ou à la religion. La musique est un langage qui touche très vite le coeur. Pour moi, c’est sacré. Personnellement, j’ai toujours été inspiré par les cultures sacrées. Je pense aussi que toutes les plus belles choses qui ont été crées dans l’art, elle l’ont été à travers le sacré. Même les musiques que j’apprécie le plus, que ce soit la musique classique comme celle de Jean-Sébastien Bach, ou encore la musique américaine comme le Gospel, ou encore la musique arabe d’Oum Kalthoum et Fairouz.
De plus, cela n’a pas été facile de faire sortir le Gospel de l’Eglise et de le chanter en scène, n’est-ce pas ?
C’est vrai et le jour où le Gospel s’est produit sur scène, cela a bouleversé tout le monde. Des artistes ont payé cher tout ça. Oum Kalthoum a payé très cher, car le chant des femmes n’a pas été autorisé à l’époque. Je pense qu’on est entouré d’une culture dont l’ADN est vraiment dans la culture du sacré.
Quels messages apportez-vous à Fès ?
Je suis venu ici pour partager des émotions et une musique que j’aime. Une musique très métissée à la fois que j’ai composée et celle que je n’ai pas composée, mais qui appartient à cette culture de métissage que j’aime. L’orchestre avec lequel j’ai décidé de venir jouer en concert ce soir, l’Haidouti Orkestra, qui est un tout mélange des différentes cultures de la Méditerranée, du Moyen Orient, de l’Europe, de l’Europe de l’Est et du Sud, de l’Afrique du Nord…Il’y a toute cette culture là en une musique qu’on appelle la Musique Gypsy. C’est une musique qui m’inspire qui me donne envie de faire la fête et être dans la spiritualité. C’est en fait ce que j’ai souhaité partager avec vous ce soir au Festival de Fès. Et c’est important qu’il existe un festival pareil qui rappel ce fort lien entre la musique et le sacré et que l’art est toujours lié à une forme de spiritualité.
Propos recueillis par H.Z