Crédit du Maroc (CDM) a réuni la presse pour lui présenter ses résultats annuels ce mardi 2 mars. Mais au-delà des chiffres, le groupe est également revenu sur sa stratégie de développement ambitieuse pour les prochaines années.
M. Bernard Muselet, président du directoire, après avoir rappelé le comportement du secteur bancaire en 2020, marqué par une forte résilience, une hausse des besoins en liquidité, mais surtout une explosion du risque, est revenu d’une part sur les actions du groupe pour ses clients, avec 258 MDH d’échéances reportées et plus de 100 000 bénéficiaires d’aides sociales, mais également pour ses employés, avec des dispositions de sécurité et un très faible recours au chômage partiel.
Résilience de l’activité commercial
Les emplois clientèle ont enregistré un repli limité de 0,7% à 43,89 MMDH par rapport à l’exercice 2019. En dépit du contexte de la crise actuelle, les crédits aux particuliers se montrent résistants en clôturant l’année 2020 avec des encours quasi-stables (-0,4%), tirés principalement par les crédits à l’habitat, dont l’encours s’accroît de 2,1%. En revanche, les crédits à la consommation se replient de 9,3%.
Pour leur part, les crédits aux entreprises parviennent à limiter l’impact de la crise sanitaire au cours de l’année 2020 en contenant leur baisse à 0,3% pour s’établir à 23,01 MMDH, portés par le bon comportement des crédits court terme (facilités de trésorerie), qui augmenté de 10,1%. À l’inverse, les crédits à l’équipement et les encours de crédit-bail ont reculé respectivement de 9,2% et de 9,4%, en lien avec le report des projets d’investissement induit par la crise économique.
Concernant la collecte clientèle, CDM a généré des ressources bilan en appréciation de 1,6% à 44,52 MMDH comparativement à 2019. Cette performance reflète l’épargne de précaution des particuliers et entreprises et se retrouve essentiellement dans la hausse des comptes à vue de 5,7% et celle des comptes d’épargne de 0,9%. Hors dépôts à terme qui enregistrent une baisse de 31,7%, la collecte bilan du Crédit du Maroc affiche une progression de 4,2%.
Les ressources hors bilan ont progressé de 12,2%, portées conjointement par l’évolution des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) de 14,6% et de l’assurance vie de 7,8%.
En dépit de la conjoncture difficile, les primes collectées en assurance non vie parviennent à terminer l’année 2020 sur une hausse de 0,2% grâce à la diversification de l’activité. Cette croissance découle, notamment, de la bonne tenue des branches assurance des emprunteurs (+1,7%) et dommage (+2,8%). A contrario, la prévoyance et l’assistance s’inscrivent en baisse de 4,5% et 6,4% respectivement.
Le poids du risque
Le RNPG de CDM s’est ainsi établi à 190,3 MDH au titre de l’année écoulée, en baisse de 62,6% par rapport à 2019, du fait du don de 85 MDH au fonds spécial et de la forte hausse du coût du risque.
Le résultat brut d’exploitation, lui, s’est situé à 1,06 MMDH, en retrait de 4,5% par rapport à l’exercice précédent, ce recul s’expliquant par la hausse des charges générales d’exploitation qui reste malgré tout limitée à 2,2%, et du don. Le coefficient d’exploitation s’accroît de 53,8% en 2019 à 55,4% en 2020, soit une hausse de +166 pbs. Retraité du don, ce coefficient ressort à 51,9%, en amélioration de 190 pbs par rapport à 2019.
Comme pour l’ensemble du secteur bancaire, le coût du risque consolidé a enregistré, à fin 2020, une très forte augmentation, de 124,7% à 721,7 MDH, soit une hausse annuelle du taux de coût du risque de 90 points de base à 164 points de base. Cette hausse provient, essentiellement, de l’intégration des impacts de la crise du covid-19 dont une part significative de provisionnement des encours sains. Preuve de sa politique prudente de provisionnement, CDM affiche un taux de couverture qui s’est accru de 2,6% à 93,4%.
Le PNB a accusé un léger repli de 0,9% à 2,38 MMDH, en raison principalement de la diminution de la marge sur commissions de 8,1% à 385,5 MDH. Cette évolution est liée notamment à la baisse des flux en agence et des flux monétiques en lien avec le confinement et au recul de l’activité import/export.
La marge nette d’intérêt s’est, quant à elle, élevée à près de 1,86 MMDH, soit une augmentation de 0,3% par rapport à l’exercice 2019. Cette croissance est portée par la bonne orientation des capitaux gérés et l’optimisation du coût de la ressource.
Pour ce qui est du résultat des opérations de marché, il a progressé de 5,4% à 226,3 MMDH, tiré par la bonne tenue de l’activité change.
Un projet d’entreprise ambitieux
Sur le volet des investissements, CDM a engagé sur l’année écoulée un montant total de 344,3 MDH, porté pour l’essentiel par les projets IT et le projet de son nouveau siège, Les Arènes. Si ce projet a pris un léger retard, au vu de la situation actuelle, il « est sur les rails », selon M. Muselet, et tient en 5 piliers principaux. Le premier est un focus absolu sur la satisfaction client, avec le souhait d’être dans le top 3 des IRC (indice de recommandation client), et n°1 en 2025. Le deuxième est l’ambition d’être « la meilleure société où travailler ». Le troisième est d’agir en tant que banque verte et responsable. Ensuite, vient l’idée « d’installer les fondations pour servir de socle transversal », à travers la transformation de l’infrastructure SI, le nouveau siège en 2022, un nouveau modèle de distribution, et une accélération du digital. Enfin, le dernier pilier tient à la pérennisation de l’entreprise, à travers sa solidité financière notamment.
Crédit du Maroc, qui s’appuie sur un très grand groupe international, a ainsi de grandes ambitions de développement qui n’ont pas été freinées par le covid, au contraire, le groupe ayant encore plus renforcé sa solidité et ses fondamentaux, pour aborder ses projets avec sérénité.
Selim Benabdelkhalek