Premières injections du vaccin contre le Covid-19 au Brésil, devant la statue du Christ Rédempteur qui domine Rio de Janeiro, le 18 janvier 2021 © MAURO PIMENTEL/AFP MAURO PIMENTEL
Le Brésil a démarré lundi sa campagne de vaccination contre le Covid-19, et la France et le Royaume-Uni ont élargi la leur, dans une course à l’immunisation qui a vu plus de 40 millions de doses de vaccins déjà administrées dans le monde.
La maladie a fait plus de deux millions de morts dans le monde et un rapport d’experts indépendants devant être présenté mardi à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) accuse cette dernière et la Chine d’avoir tardé à prendre la mesure de la situation.
A ce jour, selon un décompte de l’AFP, au moins 60 pays ou territoires, regroupant 61% de la population mondiale, ont lancé leur campagne de vaccination. Mais 11 pays concentrent 90% des doses injectées.
Le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a averti que le monde ferait face à un « échec moral catastrophique » si les pays riches accaparaient les vaccins au détriment des pays pauvres.
Le Brésil, une des nations les plus touchées – avec plus de 210.000 morts recensés officiellement, un chiffre très sous-évalué selon les spécialistes – a lancé sa campagne lundi, deux jours plus tôt que prévu, sous la pression des gouverneurs des Etats.
Le défi logistique est de taille dans ce pays de 210 millions d’habitants aux dimensions continentales, où deux premiers vaccins – le chinois CoronaVac et le britannique d’Oxford/AstraZeneca – sont administrés.
– Campagne massive en Russie –
En Russie, où la vaccination d’enseignants et de soignants avait commencé à petits pas en décembre, une campagne massive a démarré lundi, dans l’espoir de freiner l’épidémie sans réimposer de confinement national.
La semaine dernière, le président Vladimir Poutine avait ordonné que toute la population russe, soit 146 millions de personnes, ait accès au Spoutnik V.
Frappé par un variant du virus jusqu’à 70% plus contagieux selon les autorités sanitaires, le Royaume-Uni a accéléré sa campagne, ouverte désormais aux plus de 70 ans.
Le Premier ministre Boris Johnson a assuré que « 140 vaccins par minute » étaient administrés dans le pays. Dans le même temps, une personne atteinte du Covid-19 est admise à l’hôpital toutes les 30 secondes, a assuré le ministre britannique de la Santé Matt Hancock.
En France, les injections concernent depuis lundi les plus de 75 ans, alors qu’elles étaient jusqu’alors réservées aux publics prioritaires comme les résidents de maisons de retraite et les soignants.
– Des Indiens sèchent la vaccination –
L’Inde, qui avait entamé sa campagne samedi, compte vacciner d’ici juillet 300 millions de personnes.
Son gouvernement a intensifié lundi ses efforts pour renforcer la confiance, alors que près d’un tiers des personnes appelées à se faire vacciner ne s’étaient pas présentées.
En Norvège, les autorités sanitaires ont estimé qu’il n’y avait pas de lien établi entre le vaccin Pfizer/BioNTech et le décès de 33 personnes âgées ayant reçu une première dose. Parmi les 13 cas étudiés de plus près pour l’instant, « ce sont tous des gens qui étaient très âgés, fragiles et avaient des maladies graves », a déclaré la directrice de l’autorité norvégienne de santé publique, Camilla Stoltenberg.
« Quarante-cinq personnes meurent chaque jour dans les établissements médicalisés en Norvège. Donc ce n’est pas établi qu’il y ait une surmortalité ou que ce soit lié aux vaccins », a ajouté Mme Stoltenberg. La Norvège recommande toutefois une évaluation médicale avant l’administration du vaccin à un personne très fragile ou en fin de vie.
Quant au nouveau variant du coronavirus identifié en Afrique du Sud en octobre, désormais prédominant dans le pays, il n’est pas plus mortel mais 1,5 fois plus contagieux, a affirmé lundi un panel d’experts sud-africains. Il s’agit du pays d’Afrique le plus affecté par la pandémie, avec 37.000 morts pour 58 millions d’habitants.
– Cacophonie entre Trump et Biden –
Aux Etats-Unis, la cacophonie règne entre le camp du président sortant et celui du président élu: Donald Trump a annoncé lundi la prochaine réouverture des frontières américaines aux ressortissants européens de l’espace Schengen, aux Britanniques, Irlandais ainsi qu’aux Brésiliens à compter du 26 janvier, mais il a été aussitôt contredit par la porte-parole de Joe Biden.
La décision de Donald Trump était justifiée par l’instauration, à la même date, d’une obligation de présenter un test négatif de dépistage du coronavirus à l’entrée sur le territoire américain.
Mais « ce n’est pas le moment de lever les restrictions sur les déplacements internationaux », a déclaré sur Twitter Jen Psaki, qui doit devenir la porte-parole du nouveau président Biden, officiellement investi mercredi.
Les Etats-Unis font actuellement face à la pire phase de la pandémie que le pays ait connue, avec plus de 21.000 décès sur les sept derniers jours.
En Suisse, le télétravail est devenu obligatoire lundi « partout où cela est possible » et les magasins non essentiels ont fermé.
L’Italie a reconfiné lundi trois régions jugées à haut risque.
Et le gouvernement sénégalais a annoncé lundi la prolongation pour au moins huit jours du couvre-feu nocturne en vigueur dans deux régions, dont Dakar.
– Chine et OMS accusés de lenteur –
Quant à la Chine, où le virus est apparu fin 2019, elle a confiné lundi environ trois millions d’habitants supplémentaires dans le nord-est du pays, après de nouveaux cas.
Pékin comme l’OMS sont sévèrement mis en cause dans la propagation de la maladie qui a jusqu’ici fait 2.031.048 morts dans le monde, dans un rapport d’experts indépendants devant être présenté mardi à l’OMS.
Pour ces experts, « des mesures de santé publique auraient pu être appliquées plus énergiquement par les autorités chinoises » en janvier et l’OMS aurait dû se réunir bien « avant la troisième semaine de janvier » pour discuter d’une « urgence de santé publique de portée internationale ».
LNT avec Afp