Développement des places de marché en ligne et numérisation à marche forcée, magasins physiques à réinventer… L’année 2020, marquée par la crise sanitaire, a vu s’accélérer de manière spectaculaire de grandes transformations dans les commerces.
Places de marché numérique: le tube de l’année?
« La transformation digitale de nos clients est devenue une évidence », explique Philippe Corrot, cofondateur de la licorne française Mirakl, en plein boom avec sa solution logicielle de création et gestion de places de marché sur internet (« marketplaces »).
Si de nombreux partenaires ont été « affectés » par la crise, 2020 a malgré tout été une année faste pour l’entreprise, qui s’achève avec l’annonce du lancement d’une place de marché « à très fort potentiel », selon lui, pour le géant du bricolage Leroy Merlin.
Selon Akim Denora, directeur Omnicommerce de l’enseigne de l’Association Familiale Mulliez (AFM), elle va permettre de proposer « une offre quasi illimitée », avec aussi des produits proposés par des vendeurs extérieurs.
Que ces derniers vendent directement permet en outre aux distributeurs de ne plus avoir à gérer les stocks… et leurs coûts.
« Quasiment toutes les enseignes, (…) qu’elles soient en ligne ou non à l’origine, sont en train d’ouvrir des +marketplaces+ », observait au début de l’automne Edouard Nattée, directeur général de Foxintelligence, qui mesure l’activité des entreprises de e-commerce.
Magasins « augmentés »
Inquiétudes sanitaires, appels à limiter les déplacements… Le modèle du magasin « en dur » a été mis à l’épreuve.
« Les clients n’ont pas encore suffisamment retrouvé le chemin de leurs commerces », relevait fin décembre l’association de fédérations du commerce Conseil du commerce de France (CDCF).
Pour les faire revenir, certaines enseignes tentent de réinventer leurs boutiques. C’est le cas de Go Sport, qui vient de rouvrir un de ses magasins emblématiques place de la République à Paris: son président Philippe Favre veut en faire « un espace d’expertise et de conseil », via la formation de certains salariés « comme coaches sportifs » par exemple. Une piste d’athlétisme « de 30 mètres » est aussi en construction. Objectif: « que les clients se sentent dans un environnement sportif » et que le magasin « complète le numérique ».
Les clients aujourd’hui « vont prendre beaucoup d’informations en amont sur le web, seront nombreux à passer en magasin pour échanger avec les vendeurs, voir les produits, avant de retourner sur le site pour finaliser les commandes », abonde Akim Denora à Leroy Merlin.
Seconde main en force
Ikea, Zalando, La Redoute, et même Auchan: de nombreuses enseignes se sont mises en 2020 à l’offre de seconde main, notamment dans le textile où la pression est forte avec l’engouement pour le site spécialisé Vinted.
« Il semble que ce soit une tendance qui change l’industrie et qui persiste », expliquait fin octobre le PDG de ce dernier, Thomas Plantenga, à l’AFP. « Que les gens sentent que l’industrie a besoin de changer, qu’elle a besoin d’être plus circulaire, cela bénéficiera à la société. »
Engagement éthique, mais aussi arbitrage économique sont les clés de cet engouement, particulièrement vif parmi les plus jeunes. Cela profite au site français Le Bon Coin, mais aussi aux vendeurs en ligne: la place de marché numérique Rakuten a noté dès le 25 décembre « plus de 300.000 nouvelles annonces » de cadeaux revendus en une matinée en France. Même constat chez le concurrent eBay avec « 600.000 annonces liées à la revente des cadeaux de Noël » en une journée.
Prime à la proximité
« La production de biens de consommation pour une valeur de près de 5 milliards d’euros pourrait être relocalisée en France au cours des douze prochains mois », estimait dans une étude mi-novembre le cabinet de conseil en transformation d’entreprises Alvarez & Marsal.
Les raisons de cette montée en puissance? D’une part, éviter les ruptures de chaînes d’approvisionnement lointaines, davantage soumises aux aléas diplomatiques et sanitaires (fermetures des frontières, droits de douanes…). D’autre part, répondre aux préoccupations de consommateurs désireux de soutenir les producteurs locaux. C’est notamment perceptible pour les achats alimentaires, selon une autre étude réalisée par Accenture et SAP: les circuits courts, comme l’achat direct aux producteurs ou les commerces de proximité, ont tiré leur épingle du jeu en 2020.
LNT avec Afp