La Banque Africaine de développement (BID) et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ont organisé conjointement, ce mardi 17 novembre, un webinaire sur le thème « Impact de la pandémie Covid-19 sur les perspectives mondiales d’investissement ». Son objectif principal était de présenter les données principales du rapport 2020 sur l’investissement mondial, avec un focus particulier sur les IDE et leurs tendances aux niveaux régional et national, ainsi que des mesures pour favoriser leur dynamisme.
Lors de son intervention d’ouverture, M. Oussama Kaissi, CEO de l’ICIEC (Islamic Corporation for the Insurance of Investment and Export Credit), a rappelé tout d’abord que la pandémie a provoqué une disruption massive des flux au niveau mondial, ainsi qu’une poussée des politiques protectionnistes à travers le monde. Mais il a surtout expliqué que la crise actuelle a simplement été précipitée par la Covid. En effet, selon lui, le monde avançait petit à petit vers la crise, avec des tendances arrivant à bout de souffle (nouvelles technologies, obstacles à la production à l’international, montées nationalistes), et la pandémie a provoqué en quelques mois une crise qui aurait pris des années à se développer.
La BID, qui a mobilisé plus de 2,3 milliards $ de fonds pour aider ses pays membres à faire face à la crise, a séparé la réponse à la covid en 3 phases : respond, restore and restart (répondre, restaurer et redémarrer). Ces phases correspondent aux horizons des objectifs : répondre à court terme (confinement, garanties, soutien, etc.), restaurer ensuite (restructurer les secteurs et les entreprises, attirer des investisseurs…), et redémarrer enfin, pour retrouver les niveaux de production et d’échanges pré-covid. Pour cela, il a appelé à plus de coopération sud-sud, et une promotion de la pérennité de la finance islamique.
Les IDE en forte baisse
Les IDE au niveau mondial, selon les projections de la BID, vont connaître une baisse de 40% entre 2019 et 2021, avec un rebond graduel en U à partir de 2022. En effet, le cycle d’investissement étant plus lent que celui du commerce, par exemple, un rebond en V n’est pas possible. De plus, les projections globales sont très incertaines, et dépendent de la durée de la crise et de l’efficacité des politiques de réponse. Les tensions amènent plus d’incertitudes, donc des challenges supplémentaires sur le long terme. L’impact encore plus fort pour les pays en développement, qui dépendent fortement des IDE pour nombre d’entre eux. En effet, les investisseurs, en temps de crise, se tournent vers la sûreté, donc les investissements dans les économies développées. Pour la première partie de l’année, les investissements globaux ont baissé de 47%, et de plus de 70% pour les pays en développement. Si ceux-ci font preuve de résilience, il ne faut pas oublier que beaucoup de ces pays ont subi la pandémie plus tard. Il y a tout de même un aspect positif : malgré la baisse, le stock des IDE globaux va continuer à jouer un rôle important, parce que ce capital est déjà présent dans les pays.
Selon la BID, l’investissement devrait, après la crise, s’orienter vers la diversification et la pérennité, avec un focus régional et local accentué, des chaînes de valeur plus courtes et des investissements dans des produits aux capacités industrielles plus larges, et on devrait voir une accélération encore plus forte de la digitalisation, permettant de nouveaux services, et de nouveaux acteurs.
SB