Des supporteurs de Donald Trump l'attendent avant une réunion publique, le 1er novembre 2020 à Dubuque (Iowa) © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP MARIO TAMA
La présidentielle américaine devrait se jouer dans dix Etats-clés, susceptibles de basculer d’un parti à l’autre, où Donald Trump et Joe Biden ont multiplié les déplacements dans la perspective du 3 novembre, pour obtenir les 270 voix du collège électoral nécessaires pour être élu.
En 2016, Donald Trump avait gagné les six principaux Etats cruciaux: Floride, Pennsylvanie, Michigan, Caroline du Nord, Wisconsin et Arizona. Quatre ans plus tard, le candidat démocrate Joe Biden est donné en tête dans chacun d’entre eux selon les sondages compilés par le site RealClearPolitics.
L’ancien vice-président est aussi favorablement positionné en Géorgie, un Etat qui n’a plus voté démocrate à la présidentielle depuis 1976.
Il convient de préciser qu’au même stade, en 2016, Hillary Clinton était donnée gagnante en Pennsylvanie, dans le Michigan et dans le Wisconsin, face à Donald Trump.
– Floride –
Donald Trump ne doit pas perdre le « Sunshine State » (29 grands électeurs), qui compte une large communauté d’origine cubaine et de très nombreux retraités, deux groupes traditionnellement conservateurs.
L’avance de Joe Biden dans les sondages, qui dépassait quatre points début octobre, a fondu à moins d’un point. Le candidat démocrate espère attirer les jeunes urbains, notamment les latinos, sensibles aux questions d’immigration.
Après George W. Bush en 2000, Donald Trump avait remporté l’Etat d’un fil, grâce aux seniors. Or cette population a été la plus touchée par la pandémie de coronavirus, et elle pourrait punir la Maison Blanche pour sa gestion de l’épidémie.
– Caroline du Nord –
Donald Trump compte sur la population blanche, rurale et plutôt âgée, ainsi que sur la communauté évangélique dont le soutien a été décisif en 2016. Joe Biden doit faire le plein des votes afro-américains et des jeunes urbains pour emporter les 15 grands électeurs de cet Etat.
Les enquêtes d’opinion montrent que, là aussi, l’avantage de l’ancien vice-président a fondu dans les sondages, et est désormais infime.
– Pennsylvanie –
Il y a quatre ans, Donald Trump s’était imposé sur le fil dans cet Etat traditionnellement démocrate (20 grands électeurs) marqué par le déclin industriel. Pour le reprendre, Joe Biden, qui y possède quatre points d’avance, compte sur les électeurs urbains, les personnes âgées et les ouvriers, qui avaient délaissé Hillary Clinton en 2016.
Donald Trump, lui, veut capitaliser sur la population blanche rurale et limiter les pertes dans l’électorat de couleur, en promettant un rebond « fantastique » de l’économie s’il est réélu.
– Wisconsin –
En 2016, Hillary Clinton avait fait l’impasse sur la « laiterie de l’Amérique » (10 grands électeurs), qui l’avait puni en votant d’un cheveu pour Donald Trump.
Cette année, Joe Biden a six points d’avance selon les dernières enquêtes d’opinion, mais la bataille sera serrée dans cet Etat où des affrontements entre militants antiracistes et miliciens d’extrême-droite ont fait deux morts fin août.
– Michigan –
M. Trump avait fait basculer dans le camp républicain les 16 votes de cet Etat historiquement démocrate, en promettant un essor économique dans cet ancien bassin industriel.
Les démocrates comptent sur les votes des électeurs blancs de banlieue, de la communauté noire et des ouvriers syndiqués.
Avec six points d’avance, Joe Biden s’appuie aussi sur la popularité de la gouverneure Gretchen Whitmer, une farouche opposante de M. Trump et qui a été la cible d’un projet d’enlèvement par une milice d’extrême-droite.
– Arizona –
Joe Biden veut frapper un grand coup dans cet Etat du sud-ouest (11 grands électeurs) qui n’a plus voté démocrate depuis 1996 et où son avance, encore marquée il y a un mois, est d’à peine plus d’un point. Il compte sur le vote des jeunes urbains latinos, qui avaient porté Kyrsten Sinema au Sénat en 2018.
Donald Trump s’est aliéné une partie des conservateurs en dénigrant John McCain, héros de la guerre du Vietnam et longtemps sénateur de l’Etat avant sa mort en 2018. Mais il a le soutien des opposants à l’immigration illégale qui approuvent la construction d’un mur à la frontière mexicaine.
– Géorgie –
Donald Trump avait enlevé les 16 grands électeurs en devançant largement Hillary Clinton en 2016. Mais dans les derniers sondages, il est légèrement derrière Joe Biden qui compte sur les voix de l’importante communauté noire (32% de la population) et des électeurs urbains, traditionnellement démocrates. Pour combler son retard, Donald Trump défend un grand programme pour améliorer la situation économique des Afro-Américains.
Autre cible des deux candidats: les femmes blanches des banlieues aisées.
– Iowa –
Donald Trump a largement remporté cet Etat agricole peu peuplé, religieux et très majoritairement blanc, qui avait pourtant voté deux fois pour Barack Obama en 2008 et 2012.
Mais les six grands électeurs pourraient aller à Joe Biden qui talonne le président (moins d’un point d’écart), en raison de la guerre commerciale avec la Chine et le Brésil – l’Iowa est un grand producteur d’éthanol – ainsi que la crise économique provoquée par le coronavirus.
– Ohio –
L’Ohio (18 grands électeurs) fait figure d’oracle car il est le miroir des scrutins nationaux avec sa démographie politique diverse.
Donald Trump avait triomphé en 2016 avec huit points d’avance en attirant les démocrates déçus, que Joe Biden tente de faire revenir dans son camp.
Car malgré ses promesses, le milliardaire n’a pas ramené les emplois dans cet Etat frappé par la crise industrielle, les délocalisations, et où la situation est inquiétante pour les agriculteurs.
A quelques heures du scrutin, les deux candidats y sont à égalité quasiment parfaite.
– Texas –
C’est pour Donald Trump l’autre Etat à ne pas perdre (38 grands électeurs). Avec deux points points d’avance, le président parie sur sa politique anti-immigration et son soutien à l’industrie pétrolière. Mais Joe Biden pourrait créer la surprise au Texas qui vote républicain à chaque présidentielle depuis 1980, grâce à la démographie changeante dans l’Etat, notamment la croissance de la communauté hispanique, et la mobilisation des jeunes diplômés urbains.
LNT avec Afp