Un site industriel du port de Hamilton, en Ontario, le 31 mai 2018 © AFP/Archives Geoff Robins
Washington a joué la carte de l’apaisement avec le Canada en annonçant mardi le retrait des droits de douane de 10% sur l’aluminium canadien, une décision saluée par Ottawa, qui a aussitôt renoncé à imposer des mesures de représailles semblables à son allié historique.
« Après avoir consulté le gouvernement canadien, les Etats-Unis prennent acte que le commerce de l’aluminium brut non allié devrait se normaliser au cours des quatre derniers mois de 2020, les importations diminuant fortement par rapport aux bonds enregistrés plus tôt dans l’année », ont fait valoir les services du représentant américain au Commerce (USTR).
Sur la base de ces attentes, Washington a donc décidé d’appliquer de nouveau le principe de libre-échange, c’est-à-dire sans droits de douane, qui régit le commerce entre les deux pays, et ce de manière rétroactive au 1er septembre.
En réaction, Ottawa a annoncé à son tour renoncer à taxer l’aluminium américain alors que les autorités canadiennes devaient dévoiler mardi après-midi la liste des produits américains taxés.
La vice-Première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a salué « une bonne nouvelle », se réjouissant d’avoir « évité l’escalade sans reculer ».
« On est toujours prêts à imposer des tarifs de représailles si nécessaires », a-t-elle prévenu, se disant prête à « toutes les éventualités ».
Le Canada avait annoncé le 7 août son intention d’imposer des « contre-mesures » de 3,6 milliards de dollars canadiens (2,3 milliards d’euros) en réaction à la décision de Donald Trump de réimposer des droits de douane de 10% sur l’aluminium canadien.
Ces représailles canadiennes devaient entrer en vigueur cette semaine.
La vice-Première ministre, artisane du nouveau traité de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, avait, dès le mois d’août, jugé « absurde » cette décision imposée au nom de la « sécurité nationale » des Etats-Unis et dénoncé des « tarifs injustifiés ».
« Nous allons défendre notre secteur de l’aluminium », avait promis mardi le Premier ministre canadien Justin trudeau, avant l’annonce de la volte-face américaine. L’industrie emploie 10.000 travailleurs au Canada.
– Nouvelles menaces –
Les importations mensuelles moyennes des Etats-Unis en provenance du Canada devraient diminuer de 50% par rapport à la moyenne mensuelle de janvier à juillet, a précisé mardi l’USTR.
L’administration Trump n’a toutefois pas complètement levé la menace de tarifs douaniers potentiels sur l’aluminium.
Si les exportations canadiennes venaient à dépasser les 105% du volume prévu pour un mois quelconque au cours de la période de quatre mois, Washington imposerait alors rétroactivement les tarifs douaniers de 10% sur toutes les exportations effectuées au cours de ce mois, a précisé l’administration Trump.
Et si elles dépassaient le volume prévu, elles diminueraient d’autant le mois suivant, a-t-elle ajouté.
L’aluminium canadien empoisonne depuis longtemps les relations commerciales des deux pays.
Ce dossier avait même mis le feu aux poudres en juin 2018 lorsque Donald Trump avait annoncé des tarifs douaniers sur ce métal, suscitant la consternation de son allié historique.
M. Trump souhaitait faire pression sur le Canada pour accélérer les négociations en vue d’un nouveau traité pour remplacer l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna). Le président avait finalement renoncer, en mai 2019, à ces droits de douane punitifs.
En août, le président républicain avait justifié l’imposition de nouveaux droits de douane par une augmentation exponentielle des importations d’aluminium canadien aux Etats-Unis.
Entre juin 2019 et mai 2020, elles ont augmenté de 87% par rapport aux douze mois précédents, avait-il alors détaillé.
Cette envolée des importations « menace la production d’aluminium américaine », avait estimé l’ancien homme d’affaires.
LNT avec Afp