Le PIB japonais du deuxième trimestre s’est effondré de 7,8% par rapport à celui du trimestre précédent sous l’impact de la pandémie de coronavirus, un plongeon historique marquant un troisième trimestre d’affilée de contraction pour la troisième économie du monde.
Cette chute de 7,8%, selon des données préliminaires publiées lundi par le gouvernement, fait suite à des replis au premier trimestre (-0,6%) et au quatrième trimestre 2019 (-1,9%), qui avaient marqué l’entrée en récession du pays.
C’est la première récession du Japon depuis 2015, définie par une contraction de la richesse nationale sur au moins deux trimestres consécutifs.
C’est également la baisse la plus brutale du PIB dans le pays depuis que des données comparables ont été mises en place en 1980.
Le consensus d’économistes sondés par l’agence Bloomberg s’attendait à un recul légèrement moins important (-7,5%).
– Le Japon moins touché qu’Europe et Etats-Unis –
L’économie de l’Archipel, déjà mal en point depuis le dernier trimestre 2019 en raison d’une hausse de TVA en octobre, a subi l’impact du coronavirus dès le premier trimestre 2020.
Au deuxième trimestre, l’activité a encore davantage souffert alors qu’un état d’urgence était mis en place dans le pays en avril et mai. La consommation des ménages a baissé de 8,6% sur un trimestre, et les investissements des entreprises reculé de 0,2% (foncier) et 1,5% (non-foncier).
Le commerce extérieur a également été en berne, avec une contraction de 18,5% des exportations et une baisse de 0,5% des importations (respectivement -5,4% et -4,2% au premier trimestre).
Les investissements publics, qui avaient baissé au premier trimestre, ont cependant progressé de 1,2% en avril-juin.
Avec quelque 54.000 cas recensés et un millier de décès liés à la maladie Covid-19, le Japon a été moins touché que nombre de pays européens et américains, dont les économies s’en sont ressenties.
L’impact de l’état d’urgence nippon, appelant à la coopération volontaire des citoyens et des entreprises et non assorti de pénalités, a également été moindre que dans d’autres pays industrialisés.
La zone euro a ainsi accusé au deuxième trimestre un recul de 12,1% de son PIB, plombée par les plongeons encore plus importants des économies française, italienne et espagnole.
– Reprise « modeste » –
Malgré la remontée du nombre de nouveaux cas quotidiens d’infection depuis début juillet, le gouvernement japonais a régulièrement exprimé sa réticence à lancer de nouveaux appels au confinement, craignant leur effet négatif sur l’économie.
La baisse de PIB du deuxième trimestre est surtout à attribuer à l’état d’urgence d’avril et mai, et les chiffres montrent une amélioration dès le mois de juin, a d’ailleurs commenté Yoshiki Shinke, économiste de l’institut de recherche Dai-ichi Life, dans une note.
« Les chiffres de juillet-septembre devraient commencer à remonter, après la levée de l’état d’urgence national », avait remarqué de son côté Naoya Oshikubo, économiste de SuMi Trust, dans une note avant la publication de lundi. Il anticipe pour le troisième trimestre un rebond de 2,6% par rapport au deuxième.
Pour amortir le choc économique de la pandémie, le gouvernement japonais a mis sur pied deux plans de relance d’une ampleur historique au printemps, comprenant notamment une prime forfaitaire de 100.000 yens (environ 800 euros) pour chaque résident du pays. Cette prime devrait encourager la consommation pendant l’été, a estimé Naoya Oshikubo.
Mais alors que le nombre de nouveaux cas quotidiens de coronavirus reste élevé, la reprise devrait être « modeste ». « Nous pensons qu’il faudra attendre jusqu’à 2022 pour que le PIB retrouve ses niveaux » d’avant le coronavirus, tempère l’analyste.
Le redémarrage de l’économie devrait aussi être entravé par une demande affaiblie qui affecte les exportations japonaises dans les pays durement frappés par la pandémie.
LNT avec Afp