Les Etats, au lendemain de la crise sanitaire, doivent avoir une vision large et stratégique basée sur des règles de délégation de pouvoir et de soutien aux régions, entrepreneurs, secteurs prioritaires comme l’alimentaire , le pharmaceutique sous forme de soutien à l’investissement et de subventions.
Exemple : en Allemagne, à la suite de la crise sanitaire, l’Etat a pris à son compte les charges fixes des entreprises pendant la période d’arrêt de l’activité pour leur permettre de repartir plus vite, alors qu’en France, il a promu les prêts garantis aux entreprises en difficultés que celles-ci vont devoir rembourser plus tard, aggravant ainsi leur endettement.
Or, les PME ne doivent pas pérécliter, il faut qu’elles dépassent l’effet de ciseaux où les charges sont anormalement supérieures aux chiffres d’affaires.
Par ailleurs, l’Etat doit choisir des projets d’investissements privés urgents et les financer comme l’innovation, améliorer la qualité de la formation des étudiants et des apprentis.
De fait, au cours de ces journées, les divers intervenants ont relevé que l’adminitration freine l’attractivité des investisseurs en France, qui est toujours comparé à l’Allemagne. Il faut donc plus de fluidité.
Par ailleurs, la question de la relocalisation en matière de politique industrielle a été remise en cause sur la base qu’elle suposerait une augmentation des prix finaux de la production dans un pays européen, laquelle n’est pas envisageable en période de crise économique.
Mais aussi et surtout parce que la délocalisation ne se fait pas pour baisser les prix à la consommation des produits, mais pour augmenter la rentabilité des investisseurs qui sont souvent des grands groupes.
De plus, la relocalisation entâcherait la mondialisation, qui a eu des effets très positifs sur la baisse des prix certes, mais aussi qui a mis partiellement fin à la pauvreté dans le monde .
La politique de l’Etat doit être également basée sur la reconciliation avec la culture du risque pour améliorer la création de richesses, devenue déjà très faible avant le Covid-19, s’établissant dans l’industrie à 10% du PIB seulement.
Tous les intervenants se sont accordé sur la nouvelle définition du rôle de l’Etat qui, historiquement a été d’abord régalien en assurant le maintien de l’ordre, puis providence en faveur d’une solidarité sociale. Dorénavant, il se doit de devenir encore plus un Etat stratège pour être aux commandes de l’économie !
Certains intervenants ont précisé que pour certains pays, la création de l’Etat a précédé celle de la Nation et dans d’autres, ce fut le contraire, mais désormais, c’est la question de l’efficacité qui importe.
Et c’est l’efficacité de la dépense publique qui prime, laquelle se mesure par un indice qui en moyenne pour l’Europe est de 45 points. Elle est de 44 pour l’Allemagne et 56 pour la France, qui est donc moins efficace en la matière du fait de sa gestion plutôt centralisée.
La crise sanitaire a certes causé plus de dégâts d’un pays à l’autre : en France -11%, en Allemagne -5% et au Maroc, alors que comparaison n’est pas raison, – 5,8 % attendus pour le 3ème trimeste 2020.
Le nombre de chômeurs qui en a découlé est aussi un signe de différenciation entre les économies.
En France par exemple, le coût aurait été plus élevé sans l’adoption du chômage partiel comme mesure de relance.
Et ce, même s’il elle compte 20% de diplômés de plus qui ne vont pas trouver de travail à la rentrée.
En bref, la crise sanitaire a montré les divers degrés d’efficacité des pays, certains ayant plus perdu que d’autres.
Cette même efficacité, mise à dure épreuve, s’impose encore plus conjoncturellement en matière de politique monétaire et budgétaire. En effet, l’Etat et les banques centrales ont joué un rôle des plus importants en période de crise sanitaire avec un soutien public fort économique pour maintenir l’économie à flot et aider les entreprises et les personnes et faire de sorte que l’activité reparte sur des bases saines.
La redistricution des revenus pendant la crise sanitaire a été importante et salvatrice.
Mais cela ne peut pas durer il faut qu’une économie équilibrée de marchés revienne.
La loi de la concurrence doit s’imposer après celle de la distribution par l’État.
Et, pour répondre à la crise du Covid, tous les pays ont adopté une politique monétaire qui a retenu ce qu’elle a appris des crises précédentes, celle de 2008 en particulier.
La BCE, notamment, a voulu des incitations fortes pour que les économies européennes puissent relancer leurs croissances avec des références structurelles en fonction de la résilience et du potentiel de chaque pays.
Au-delà de ces politiques monétaire et budgétaire, l’Europe veut lancer un fonds de récupération qui n’est pas encore adopté , mais qui se base sur des incitations conditionnelles pour stimuler les économies et surtout les transformer.
En effet, parmi les axes stratégiques ciblés, il y a le développement durable pour un monde résilient, avec des politiques globales pour l’alimentaire donc l’agriculture, la santé , l’eau, l’énergie, le carbone etc..
L’UE a réagi comme un ETAT avec sa politique économique de soutien à tous les pays européens.
Car avec des taux d’inérêts bas, voire négatifs, qui vont d’ailleurs durer, l’épargne est élevée et l’investissement faible, créant un déséquilibre.
Et parce qu’il n’y a pas d’anticipation d’inflation, laquelle se situe entre 0,6 et 0,8% acteuellement en moyenne, du fait qu’avec le chômage, la pression des salaires est faible, le prix de l’énergie en baisse.
Mais, elle doit aussi prendre en compte dans sa stratégie des acteurs en dehors de l’UE notamment l’Afrique.
Elle doit avoir un projet international pour relever les défist communs.
Dans le panel consacré aux voies de la croissance, l’Ambassadeur du Marc en France, M. Chakib Benmoussa a relevé que le rôle de l’Etat diffère en fonction de la situation économique du pays !
L’Etat s’est certainement renforcé et avec la crise sanitaire, le besoin du Maroc d’adopter un nouveau modèle de développement s’est imposé.
En effet, les avançées du pays se sont accompagnées d’essouflement de la croissance économique avant même les effets de la crise actuelle, avec moins de créations d’emplois, et plus d’inégalités sociales et territoriales, a-t-il précisé.
La commission spéciale qu’il préside devrait faire des propositions concrètes vers un nouveau contrat social et de transformations structurelles, pour dépasser cette situation, caractérisée par une croissance qui reste trop faible pour absorber les inégalités, a encore précisé M. Chakib Benmoussa.
D’un point de vue général, tous les États étant trop endettés, dépassant les regles prudentielles en la matière de l’UE et du FMI, ils doivent s’unir pour apporter une réponse durable à la crise qui est mondiale.
Et ce, notamment par des partenariats stratégiques entre l’UE et l’Afrique en privilégiant les axes du numérique et de l’économie verte, au niveaux des territoires.
Les Etats doivent s’unir, il faut plus d’inclusion entre eux.
En conclusion à la table ronde sur le rôle de l’Etat, un concensus s’estr faut autour du fait que même s’ils sont trop endettés et qu’ils ont besoin de nouvelles sources de financement, les Etats doivent surtout être plus responsables dans leurs dépenses.
Celles-ci doivent être axées sur la santé, la recherche et développement et les entreprises. En un mot, les Etats doivent veiller à la résilience, l’inclusion et l’efficacité de leurs politiques !
Afifa Dassouli