La Direction des Etudes et Prévisions financières (DEPF) du ministère de l’Economie et des Finances vient de publier sa dernière note de conjoncture au titre du moi de juin 2020.
Selon ses analystes, pâtissant des implications néfastes de la pandémie du Covid-19, l’économie mondiale connaîtrait une forte récession en 2020, malgré les perspectives de reprise de l’activité économique qui se dessinent à partir du deuxième semestre de cette année, compte-tenu, notamment, de la levée des mesures de confinement et de l’adoption de plans de relance économique dans plusieurs pays. La Banque mondiale prévoit, en effet, une contraction de l’activité économique plus forte dans les économies avancées que dans les pays émergents et en développement.
Le Maroc, comme la plupart des pays, a été fortement impacté par les répercussions de la crise sanitaire et des mesures de confinement sanitaire ; impacts exacerbés par la baisse de la valeur ajoutée agricole intervenue dans un contexte pluviométrique particulier, rappelle la DEPF.
En effet, la dynamique sectorielle nationale, façonnée progressivement lors de la dernière décennie, a été compromise, affectée, d’une part, par l’exposition des secteurs échangeables aux chocs économiques externes à travers les canaux de transmission classiques et, d’autre part, par l’effet du confinement sur certains secteurs domestiques, privant la richesse nationale de sommes importantes pour chaque jour d’arrêt de l’activité.
Pour contrecarrer les retombées négatives de la propagation du Covid-19, le Gouvernement a mis en place un fonds spécial dédié à la gestion de cette pandémie et un Comité de Veille Economique (CVE). La réactivité des pouvoirs publics, qualifiée d’exemplaire par les observateurs, a permis d’atténuer les impacts néfastes de la pandémie sur l’économie nationale, sans enrayer complètement le risque d’une récession sévère pour cette année, explique la DEPF.
Du côté de la demande intérieure, les mesures prises par le CVE ont permis d’absorber partiellement le choc du confinement sanitaire sur les ménages vulnérables et les entreprises en difficulté ainsi que leurs employés. Par contre, la baisse de la demande étrangère adressée au Maroc a fortement impacté l’essor des exportations nationales. Les secteurs exportateurs les plus impactés sont les activités industrielles dépendant des chaînes de valeur mondiales, notamment l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et le textile-habillement. La crise s’est également reflétée sur le rendement des recettes touristiques et des transferts des marocains résidant à l’étranger.
Toutefois, le tirage sur la LPL a permis d’atténuer l’impact de ces chocs exogènes sur la balance des paiements et de maintenir les réserves de change à un niveau adéquat. En effet, les avoirs officiels de réserve se sont appréciés pour le deuxième mois consécutif, représentant l’équivalent de 6 mois et 11 jours d’importations de biens et services à fin avril 2020. La situation des charges et ressources du Trésor à fin mai 2020 a été marquée par une aggravation du déficit budgétaire de 31%, sur fond d’une forte baisse des recettes ordinaires conjointement à une baisse moins importante pour les dépenses globales.
Les crédits bancaires se sont accélérés à fin avril, portés, particulièrement, par les crédits aux sociétés non financières privées (+11,4% après +1,3%). Les indices boursiers poursuivent leur évolution dans le rouge à fin mai, malgré la légère correction haussière affichée durant ce mois.
Tendances sectorielles
Secteur primaire : Production céréalière de 30 millions de quintaux, en baisse de 42% par rapport à la campagne précédente, atténuée par le comportement globalement favorable des autres filières agricoles.
Secteur secondaire : Effet négatif des restrictions induites par Covid-19 sur l’activité du secteur : Industries manufacturières (exportations : -19,7% à fin avril ; TUC : -13,3 points à 61,5% à fin avril), production de l’énergie électrique (-6,2% à fin avril) et ventes de ciment (-25,1% à fin mai).
Secteur tertiaire : Retombées négatives de la crise sanitaire sur le secteur touristique (arrivées : -54% à fin mai) et le mouvement des avions (-50% le 17 juin 2020) en raison de la fermeture des frontières nationales, avec toutefois une évolution globalement positive de l’activité portuaire (+6,4% à fin mai) et des télécommunications (parc mobile IAM :
+3,5% à fin mars).
Ménages & Entreprises
Pouvoir d’achat des ménages : Evolution maitrisée des prix à la consommation (+1,2% à fin avril) et progression des crédits à la consommation, quoiqu’en ralentissement (+1,5% à fin avril).
Investissement : Accroissement des crédits à l’équipement (+7,4% à fin avril), avec toutefois un repli des importations des biens d’équipement (-18% à fin avril) en raison des restrictions imposées à l’activité économique par la crise sanitaire.
LNT avec CdP