Webinar du Pr Selma Haj Khlifa, responsable de la Chaire PME du Groupe ISCAE
La responsable de la Chaire PME du Groupe ISCAE, Pr Selma Haj Khlifa, a récemment organisé un webinar sur une thématique déjà importante pour le Maroc avant la crise, mais dont la gravité n’a fait que s’accentuer avec l’arrivée du covid-19, à savoir la relation des TPME avec les banques, et donc leur accès au financement. Son panel a regroupé des experts des milieux universitaire, de l’entreprise, et bancaire.
En premier abord, le Pr Haj Khlifa n’a pas manqué de souligner la qualité et la pertinence de la réponse marocaine face à la pandémie du covid-19, sous la conduite du Roi Mohammed VI, qui a été reconnue comme l’une des meilleures au monde. Le Royaume a mis l’humain au centre de ses mesures contre la pandémie, sacrifiant ainsi un pan important de son activité économique. Mais, comme l’a rappelé le professeur, la crise sanitaire a aggravé une économie qui était déjà dans un état « comateux », selon le HCP, du fait de la sècheresse et de son impact sur l’activité agricole, entre autres.
Un enjeu de survie
La crise a aggravé la situation de la PME, qui est en première ligne. Et les panélistes ont relevé que dans ce genre de situation, les banques ont un rôle central, parce que le problème de liquidité est le plus important. Et avec la quasi-totalité des secteurs touchés, dont certains très gravement comme l’industrie, avec la fermeture de plusieurs sites, et le tourisme, dont on estime les pertes à 34 MMDH, les PME ont toujours ces difficultés d’accès au financement, sauf qu’il s’agit ici d’un financement non pas pour se développer, mais pour survivre.
Selon certains intervenants, 82% des petites structures qui rencontrent des difficultés de trésorerie, ont recours à leur entourage, et 25% seulement s’adressent aux banques. Ces derniers, ont-ils noté, ont tendance pendant la période actuelle à réorienter automatiquement vers Damane Oxygène (garanti à 95%), alors que certaines TPME ne souhaitent pas y recourir, que ce soit pour des questions de contraintes en termes de dates de remboursement (au 31/12/2020), ou de complexité des procédures.
Des efforts des deux côtés
Le Pr Haj Khlifa et ses panélistes se sont accordés sur le fait que pour pouvoir réussir la relance, des changements sont nécessaires aux deux niveaux. L’un des principaux obstacles au financement étant l’information, les banques doivent plus agir en banques de conseil plutôt que de dépôt, et pouvoir assurer un accompagnement de qualité auprès des TPME et autoentrepreneurs, notamment au niveau des agences. Sans nier leur droit élémentaire d’étudier la solvabilité des entreprises, un courage face au risque est nécessaire.
Et du côté des TPME, seule une vraie modernisation des process et de la gouvernance permettra de réellement aborder l’avenir positivement. Le Maroc doit réussir à quitter ce modèle principalement familial qui caractérise ses PME, et revoir les modèles organisationnels pour plus d’agilité, et d’innovation, en s’appuyant sur le digital. Une panéliste a relevé l’importance de faire de la construction de la confiance un axe stratégique, un élément central de l’impact social de l’entreprise. Les PME ont un gros travail à faire dans le management de la réputation, au niveau de la RSE par exemple. Bien évidemment, cela ne se fera qu’en soignant certains maux de notre économie comme les délais de paiement…
Enfin, les intervenants ont noté que la crise a fourni des opportunités de croissance pour certains secteurs, et qu’il faudra capitaliser sur ces acquis, notamment pour soutenir les plus petits acteurs.
SB
Pour plus de détails, vous pouvez retrouver l’intégralité du webinar ci-après :