Un chercheur de l'université de Copenhague travaille à un vaccin contre le nouveau coronavirus, le 23 mars 2020 © AFP/Archives Thibault Savary
La course pour découvrir un vaccin contre le nouveau coronavirus, seule voie possible selon l’ONU vers un retour à la « normalité », s’intensifie avec de premiers essais cliniques menés en Allemagne et au Royaume-uni.
En Allemagne, l’autorité fédérale chargée de la certification des vaccins a donné mercredi son feu vert à des essais cliniques sur des humains menés par le laboratoire allemand BioNTech, basé à Mayence, en lien avec le géant américain Pfizer.
Ces essais, les cinquièmes réalisés sur l’homme dans le monde, selon l’Institut Paul Ehrlich (IPE), constituent une « étape importante » pour rendre un vaccin « disponible dès que possible ».
Cette autorité assure avoir donné son feu vert au terme d’une « évaluation minutieuse du rapport risques/bénéfices potentiels » du produit testé.
– Première dose –
Ces essais cliniques seront dans un premier temps menés sur 200 volontaires sains âgés de 18 à 55 ans. Une deuxième phase devrait concerner des volontaires au profil à risque, selon l’IPE.
Ils doivent consister, selon l’IPE, à « déterminer la tolérance générale du vaccin testé et sa capacité à proposer une réponse immunitaire contre l’agent pathogène », un virus à ARN, qui a la particularité de muter.
Des essais doivent également démarrer jeudi en Grande-Bretagne avec une première dose administrée à des humains dans le cadre d’un projet piloté par l’université d’Oxford, sous l’égide du gouvernement.
Ils porteront dans leur première phase sur 510 volontaires de 18 à 55 ans. La moitié d’entre eux recevront le potentiel nouveau vaccin, les autres un vaccin témoin.
Un million de doses seront produites d’ici septembre en parallèle de la poursuite des recherches, pour qu’en cas de succès, le vaccin soit rapidement disponible. Leurs chances de succès sont évaluées par ses concepteurs à 80%.
En Allemagne, l’IPE ne précise pas quand exactement les essais débuteront. Le PDG de BioNTech, Ugur Sahin, a cependant assuré récemment qu’ils débuteraient « à la fin du mois d’avril ». De premières données pourraient être disponibles « fin juin ou début juillet », avait-il ajouté.
Ce laboratoire, spécialisé dans les traitements contre le cancer, et Pfizer comptent désormais obtenir le feu vert des autorités sanitaires américaine pour lancer des essais aux Etats-Unis, devenus l’épicentre de la pandémie.
D’autres laboratoires devraient eux aussi lancer des essais sur l’homme en Allemagne dans les prochains mois, assure l’IPE.
Il n’existe à ce stade aucun traitement ou vaccin contre le Covid-19, qui a tué plus de 120.000 personnes dans le monde et en a infecté quelque deux millions.
Trouver un vaccin est la seule voie possible pour un retour à la « normalité » dans le monde, a prévenu la semaine dernière le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, appelant dans ce domaine à accélérer les projets en développement.
Une résolution de l’ONU, adoptée lundi, appelle à un accès « équitable, efficace et rapide » à un éventuel vaccin.
– Lutte sans pitié –
Actuellement cinq projets en sont au stade des essais sur des humains, selon les autorités allemandes.
De premiers essais cliniques ont été annoncés dès la mi-mars par des développeurs chinois et américains.
Le 16 mars, Pékin a approuvé le premier essai d’un vaccin mis au point par l’Académie des sciences médicales militaires, soutenue par l’armée, et la société de biotechnologie CanSino Bio, cotée à Hong Kong.
Le même jour, la société américaine Moderna, productrice de médicaments, avait assuré avoir entamé des tests sur l’homme, en partenariat avec les Instituts fédéraux de la santé.
La quête effrénée d’un vaccin contre ce virus qui a mis à bas l’économie mondiale donne lieu à une lutte sans pitié entre certains pays.
Le gouvernement allemand a ainsi dû intervenir pour stopper in extremis des tentatives, pilotées par la Maison Blanche, de rachat du laboratoire pharmaceutique allemand CureVac.
Au-delà, c’est toute l’Europe, fragilisée par l’épidémie, qui est en train de muscler ses garde-fous face aux projets d’acquisition d’entreprises stratégiques par des groupes étrangers en quête de bonnes affaires.
La Commission européenne vient récemment d’exhorter les 27 pays de l’UE à « se protéger » contre cette menace.
LNT avec Afp