Une activiste se prépare à la marche pour le climat à Madrid, le 4 décembre 2019 © AFP CRISTINA QUICLER
« Les discours ne suffisent plus ». Avec la jeune Suédoise Greta Thunberg en tête, des milliers de personnes vont manifester vendredi à Madrid pour pousser les pays signataires de l’Accord de Paris à agir contre le réchauffement climatique.
Une autre marche est prévue simultanément à Santiago du Chili où devait se tenir la réunion annuelle sur le climat de l’ONU (COP25) avant que le pays ne renonce à l’accueillir en raison d’un mouvement social sans précédent et ne soit remplacé au pied levé par l’Espagne.
Sous le mot d’ordre « le monde s’est réveillé face à l’urgence climatique », la marche madrilène pour le climat démarrera à 18H00 (17H00 GMT) devant la gare d’Atocha.
Devenue l’égérie de la défense de la planète depuis qu’elle a lancé en août 2018 des « grèves de l’école pour le climat », Greta Thunberg y participera.
Partie en voilier vers le continent américain pour assister au sommet de l’Onu sur le climat à New York en septembre et à la COP prévue au Chili, la jeune activiste de 16 ans, qui ne prend pas l’avion, a dû faire le chemin inverse en catamaran pour revenir en Europe.
A Lisbonne depuis mardi après trois semaines en mer, elle est arrivée à Madrid vendredi vers 08H40 (07H40 GMT) en train de nuit, a constaté un photographe de l’AFP. Elle donnera une conférence de presse à 16H30 (15h30 GMT) avant le départ de la manifestation.
L’acteur espagnol Javier Bardem est aussi attendu dans la manifestation.
– « 2019, l’année du réveil climatique » –
« Nous savons qu’elle sera massive, nous espérons des centaines de milliers de gens dans la rue réclamant des actions urgentes », a assuré Pablo Chamorro, porte-parole de la manifestation, devant la presse.
« 2019 a été sans aucun doute l’année du réveil climatique », a-t-il ajouté en référence aux manifestations monstres des jeunes pour le climat ou à l’émergence du mouvement de désobéissance civile non-violente Extinction Rebellion.
« Les discours ne suffisent plus, il faut des actions concrètes », a martelé pour sa part Estefania Gonzalez, militante chilienne et porte-parole de Société Civile pour l’Action Climatique (SCAC), plateforme regroupant plus de 150 associations chiliennes et internationales.
« La crise sociale que nous vivons sur la planète est directement liée à la crise environnementale », a-t-elle dit alors que son pays est secoué depuis octobre par un mouvement de contestation qui a fait 23 morts. Au Chili, « un avocatier a plus de droits à l’eau qu’une personne », affirme-t-elle.
– « Ambition insuffisante » –
Après cette marche, les militants de la cause environnementale organisent un sommet social pour le climat qui se tiendra à partir de samedi jusqu’au 13 décembre, dernier jour de la COP25.
Les quelque 200 signataires de l’Accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement de la planète à +2°C, voire +1,5°C, sont réunis depuis lundi pour deux semaines à Madrid, pressés de toutes parts pour fixer des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Mais alors que le mercure a gagné +1°C depuis l’ère pré-industrielle, amplifiant déjà les catastrophes climatiques, cette réunion, dont le slogan est « time for action », risque de décevoir les attentes.
Dans un manifeste, les associations organisant la marche leur ont adressé un message clair: « Nous retournons dans la rue (…) pour demander des mesures réelles et ambitieuses aux responsables politiques du monde entier réunis à la COP » et pour qu’ils reconnaissent « que l’ambition insuffisante de leurs accords va mener la planète à un scénario désastreux de réchauffement climatique ».
« Si nous attirons l’attention, plus de gens s’impliqueront. Et au final, les politiciens devront faire quelque chose », veut croire Paula Rubio, militante madrilène de 23 ans occupée depuis deux semaines à construire une immense baleine en bois de sept mètres pour le cortège.
LNT avec Afp