MEDays : Mme Bouchareb s’exprime lors d'une séance plénière sur les investissements et les partenariats avec l’Afrique
La ZLECA, un espoir de plus pour faire de l’Afrique un continent intégré économiquement ! A Tanger, dans le cadre de la 12ème édition du Forum MEDays dont les travaux se poursuivent jusqu’au 16 novembre, la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine est souvent au cœur des débats. En effet, et en plus d’une palette de thématiques en rapport avec le ‘‘Sud-Sud’’, un intérêt particulier est accordé à la ZLECA. Des intervenants, des décideurs politiques et économiques, des experts et des spécialistes africains, mais aussi des représentants de la société civile, ont bien voulu démontrer à quel point le succès de la ZLECA pourrait recomposer l’ordre économique non seulement continental, mais aussi mondial. Aussi, et dans un contexte de globalisation économique accrue, Amadeus a saisi l’occasion pour accorder davantage d’importance à la ZLECA qui ambitionne d’augmenter de 60% le commerce intra-africain d’ici 2022, rappelant qu’aujourd’hui, seulement 16 % du commerce des pays africains s’effectuent avec d’autres pays du continent, et que ce dernier ne représente que 2% du commerce mondial.
Brahim Fassi Fihri, président de l’Institut Amadeus, ne cesse de le répéter à qui veut bien l’entendre : « Nous, Africains, avons un cap et les leaders africains ont su accomplir la signature puis la mise en œuvre de la ZLECA. Il s’agit là du début du chemin, mais je crois qu’il faut mesurer la dynamique engagée et l’option claire que posent les dirigeants africains de réussir à une meilleure intégration régionale, une meilleure complémentarité économique et une co-industrialisation ».
Therese Azeng, consultante au sein de l’UA, explique, pour sa part, qu’il est important de préparer une liste de produits, pour savoir qui va vendre quoi : « Malheureusement, la configuration de l’économie africaine est un héritage colonial, basé sur la production et l’exportation des matières premières. Maintenant, il est temps de repenser la transformation et la commercialisation de nos produits ». Et de poursuivre qu’il faut penser aussi aux droits de douane. Idem pour la logistique et les infrastructures routières : « Il faut que le projet de la ZLECA se concrétise sur le terrain pour qu’il soit rentable à l’ensemble des pays africains ».
L’expert marocain Mohamed Hmidouch se veut plutôt réaliste. La ZLECA est un projet continental certes ambitieux, mais sa mise en oeuvre est complexe et difficile. Et d’expliquer que les 54 pays aux langues différentes dont le français, l’anglais, l’arabe, le portugais ou encore l’espagnol rendent la tâche de la ZLECA ardue. Il ajoute que le ‘‘Made in Africa’’ n’est qu’un simple slogan, et qu’il importe aujourd’hui de lui donner du sens, notant que la ZLECA reste une opportunité à même de développer les échanges intercontinentaux, sachant que dans le cadre de ce bloc commercial, 90% des produits ‘‘Made in Africa’’ seront exonérés de taxes douanières.
D’autres spécialistes ajoutent sur le même registre que la libéralisation des échanges économiques va en pair avec la libre circulation des personnes, un chapitre de taille, mais, qui n’a pas réellement été au cœur des discussions initiales : ‘‘Par ailleurs, dans certaines sous régions, notamment en Afrique centrale, on constate que les accords de libre circulation ne sont pas toujours appliquées ». Les quelques tensions régionales, la position équivoque du Nigéria, les économies trop petites de certains pays africains en mal d’industrialisation, de logistique et autres infrastructures portuaires, routières, technologiques… risquent de freiner l’élan de la ZLECA.
Hassan Zaatit