Des graffitis dans une station de métro dans le quartier de Tseung Kwan O, à Hong Kong le 5 octobre 2019 après une nuit de violentes manifestations © AFP Yan ZHAO
Hong Kong était partiellement à l’arrêt samedi avec la fermeture du métro et de dizaines de commerces suite à une nuit de violences entre manifestants pro-démocratie et policiers, fermement condamnée par la cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam qui a dénoncé des « émeutiers » et assuré que la population est « effrayée ».
Ces nouvelles manifestations ont éclaté à la suite de l’interdiction par les autorités du port du masque lors des rassemblements.
« Les actes extrêmes commis par les émeutiers sont à l’origine d’une nuit très sombre pour Hong Kong et la société hongkongaise est à moitié paralysée aujourd’hui », « tout le monde est très inquiet voire même effrayé », a déclaré Carrie Lam dans un message vidéo.
« Une violence extrêmement terrifiante s’est abattue dans tous les quartiers de Hong Kong », a ajouté la cheffe de l’exécutif, qualifiant de « choquantes », les actions commises par « des émeutiers masqués ».
Les autorités hongkongaises ont invoqué des dispositions d’urgence datant de 1922, auxquelles il n’avait plus été recouru ces 52 dernières années, pour interdire vendredi le port du masque lors des manifestations.
Cette mesure, destinée à mettre fin à quatre mois d’une contestation sans précédent, a au contraire mis le feu aux poudres.
A peine quelques heures après son annonce, des actions de protestation ont éclaté un peu partout dans l’ex-colonie britannique.
Dans la soirée, de violents heurts se sont produits entre police et manifestants qui ont envahi des rues, allumé des feux et vandalisé des stations de métro (toutes les lignes ont été arrêtées) et des établissements commerciaux prochinois.
« Le gouvernement ne nous écoute pas. Alors nous renforçons notre action », a déclaré Nathalie, une manifestante âgée de 32 ans, tandis que des protestataires radicaux saccageaient une station de métro dans le quartier habituellement calme de Tseung Kwan O.
– Nouvelles actions prévues –
Dans l’arrondissement de Yuen Long, un policier a ouvert le feu lorsque sa voiture a été encerclée par la foule et qu’un cocktail Molotov a explosé à ses pieds, d’après des témoins de la scène.
La police a expliqué que le policier a tiré une balle dans le cadre de la légitime défense.
Dans le même quartier, un garçon de 14 ans a été blessé par balle, a rapporté le quotidien South China Morning Post citant une source médicale, sans pouvoir faire de lien entre les deux événements.
Après la vandalisation de stations de métro, l’opérateur public MTR a annoncé samedi que le trafic était suspendu sur tout le réseau, précisant que la situation serait réexaminée dans la journée.
Certains centres commerciaux et supermarchés sont fermés tout comme de nombreuses banques chinoises, dont les façades ont été couvertes de tags.
La police a envoyé des messages, demandant à la population d’éviter les manifestations au cours des trois prochains jours, lundi étant férié à Hong Kong.
Hong Kong traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes et des affrontements de plus en plus violents entre forces de l’ordre et protestataires masqués.
Carrie Lam a précisé que l’interdiction du masque dans les rassemblements, punie de jusqu’à un an de prison pour les contrevenants, ne signifiait pas que l’état d’urgence avait été décrété dans ce territoire semi-autonome.
– Eviter le « chaos » –
Les autorités centrales chinoises ont jugé « extrêmement nécessaire » cette mesure car « le chaos actuel à Hong Kong ne peut pas continuer indéfiniment », a déclaré le porte-parole du Bureau chargé, au sein du gouvernement chinois, des affaires de Hong Kong et de Macao, Yang Guang.
Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants défilent depuis juin le visage masqué. Certains portent aussi des casques, des lunettes de protection ou des masques à gaz pour se protéger du gaz lacrymogène et des projectiles tirés par la police.
« Les jeunes risquent leur vie, cela leur est égal d’être emprisonnés pour 10 ans, donc ce n’est pas le fait de porter un masque qui leur posera problème », a dit à l’AFP un employé de 34 ans dissimulant son visage.
Hong Kong avait connu mardi, tandis que la Chine populaire célébrait son 70e anniversaire, sa journée la plus violente depuis juin. Pour la première fois, un manifestant a été blessé par balle par un policier dont l’unité avait été attaquée.
Depuis, des élus fidèles à Pékin et des syndicats de police avaient appelé l’exécutif à recourir à la loi de 1922 qui autorise l’exécutif à prendre « n’importe quelle mesure », sans le feu vert du corps législatif, dans l’éventualité d’une situation d’urgence ou d’un danger pour la population.
Pour Joshua Wong, une figure de proue du combat pour la démocratie, le recours à cette loi « annonce le début de la fin de Hong Kong ».
LNT avec AFP