En difficulté dans la course pour l’obtention du nouveau contrat de marquage fiscal de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) marocaine, De La Rue entend faire la différence sur les deux autres sociétés encore en lice en bradant ses services. Le Britannique aurait soumis une offre respectivement de près de 50 % et 40 % moins chère que celles de ses concurrents, le Suisse Sicpa et l’Indien Madras.
Qualifiée « d’anormalement basse » par des sources proches du dossier, cette offre étonne d’autant plus que l’imprimeur anglais, en proie à de sérieuses difficultés financières (perte du contrat sur le passeport post-Brexit, baisse de 78 % de ses bénéfices, décrochage du cours en bourse, etc.), ne semble pas en position de se permettre des largesses. Comment, dès lors, expliquer ce dumping ?
Selon une information exclusive nous ayant été confiée par un proche du dossier, cette offre « coup de poing » aurait pour seul intérêt de convaincre l’ADII de sélectionner le dossier du Britannique, qui se soucierait peu d’honorer le contrat une fois celui-ci remporté. Les responsables de la négociation Maroc de De La Rue seraient en effet en passe de quitter la société, un bonus important leur étant promis en cas de signature de nouveaux contrats avant leur départ. Toujours selon cette source, les chances que le nouveau management, dont la prise de fonction est prévue en janvier 2020, valide un tel contrat seraient incertaines.
En cas de victoire, De La Rue verrait probablement son cours boursier grimper. Nantie d’un prestataire possiblement incapable de tenir ses engagements, l’ADII se trouverait en revanche dans une situation fâcheuse, quand on sait l’importance stratégique du marquage fiscal pour ses activités.
LNT