L’assurance paramétrique, qui fut l’un des sujets les plus discutés durant la COP 22 de Marrakech, est l’une des principales réponses du secteur financier à la nécessité d’adaptation aux conséquences du changement climatique. Elle est considérée comme essentielle à la capacité des agriculteurs notamment à faire face aux risques écologiques.
Rapidité et transparence
Bien qu’elle fût introduite il y a une vingtaine d’années, l’assurance paramétrique a véritablement pris son essor dans les années 2010, et l’Assurance Multirisque Climatiques a été mise en place au Maroc en 2011, dans le cadre du Plan Maroc Vert et fruit d’une coopération historique entre l’Etat (Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts et le Ministère de l’Economie et des Finances) et la MAMDA (Mutuelle agricole marocaine d’assurance). Cette assurance concerne les cultures céréalières (blé tendre, blé dur, mais et orge) et légumineuses (fèves, lentilles, petits pois, pois chiches, haricots) sur l’ensemble du territoire marocain et couvre contre les risques climatiques suivants : sécheresse, excès d’eau, grêle, gel, vents violents, vents de sable.
De manière schématique, l’assurance paramétrique ou indicielle repose, comme son nom l’indique, sur des indices – de pluviométrie, de température, d’humidités ou de rendements de culture, par exemple – qui permettent de fixer des seuils de déclenchement pour le paiement des sinistres. Quand une zone est déclarée sinistrée, l’assureur enclenche le versement des indemnisations, sans devoir passer par des procédures longues et compliquées comme le déplacement d’un expert pour constater les dégâts sur place.
Ce type d’assurance offre d’énormes gains en termes de rapidité, facilité, et transparence. De plus, l’utilisation des hautes technologies, comme l’observation satellitaire, ou l’intelligence artificielle pour évaluer rapidement les sinistres, fait que de nombreuses startups, notamment des fintechs, se sont investies dans ce type d’assurance, lui offrant d’excellentes perspectives d’avenir.
Les agriculteurs marocains commencent à être indemnisés pour 2019
Au Maroc, l’assurance Multirisque Climatiques couvre aujourd’hui 1 million d’hectares et concerne plus de 40.000 agriculteurs opérant majoritairement dans les cultures céréalières. Le processus d’indemnisation repose sur un dispositif global initié et encadré par le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts qui, conjointement avec le ministère des Finances, procède à la « déclaration communale », après évaluation des rendements zones potentiellement sinistrées. Cette évaluation est effectuée conjointement par le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts et les experts de la MAMDA. Une commune est ainsi déclarée sinistrée lorsque le rendement de la campagne agricole est inférieur à un référentiel historique sur 10 ans.
La protection des agriculteurs est matérialisée, chaque année, par les indemnisations versées aux agriculteurs des zones déclarées sinistrées. En 2016, la MAMDA a indemnisé ses assurés agriculteurs pour 1 milliard de dirhams.
Nous apprenons qu’en ce qui concerne l’année 2019, la MAMDA a démarré en juillet l’indemnisation des agriculteurs des zones déclarée sinistrées pour une enveloppe globale de 500 millions de dirhams.
Un processus basé sur l’efficience
Dès réception de la « déclaration communale » des zones sinistrées, la MAMDA procède à l’indemnisation des agriculteurs éligibles en fonction des taux de perte constatés lors de la campagne d’évaluation des rendements.
Pour opérationnaliser ce processus, de nombreux investissements ont été réalisés par la MAMDA dans la géolocalisation des parcelles des agriculteurs assurés, dans le réseau d’experts agricoles dédié (plus de 200 experts) et dans le développement de systèmes d’information intégrés et digitalisés. Ces investissements seraient en mesure de permettre aujourd’hui le paiement rapide et efficient des agriculteurs dans des délais très courts.
Il faut rappeler que la cotisation moyenne des agriculteurs au titre de la campagne agricole 2018-2019 est de 28 dirhams / ha. L’indemnisation moyenne payée par la MAMDA aux agriculteurs sinistrés est quant à elle de 615 dirhams / ha.
A ce jour, plus de 20.000 agriculteurs ont perçu leurs indemnisations à travers le réseau des bureaux de la MAMDA.
Selim Benabdelkhalek