Présentation du rapport 2018 sur la supervision bancaire de Bank Al Maghrib. Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Bank Al-Maghrib a reçu la presse ce lundi 22 juillet pour lui présenter son rapport annuel sur la supervision bancaire relatif à l’exercice 2018, qui retrace les principales réalisations et les actions menées en matière de réglementation bancaire, de surveillance micro-prudentielle et de protection de la clientèle des établissements de crédit. Il porte également sur l’évolution de l’activité et de la rentabilité des établissements de crédit et organismes assimilés ainsi que des risques encourus.
Bonne progression du taux de possession d’un compte bancaire
Le paysage bancaire a peu changé au cours de l’année passée, même si l’on note que certaines sociétés de financement, après obtention de l’agrément, sont devenues des établissements de paiement. Le secteur est toujours dominé par les 3 banques principales, même si leur part de marché a diminué de 1%. Du côté de la clientèle, on notera surtout une progression de 4% à 60% du taux de possession de compte(s) bancaire(s) dans le pays, même si le rythme de progression du nombre de comptes et de cartes bancaires a ralenti. Il faut également relever que les Marocains plus âgés sont plus susceptibles de posséder un compte en banque (83% pour les + de 60 ans, 69% pour les 25-60 ans et 24% pour les moins de 25 ans). De quoi se poser des questions sur la transition générationnelle….
Dans la continuité de l’année passée, et dans un contexte marqué par une décélération de la croissance économique nationale, l’activité du crédit bancaire est restée atone, en particulier pour les entreprises privées, avec une progression limitée à 0,3%. Si la progression de l’encours des crédits à la clientèle atteint +6,5%, retraitée du financement du crédit de TVA, elle n’est que de 3,3%. On notera principalement un ralentissement de la croissance des crédits à l’équipement (+4% contre +11,4% en 2017) et à la promotion immobilière (-2,7% contre +5,1%).
Les dépôts ont connu également un coup de mou, avec une progression de 2,9% contre 5,5% en 2017, notamment à cause d’une baisse chez les particuliers (+4,6% contre +6,4%) et les MRE (+0,9% contre +5,1%).
De son côté, la sinistralité sur prêts s’est légèrement infléchie à 7,3%.
Une rentabilité préservée
Le secteur bancaire a pu globalement préserver sa rentabilité grâce à son modèle d’activités diversifié aux plans sectoriel et géographique. L’accroissement modéré du Produit net bancaire a permis au résultat net des banques, sur base sociale, d’augmenter de 2,9% et ce, en dépit du renchérissement du coût du risque. Sur base consolidée, les neuf groupes bancaires ont réalisé un résultat net-Part du groupe en hausse de 4,4%, dégageant une rentabilité des actifs de 0,9% et des fonds propres de 10,8%.
Au niveau de la capitalisation, les fondamentaux des banques sont demeurés robustes, dégageant, sur base sociale, un ratio de solvabilité de 14,7% et un ratio fonds propres de catégorie 1 de 10,9%, au-dessus des minimas réglementaires de 12% et 9% respectivement.
Dans ces conditions, Bank A1-Maghrib est restée attentive à la qualité des portefeuilles crédits des banques et à leur provisionnement. Elle a également consolidé sa surveillance transfrontalière, en collaboration avec les autorités de supervision des pays d’accueil et a renforcé le cadre de supervision des risques de marché et de taux d’intérêt global, en accompagnement de la réforme du régime de change.
L’année 2018 a connu le démarrage progressif des 5 banques et 3 fenêtres participatives. Les financements immobiliers et automobiles, par voie de moserabaha, se sont établis à fin 2018, à près de 4,5 milliards de dirhams et les dépôts à vue collectés demeurent modestes, soit 1,7 milliard de dirhams.
Bank Al-Maghrib a continué à accompagner les acteurs auprès du Conseil Supérieur des Oulémas pour la labellisation des contrats relatifs aux produits. Parallèlement, le cadre réglementaire de cette nouvelle industrie a été complété par les exigences prudentielles portant sur les fonds propres et le ratio de solvabilité.
Cette année a été également marquée par l’entrée en vigueur de la norme comptable internationale IFRS 9 portant sur les instruments financiers. Bank Al-Maghrib a assorti l’adoption de cette norme de dispositions transitoires.
Pour promouvoir des relations équilibrées entre les établissements de crédit et leur clientèle, Bank Al-Maghrib a intensifié ses contrôles concernant le respect des dispositions légales et réglementaires régissant notamment la protection des consommateurs des services financiers et le traitement de leurs réclamations. Ces dernières ont augmenté de 30,5% depuis l’année précédente, et affichent un taux de jugements en faveur des clients de 72%.
Les chantiers en cours
BAM est également revenue sur ses grands chantiers de réforme en cours. Parmi ceux-ci, la nouvelle classification des créances a été différée, avec ses nouveaux critères de défaut, pour éviter un amoncellement des contraintes avec la norme IFRS 9. Une étude d’impact est en cours, et la circulaire est attendue pour fin 2022 en ce qui concerne les créances en défaut, puis en fin 2024 pour les créances sensibles.
Le texte sur les dations en paiement et ventes à réméré est en 2ème consultation au parlement, et devrait être adopté durant le 2ème semestre de l’année en cours. Concernant les conglomérats financiers, une consultation auprès des acteurs est menée en partenariat avec l’ACAPS et l’AMMC.
Enfin, il faut noter que BAM a intégré cette année, pour la 1ère fois, le risque climatique dans sa supervision bancaire.
Selim Benabdelkhalek