
Le président américain Donald trump s'exprime depuis Milwaukee, dans le Wisconsin © AFP/Archives MANDEL NGAN
Donald Trump a poursuivi lundi ses attaques aux accents xénophobes contre des élues de « la gauche radicale », suscitant un tollé chez les démocrates et un silence gêné dans le camp républicain face à des propos en rupture avec la tradition politique américaine.
A l’approche de la présidentielle de 2020, le président américain semble plus déterminé que jamais à souffler sur les flammes des tensions raciales pour galvaniser sa base électorale – très majoritairement blanche – mais aussi jouer des divisions chez ses adversaires politiques.
Après avoir appelé ce week-end des élues démocrates de couleur à « retourner » dans leur pays d’origine – alors même que plusieurs de celles visées sont nées aux Etats-Unis – le milliardaire républicain a appelé ces dernières à demander pardon à l’Amérique pour leurs « propos horribles et répugnants ».
Dans le camp démocrate, les tweets des dernières 48 heures ont suscité un véritable tollé. Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a vivement dénoncé des commentaires « xénophobes » visant à « diviser notre nation ».
« Il est important de noter que les mots du président hier (dimanche), qui a dit à quatre élues américaines +rentrez dans votre pays+, sont la marque de fabrique des suprémacistes blancs », a souligné l’élue Alexandria Ocasio-Cortez, clairement visée par les tweets présidentiels.
« Trump entraîne sans complexe le parti républicain dans des positions ouvertement racistes, et cela devrait inquiéter tous les Américains », a ajouté « AOC », qui est née à New York.
– « Calcul froid et cynique » –
La stratégie politique du locataire de le Maison Blanche est claire: enfoncer des coins dans la famille démocrate, traversée de tensions.
S’il ne cite aucun nom, le président américain fait clairement référence à quatre jeunes élues du Congrès qui se situent sur l’aile gauche du parti et dont les désaccords avec Nancy Pelosi alimentent régulièrement la chronique à Washington: Alexandria Ocasio-Cortez, mais aussi Ilhan Omar du Minnesota, Ayanna Pressley du Massachusetts ou encore Rashida Tlaib du Michigan.
« Avec cette sortie délibérément raciste, Donald Trump cherche à rendre les personnes ciblées plus visibles, à pousser les démocrates à les défendre et à en faire des emblèmes du parti tout entier », souligne David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama.
« C’est un calcul froid et cynique », ajoute-t-il.
« Nous savons tous que AOC et compagnie sont une bande de communistes », a lancé sur Fox News le sénateur républicain Lindsey Graham, désormais très proche de M. Trump après avoir été l’un de ses plus farouches détracteurs.
« Elles sont antisémites, elles sont anti-Amérique », a-t-il ajouté dans une longue tirade tweetée quelques minutes plus tard par Donald Trump.
Si Lindsey Graham a apporté un soutien remarqué au président américain, aucun ténor républicain n’est sorti du bois pour condamner les tweets dans lesquels il suggérait à des élues du Congrès de retourner dans « ces endroits totalement défaillants et infestés par la criminalité dont elles viennent ».
Pour l’éditorialiste conservateur Bill Kristol, farouchement anti-Trump, le devenir du parti démocrate est inquiétant mais certains de ses leaders démocrates essayent au moins « de repousser les extrêmes ». « Il n’est malheureusement pas possible de dire la même chose des leaders du parti républicain », déplore-t-il.
Une réaction, venue de l’autre côté de l’Atlantique, a retenu l’attention lundi dans la capitale fédérale américaine: celle de la Première ministre britannique Theresa May, sur le départ, qui a jugé « totalement inacceptables » les propos du président de la première puissance mondiale.
LNT avec AFP