Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (gauche) rencontre le président chinois Xi Jinping (droite) à Pékin le 8 janvier 2019. Photo KCNA distribuée le 10 janvier. © KCNA VIA KNS/AFP/Archives KCNA VIA KNS
Une première depuis 14 ans pour un président chinois. Xi Jinping effectuera jeudi et vendredi une visite d’Etat en Corée du Nord, nouveau signe de rapprochement au moment où les deux pays doivent affronter la pression de Washington.
La Chine, embourbée dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis, attend le sommet du G20 au Japon à la fin du mois, où Xi Jinping pourrait s’entretenir avec le président américain.
De son côté, la Corée du Nord est toujours frappée par des sanctions internationales, un an après un sommet historique à Singapour entre MM. Trump et Kim, qui n’a pas permis de résoudre la question du programme nucléaire nord-coréen.
Les essais nucléaires nord-coréens, condamnés par la Chine, avaient contribué à refroidir les relations entre Pékin et Pyongyang au point que MM. Xi et Kim, arrivés au pouvoir respectivement en 2012 et 2011, ont attendu l’an dernier pour se rencontrer pour la première fois.
Les deux pays ont depuis opéré un spectaculaire rapprochement: le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un s’est rendu en Chine à quatre reprises l’an dernier. Xi Jinping avait promis de rendre la pareille à son voisin, sans toutefois annoncer de date.
Le choix d’aller à Pyongyang, à une semaine du sommet du G20 d’Osaka, est riche de sens.
« Le message de la Chine, c’est qu’elle reste un acteur essentiel » des pourparlers sur le nucléaire nord-coréen, explique à l’AFP Yuan Jingdong, expert de l’Asie-Pacifique à l’université de Sydney.
« On ne peut pas ignorer la Chine et la Chine peut jouer un rôle très important ».
– « Monnaie d’échange » –
Xi pourrait ainsi se servir de ce déplacement comme d’une « monnaie d’échange » dans la guerre commerciale avec les Etats-Unis, estime l’expert.
Pékin souhaitait organiser une visite officielle en Corée du Nord avant toute rencontre Xi-Trump et la logistique n’a été finalisée que le mois dernier, confie une source au fait des préparatifs à Pyongyang.
Ces derniers jours, des centaines de soldats et d’ouvriers repeignaient la Tour de l’amitié à Pyongyang – qui commémore les millions de soldats chinois que Mao Tsé-toung a envoyés pour sauver les forces du grand-père de Kim Jong Un de la défaite pendant la guerre de Corée (1950-53).
Un détachement de soldats en veste blanche a également été aperçu à l’extérieur du Musée de la guerre de libération, signe que M. Xi pourrait le visiter.
Moins d’une heure après l’annonce de la visite officielle de Xi Jinping en Corée du Nord, un mini-séisme d’une magnitude de 1,3 dû à une « possible explosion » a été enregistré à la frontière entre les deux pays, dans la ville chinoise de Hunchun, selon les autorités chinoises, qui n’ont pas donné d’autre précision.
Cette région avait été secouée en septembre 2017 par un essai nucléaire du régime de Pyongyang.
– ‘Sauver la face’ –
Xi Jinping ne sera pas en terre inconnue en Corée du Nord: alors vice-président, il a déjà visité Pyongyang en 2008. Mais il faut remonter à 2005 pour trouver trace du dernier déplacement d’un président chinois – Hu Jintao – dans le pays reclus.
Selon plusieurs sources diplomatiques dans la capitale nord-coréenne, après quatre visites de Kim Jong Un en Chine l’an dernier, il y avait à Pyongyang un sentiment de plus en plus fort que Xi Jinping devait faire de même pour sauver la face des Nord-Coréens.
« Du point de vue de la Corée du Nord, il est temps que le président Xi se rende sur place », souligne John Delury, professeur à l’Université Yonsei de Séoul.
« Ils comptent les points et c’est quatre à zéro », explique-t-il à l’AFP.
Cette visite intervient également au moment où les négociations entre MM. Trump et Kim se sont détériorées après l’échec d’un deuxième sommet en février au Vietnam.
Les deux dirigeants ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur ce que Pyongyang serait prêt à abandonner en échange d’un allégement des sanctions. Depuis lors, M. Kim accuse Washington d’agir de « mauvaise foi » et lui a donné jusqu’à la fin de l’année pour changer d’approche.
LNT avec AFP