Don Eaton dans la ville de The Villages, en Floride, le 12 juin 2019 © AFP Leila MACOR
Ronald, Don et John vivent dans le « Disneyland » des retraités républicains de Floride, une ville conçue pour accueillir le troisième âge, avec des voies pour les voitures de golf et où les résidents ont tout le temps de faire campagne pour Donald Trump.
Située dans le centre de la Floride, The Villages compte près de 75.000 habitants, d’un âge moyen de 71 ans et en majorité républicains.
Il y a peu, cinq retraités portant des pin’s à l’effigie de Donald Trump examinaient les listes des personnes ayant récemment emménagé dans le coin, pour leur envoyer des invitations à rejoindre les clubs républicains.
A une heure de voiture au sud, le président doit lancer mardi à Orlando sa campagne pour sa réélection en 2020.
« Nous sommes très fiers », dit à l’AFP Ronald McMahan, vice-président de l’un de ces clubs. « Nous sommes fiers d’être républicains, d’être entourés d’autres républicains et que Trump ait décidé de lancer sa campagne ici ».
Ce n’est pas un hasard: le milliardaire aura besoin d’une nouvelle victoire en Floride pour décrocher un second mandat.
« Le président vient ici parce qu’il sait que cet Etat est un point de bascule », explique Dennis Baxley, sénateur républicain de Floride.
Avec quatorze millions d’électeurs, c’est l’un des Etats pouvant basculer côté démocrate comme républicain.
La Floride garde, souvent, en haleine tout le pays en raison de scrutins serrés. Si serrés qu’en novembre les suffrages pour trois postes clés ont dû être recomptés.
C’est pourquoi le trio de retraités envoie des dizaines d’invitations.
Les septuagénaires racontent avec enthousiasme que The Villages est comme « Disneyland »: c’est même « l’endroit le plus heureux sur Terre » pour les retraités républicains.
« Quand la campagne commencera vraiment et que nous saurons qui sera l’adversaire (de Donald Trump), le président pourra compter ici sur un grand groupe de personnes qui l’aideront à gagner la Floride une nouvelle fois », promet M. Eaton.
– « Dire les choses » –
Les retraités « partagent certaines des valeurs primordiales que j’essaie de protéger », explique le sénateur Baxley. « Nous protégeons des choses comme la foi, la famille, la liberté, les opportunités et la vie elle-même ».
Tous sont imperméables aux critiques visant M. Trump, accusé par exemple de sympathie envers les suprémacistes blancs ou d’obstruction à la justice dans le cadre de l’enquête russe. Des « infox », disent-ils.
« Je sais que certaines personnes sont déconcertées par le caractère parfois abrasif de Trump », dit Ronald McMahan, 72 ans. « Mais nous avions peut-être besoin de quelqu’un qui arrête d’être poli, distingué, et qui dise les choses comme elles sont ».
Le président s’est félicité mercredi sur Twitter que l’événement d’Orlando ait déjà reçu plus de 74.000 demandes, pour une salle de 20.000 places.
Orlando, comme les autres grandes villes de Floride, est un îlot démocrate au milieu d’une mer rouge –la couleur du parti républicain.
– Vote hispanique –
Cette région compte aussi de nombreuses personnes originaires du territoire américain de Porto-Rico, dont beaucoup en veulent particulièrement au président pour sa réaction après l’ouragan Maria qui a dévasté l’île en 2017.
Si M. Trump est plutôt impopulaire chez les Hispaniques au niveau national pour sa gestion de l’immigration, ceux habitant en Floride éprouvent davantage de sympathie. Ils sont en majorité Cubains et choisissent le candidat se montrant le plus dur envers le régime au pouvoir sur l’île.
De même, Donald Trump a courtisé avec succès les Vénézuéliens et les Nicaraguayens, en renforçant les sanctions contre les gouvernements de Caracas et de Managua.
Dans ce contexte, le parti démocrate devra nager à contre-courant pour reconquérir l’Etat.
Pour cela, l’ex-candidat au poste de gouverneur Andrew Gillum, battu d’environ 33.000 voix en 2018 par son rival républicain, dirige une opération de grande ampleur visant à recruter un million d’électeurs.
Selon l’ancien sénateur démocrate de Floride Bill Nelson –qui a lui aussi perdu de peu–, seul l’ancien vice-président Joe Biden, candidat à l’investiture démocrate, peut renverser la vapeur.
« Joe Biden battra Trump en Floride », a-t-il affirmé sur ABC News.
D’après un sondage publié par l’université Quinnipiac cette semaine, Joe Biden avait un avantage de treize points sur Donald Trump, contre quatorze points d’avance en mars (49% contre 35%).
« Oui, oui, on a entendu la même chose la dernière fois », ironise M. Eaton. « Et les sondages étaient tellement, tellement moins bons! »
LNT avec AFP