Le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac, à l'ouverture de l'assemblée générale annuelle à Séoul, le 2 juin 2019 © AFP Jung Yeon-je
Le secteur du transport aérien a revu à la baisse de 21% ses prévisions de bénéfices pour 2019, en raison d’un ralentissement marqué du fret aérien dû aux guerres commerciales et du prix élevé du fioul qui représente un quart des dépenses de fonctionnement.
Les compagnies aériennes, réunies dimanche et lundi à Séoul pour leur assemblée générale annuelle, doivent également faire face aux conséquences pour leur image des accidents d’Ethiopian Airlines le 10 mars (157 morts) et de Lion Air le 29 octobre en Indonésie (189 morts) qui ont entraîné l’interdiction provisoire de vol du Boeing 737 MAX.
« En 2018, il y a eu un accident majeur pour 5,4 millions de vols », a déclaré le directeur général de l’Association internationale du transport aérien (Iata). Alexandre de Juniac s’est voulu rassurant tout en appelant les constructeurs et les autorités de régulation de l’aviation civile à « restaurer la confiance sur la certification des avions ».
Il a plaidé en faveur du maintien du système actuel de certification réciproque, en vertu duquel les régulateurs aériens des autres pays s’alignaient sur l’évaluation de l’autorité d’origine du constructeur.
« Il faut un processus qui soit extrêmement sûr et qui s’appuie sur une autorité de certification leader, reconnue unanimement et sans réserve par les autres autorités, pour éviter la multiplication des autorités de certification ce qui complexifierait et alourdirait de manière considérable et inutile le système », a estimé M. de Juniac.
Le dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS mis en place sur le Boeing 737 MAX, le dernier-né du constructeur américain, est mis en cause dans les deux accidents et des critiques ont été émises sur les procédures de certification de l’agence fédérale américaine de l’aviation (FAA).
Sur le plan financier, le secteur devrait en 2019 générer 28 milliards de dollars de bénéfice, selon l’Iata qui a révisé ses prévisions à la baisse de 7,5 milliards, soit 21%, par rapport à celles de décembre.
Malgré un contexte peu favorable, l’industrie devrait toutefois rester dans le vert pour la 10ème année consécutive, selon l’Iata.
– Le fret aérien, segment le plus touché –
Si la demande côté passagers reste « robuste », le secteur du fret aérien souffre de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et d’un fioul qui continue à être cher. Le prix du baril a augmenté de 27,5% par rapport à 2017, selon l’Iata.
« L’affaiblissement des échanges devrait se poursuivre alors que la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine s’intensifie. Le cargo est la première activité touchée », note Iata.
La région Asie-Pacifique, qui représente environ 40% du transport de fret aérien dans le monde, est particulièrement affectée et les effets des tensions commerciales, combinés à la hausse du prix du kérosène, y font baisser les prévisions de bénéfice net du secteur d’1,7 milliard de dollars (de 7,7 à 6 milliards).
L’environnement est l’autre grand défi de l’industrie du transport aérien alors que depuis quelque mois un mouvement né en Suède le « flight shaming » (la honte de prendre l’avion) incite les voyageurs à privilégier tout autre moyen de transport que l’avion, accusé d’être l’un des grands responsables du réchauffement de la planète.
« Si on ne lui apporte pas de réponse, ce sentiment (d’inquiétude par rapport aux émissions de l’aviation, NDLR) va grandir et s’étendre », s’est inquiété M. de Juniac, après avoir énuméré les diverses mesures prises depuis 2009 par l’aviation pour faire baisser ses émissions. Le secteur représente environ 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
Arrêter de prendre l’avion ou réduire les déplacements « aurait de graves conséquences pour l’emploi et l’économie partout dans le monde. Ce serait un recul vers une société isolée qui serait diminuée, plus pauvre et avec plus de contraintes », redoute M. de Juniac.
LNT avec AFP