Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo (g) et son homologue allemand Heiko Maas lors d'une conférence de presse à Berlin, le 31 mai 2019 © AFP Odd ANDERSEN
Les ministres américain et allemand des Affaires étrangères ont tenté vendredi à Berlin de minimiser les divergences pourtant bien réelles entre leurs pays sur de nombreux fronts, encore soulignées la veille par Angela Merkel dans un discours aux Etats-Unis.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a rencontré son homologue allemand Heiko Maas pour une séance de rattrapage après avoir annulé à la dernière minute début mai une précédente visite auprès de cet allié souvent malmené par Donald Trump. Il devait ensuite s’entretenir avec la chancelière allemande.
Iran, rapport avec le géant chinois de la téléphonie mobile Huawei, projet de gazoduc Nord Stream 2, dépenses militaires au sein de l’Otan, guerre commerciale… Les sujets de contentieux ne manquent pas entre ces pays qui furent traditionnellement de proches alliés.
– Discours anti-Trump de Merkel –
Angela Merkel a d’ailleurs prononcé jeudi à l’université de Harvard un discours qui, sans jamais citer nommément Donald Trump, s’en est pris en tous points à la politique unilatéraliste du président des Etats-Unis, avec lequel elle entretient des relations notoirement difficiles.
Dénonçant les « mensonges présentés comme des vérités », elle a défendu la nécessité de « faire tout ce qui est humainement possible » pour répondre au changement climatique et a vanté les bienfaits du partenariat transatlantique et du multilatéralisme.
A Berlin, les ministres se sont employés à adoucir la tonalité.
Tout en reconnaissant des « différences » d’approche, et en défendant l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont l’administration Trump s’est retirée au grand dam des Européens, Heiko Maas a assuré vouloir, comme Washington, que l’Iran cesse de « jouer un rôle négatif dans la région ».
Interrogé sur la possibilité d’une médiation allemande pour désamorcer l’escalade en cours entre la République islamique et les Etats-Unis, il s’est dit prêt, de manière vague, à apporter une « contribution » à la réduction des tensions.
Et Mike Pompeo s’est montré conciliant à l’égard d’Instex, ce mécanisme créé par les Européens pour contourner les sanctions américaines contre Téhéran et sur lequel pèse pourtant la menace directe de mesures punitives. Tant qu’il se borne aux transactions « humanitaires », « ce n’est pas problématique », a rassuré le chef de la diplomatie américaine.
– kippa –
Les relations avec Huawei se sont récemment invitées dans la liste des différends. Berlin refuse de bannir clairement le géant chinois de la mise en place de son futur réseau 5G malgré la guerre ouverte déclarée par l’administration Trump au leader mondial des équipements de téléphonie mobile.
Mike Pompeo a dit avoir parlé « ouvertement » de ce « risque » avec son homologue. « Nous voulons nous assurer que les réseaux dans lesquels passent des informations américaines soient dignes de confiance », a-t-il plaidé, or avec Huawei, elles risquent de « tomber dans les mains du Parti communiste chinois ».
Heiko Maas a répondu que les entreprises qui ne se soumettraient pas aux « exigences de sécurité » allemandes en termes de 5G ne seraient pas retenues.
Le secrétaire d’Etat s’est dit, par ailleurs, « préoccupé » de voir les Juifs allemands découragés de porter la kippa, dans un contexte de montée de l’antisémitisme. Un responsable gouvernemental allemand, Felix Klein, avait « conseillé » le 25 mai aux Juifs d’Allemagne de ne pas porter la calotte « partout tout le temps » en Allemagne en raison des risques d’agression.
Au-delà, les deux responsables ont fait état de terrains d’entente sur l’Ukraine, sur les relations avec la Russie ainsi que sur la résolution du conflit en Syrie, où l’Américain a demandé l’aide européenne pour stabiliser le nord du pays, sans plus de précisions.
Berlin est la première étape d’une nouvelle tournée européenne qui conduira aussi le secrétaire d’Etat, jusqu’à mardi, en Suisse, aux Pays-Bas et enfin au Royaume-Uni, où il retrouvera le président des Etats-Unis pour sa visite d’Etat.
L’Iran devrait être à nouveau au coeur de ses discussions avec les responsables suisses, dont le pays représente les intérêts américains à Téhéran en l’absence de relations diplomatiques entre les deux ennemis.
LNT avec Afp